VI - Othys

   Dans cette scène essentielle du déguisement, Sylvie joue un rôle de fée, d'initiatrice. C'est elle qui dérobe la clef, guide le narrateur et l'invite à s'habiller. "La fée des légendes éternellement jeune" s'oppose néanmoins à la crainte de la jeune fille : "Je vais avoir l'air d'une vieille fée". Fêlure secrète où le narrateur idéalise son amour, l'enfance et le passé dont il est le cadre, et où Sylvie reste terrienne et simple. "la petite Sylvie, grâce à qui le rêve ne décolle jamais entièrement du réel" (R.M. Albérès).
   Sylvie est pourtant, elle aussi, porteuse de feu, mais d'un feu naturel et clair, sans ses ombres infernales et ses lueurs inquiétantes : elle cueille des boutons d'or et des digitales, des fraises, elle porte un habit "en taffetas flambé"; elle arrivant, "c'était le feu dans la maison". Feu simple aussi que celui où la tante prépare les œufs. Le feu d'Adrienne est autre, feu des profondeurs, lueur lancinante de Dionysos.
   "Pour tout un beau matin d'été" : la restriction est importante, mais cette scène est celle du temps retrouvé et le narrateur est le seul à élever au niveau du mythe ce charme naïf des noces de village ("le cantique de l'Ecclésiaste").

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