IX- Ermenonville

    Ce chapitre commence par un adieu. Le détour par Montagny-Mortefontaine confronte le narrateur à un passé figé dans sa mort, comme emprisonné dans un sarcophage ("tout était dans le même état qu'autrefois, seulement il fallut aller chez le fermier pour avoir la clef de la porte".) Restes d'un jardin d'enfant, meubles empoussiérés, chien empaillé d'une "race perdue", vieux livres et débris antiques, tout marque la mort ou est marqué par elle. Le vieux perroquet, seul survivant, a l'œil muet et narquois d'un patriarche sans mémoire.
   La promenade à Ermenonville dissipe un peu la mélancolie du narrateur, tant elle est marquée par la sagesse antique. Malgré ses dangers ("je risquais de me perdre"), l'itinéraire rassemble les souvenirs d'un XVIII° siècle épris d'Antiquité. Il faut noter à cet égard la solidité des colonnes du Temple de la Philosophie, l'hymne à la connaissance et à la sagesse éternelles, et cette étonnante invocation à Rousseau où celui-ci devient le sage "solaire" distribuant le "lait des forts".
    Mais cette promenade est aussi une confrontation avec le passé et l'occasion d'en mesurer l'éloignement et la mort. C'est à nouveau Sylvie qui avive le regret de l'enfance sauvage et gaie, de la vie sage et simple à jamais inaccessible, et chasse "l'air perfide" qui entoure à jamais les pelouses et les châteaux.

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