Gustave Flaubert — L'Éducation sentimentale [1869]

Première rencontre avec Jacques Arnoux

Première partie, chapitre 1 — folio 43r

 

5.

                    peintre Mr
— Vous êtes artiste ? » demanda timidement Frédéric.
      Ma foi non –                                     Ensuite
— On prétend que non » répondit-il en riant. Il  héla le cantinier
pr avoir du sucre & de l'eau. tira de sa poche une petite gourde
en bois                                   bien
pleine de Rhum  – & quand il eut composé le mélange
         donc
— Buvez ! il faut toujours boire quelque chose en fumant. [ Le grog n'est
pas mauvais. La bière impossible, le café excellent. Mais le vin abominable
celui du Rhin excepté. » ]
                                                                    frotta
Puis ayant avalé son verre d'un seul trait, il essuya ses moustaches
noires avec un foulard qui sentait le musc, & reprit la conversation
                                             assis                les deux mains
Il était assis en face de Frédéric, les deux jambes pendantes et
    était assis
les deux mains sur les cuisses
                                              très
gardait son chapeau de paille fine très incliné sur ses yeux à cause
du soleil.

Il avait l'air si
en bon enfant
& expérimenté
 il riait si bien que

                                  minute
                                 moment un sur éprouvait un surcroît
              éprouvait   à chaque parole nouvelle
Le bachelier éprouvait, à chaque parole nouvelle un redoublement de
    inexpli       inexplicable                  d’ailleurs
une sympathie pr sa personne. Tout lui en plaisait de la tête jusqu'aux
                        qui étaient fort      sauf les mains
pieds, sauf les mains. qu'il avait laides. & même Frédéric ne
put jamais s'habituer au contact de ses mains molles & rougeaudes
                                               un peu
                                        toujours frémissantes qq peu
à ongles carrés, à paume humides & qui frémissaient toujours
qque peu
                   flatté jusqu’au fond de l’âme
                        cette          d’un
mais il était séduit par la familiarité de cet homme mûr
      semblait en lui             goûts
qui en lui communiquant ses prédilections l’associait presque
lui supposait la même expérience    au même
à ses joies & semblait le monter à son niveau. Jusqu'à
le croire d’une   expérience égale
présent on n’avait pas eu pr sa jeunesse une pareille
      Il se voyait entrer définitivement dans la vie
déférence. Beaucoup de choses nouvelles lui furent révélées
ce jour-là. C'était tout à la fois un amusement & une
initiation.

 

Danielle GIRARD