Gustave Flaubert — L'Éducation sentimentale [1869]

Première partie – Chapitre 1 – " Ce fut comme une apparition "

Image du manuscrit - site Gallica (bnf.fr) — Transcription du folio 599_54r

 
6.
                          2             1
                    debout çà & là
Ils causaient alignés sur les deux longs bancs à clairvoie - ou debout çà
                                                                                            dormaient
 & là, qques uns restaient assis sur leur bagage, d’autres sommeillaient
                                [illis.]               & déjà le       était
dans les coins, plusieurs mangeaient et le pont se trouvait sali par
                                                  2                           1                 from
des écailles de noix, des bouts de cigarres, des épeluches de poires, des détritus
                                                                                  fromage
de charcuiterie apportée dans du papier. Trois hommes en blouse
stationnaient
demeuraient obstinément devant la cantine. Un joueur de harpe
en haillons, avec d’immenses cheveux noirs crépus se reposait, le bras
accoudé
appuyé sur le haut de son instrument. On entendait par intervalles
                                                                      bruit
[le bruit sourd d’une planche heurtée,] le remuement du charbon
de terre dans le fourneau, un éclat de voix, un rire, & le capitaine
sur la passerelle marchait d’un tambour à l’autre, sans s’arrêter.
                              du matin
Il était dix heures environ & l’on n’arriverait pas [à
                              du matin
Montereau] avant trois heures de l’après-midi !

Frédéric  
          de son désœuvrement
   Las de se tenir sur ses jambes & malade d’ennui, Frédéric
           rejoindre                                 barrière  
voulut regagner sa place. Il ouvrit la cloison des Premières
                                                          chiens
dérangea deux chasseurs avec leurs fusils, [une bonne dame sur
                                    le capot
un pliant] & [il frôlait le cabot de l’escalier] quand il vit . . .
. . . . Comment ne l’avait-il pas vue plutôt ? [où donc
ce fut comme une apparition ]
se trouvait-elle
 ? ce fut comme une apparition.
                                          sur le milieu du banc – à gauche
   Elle était assise à gauche, toute seule. – ou du moins il ne
                                       le premier
distingua personne, dans l’éblouissement que lui envoyèrent ses
       noirs -                      premier
yeux car en même temps qu’il passait, elle leva la tête.
[& le regarda.]
                 sur ses talons                           involontairement
   Il s’arrêta sur ses talons, tout à coup puis il la salua
                   un peu
en baissant légèrement les épaules, [tandis qu’il continuait à
                                                  à quelque distance
marcher
.] & quand il se fut mis sur le même banc, à
qques pas plus loin           était
quelque distance, comme elle se trouvait de profil, alors il
    osa la regarder
la regarda.
travers
qui
pénétrait pénétrant
qui traversait
le reflet duLe soleil passant à la
toile* grise
la tente de coutil
coutil
& de la [illis.]
versant une
pénétrait de lumière sa peau
brune
dorée
ambrée
*
chaude sur
{{Elle avait un large chapeau de paille [un peu pointu au sommet]
avec des rubans roses qui palpitaient au vent, derrière elle.
      deux                  en                                          gds
Ses bandeaux noirs, [contournant la pointe de ses sourcils]
descendaient très bas & semblaient presser amoureusement
l’ovale de sa figure. Sa robe de mousseline claire,
tachetée de petits points, s’étalait en abondance, autour
                                         faisait de larges plis *     d’elle
                                         se répandait
          à                          [sous le dernier volant], en bas]
[illis.] en plis nombreux autour d’elle }}
 

Nicole Sibireff – Anne Perthuis-Lejeune