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Gustave Flaubert — L'Éducation sentimentale [1869]
Première rencontre avec Jacques Arnoux
Première partie, chapitre 1 —
folio
40r
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5. |
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Il restait sur le cabestan deux deux
Il était assis en face de Frédéric, les jambes pendantes, les deux mains
& au bord des
sur les cuisses, avec son chapeau de paille incliné sur ses yeux pr se garantir
paraissait si
du soleil, il avait l'air si bon enf enfant, il riait si bien que |
Il avait tant
d’expérience que |
redoublement
redoub
le bachelier éprouvait à chaque minute, un surcroît de sympathie
pr sa personne. Tout lui plaisait, d'ailleurs, de la tête aux pieds
sauf les mains. Des mains molles & rougeaudes – sensuelles
à ongles carrés, humides, & toujours un peu frémissantes.
séduisait flattait
Mais ce qui le flattait surtout – ce qui le séduisait
jusqu'au fond de l'âme, c'était cette familiarité d'un homme
le faisait presque participer
de ses goûts prédilections
mûr qui par la confidence semblait lui supposer
lui faisait presque
lui supposait son égale semblait |
lui supposait la
l'admettait presque à
son expérience
son niveau
partager ses joies
même expér
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une expérience pareille, & le monter à son niveau. Jamais
on av jusqu'à présent, on avait fait un tel honneur
à sa jeunesse. Beaucoup de choses lui furent alors révélées.
C'était un amusement & une initiation.
Il d’ailleurs
Son nouvel ami lui apportait comme l'émanation
du monde connaissait des cercles
de l'existence parisienne. Il savait l'intérieur des théâtres, des ateliers
il savait les part. sur artistes
des restaurants des journaux. Il appelait les gds hommes contemporains par leur
et quand qques uns
prénom. & il lui échappa de dire qu’il les recevait à dîner.
Le jeune homme le contempla avec ébahissement.
Alors ils causèrent de leurs œuvres. Mais Frédéric
alors que son ami
s'aperçut qu'il les avait médiocrement étudiés. Cet esprit si
faisait & il
malin commettait d'étranges méprises, confondait dans
et
une estime égale les talens populaciers avec les génies
réglait ses admirations sur le succès
patriciens prvu qu'il fussent acclamés par le succès.
Il suivait les goûts de la multitude, & répétait comme
naïvement
un bourgeois tous les lieux communs de la critique, toutes les
idées reçues de l'époque en matière d'art. Il ne tenait
pas au siennes, du reste. & prenait les opinions qu'on lui
donn offrait, avec docilité, comme chose indifférente. |
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Danielle GIRARD |
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