V- Le village

   Cette nuit à la belle étoile fait réapparaître le charme obscur d'Adrienne qui attire dans ses profondeurs ("sente profonde"). La mythologie grecque s'efface au profit des mythes celtiques ("roches druidiques"), la lune triomphe à nouveau, et la brume et les nuages.
   Il est significatif qu'avec le jour réapparaisse la géographie rassurante des lieux et le charme de Sylvie qui dissipe toute volonté d'aller plus avant dans la quête d'Adrienne, comme s'il s'agissait d'une "profanation". Avec Sylvie revient le poids rassurant du présent et du décor : motif harmonieux  et récurrent du pampre où s'entremêlent les roses grimpantes, charme simple des dentellières. Sylvie, enjouée, moqueuse, semble néanmoins si loin des rêveries du narrateur et de ses fantasmes ("l'innocence et la joie éclataient dans ses yeux"). Elle témoigne même d'une charmante naïveté (Rousseau comparé à Auguste Lafontaine). L'amour impossible, que l'insatisfaction du réel transforme en postulation mentale en l'épurant de la souffrance, trouve souvent la douceur d'un amour simple et terrestre pour un être naïf que son ignorance de toute élévation sentimentale finit par provisoirement élire. Sylvie joue ce rôle, alliée au charme tendre des fleurs simples, aux églogues champêtres qui appellent le souvenir de Rousseau.

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