Gustave Flaubert — L'Éducation sentimentale [1869]

Jours heureux à Auteuil

Deuxième partie — Chapitre 6 — Transcription du folio 122r

  319.
 
Qq fois 
                          un               qui était près de la grille – dans le jardin –
Ils allaient dans le petit pavillon – Divan de [illis.] & de coutil – au milieu une table
                                                                    délices
Ψ d’eux-mêmes,
des autres,
de personnes indifférentes

Ils y restaient longtemps. – causaient avec plaisir Ψ de choses indifférentes. – silences.
de bois peinte en marbre. – odeur de moisi. Par les jalousies, presque toujours
fermées, les rayons du soleil font comme les cordes d'une lyre .  .   atomes qui
tourbillonnent dans la poussière. – Elle coupe les rayons avec sa main.

                                           – inerte –
 Elle lui abandonnait sa main .  .  il s'amusait avec ses doigts
                                                         il contemplait l'entrecroisement
                                                                            des veines
                                                          chaque doigt était une personne –
refuse le baiser


Ψ il est comme
parfumé d’encens
L'intimité augmente.  Privautés . . .  elle lui fait cadeau de ses gants. Elle l'appelle
                                                                                                & son mouchoir
                                        il lui dit qu'il aime ce nom là –
« Frédéric » il l'appelle « Marie » le plus beau nom du monde
                                                      c’est            parce qu'il a reçu le plus d'adorations
                                                                                                              d'hommes Ψ
Qqfois elle allait à sa rencontre sur la route. – comme faisant
                                                            semblant de rien
                            comme pr faire une course dans le village.
robe de chambre
à revers de son
à châle
Cependant aucune coquetterie. pas d’apprêt de toilette pr le recevoir. Laisser-aller
laisser-aller
des femmes heureuses. Elle devient encore plus douce, meilleure que jamais –
 indulgente pr tous et même
Elle est même indulgente pr Arnoux. –  le jugeant d'une gde hauteur & avec
une certaine pitié.

Frédéric lui demanda s'il se doutait de qq chose ? non – & cependant
                                                           s'était
Me Arnoux lui raconta qu'un jour il s’est mis derrière la porte pr
épier ce que Fr. disait et comme ils parlaient de la pluie & du beau
temps – depuis lors, il vit en pleine sécurité.
                               reprit Frédéric amèrement, & comme questionnant –
— « & il a raison » ajouta Me Arnoux
Me Arn répéta — « oui il a raison » – 
Fr. trouva ce mot un peu dur           répéter
Fr. trouve qu'elle aurait pu ne pas souligner ce mot
                                      entière
Il n’était que sincère dans sa bouche, car elle ne craignait point
                      l'expression simple de sa pensée
de faill faillir. – c'est pour cela qu'elle écoutait ……[illis.]….. les
                                                          & sûre
discours de Fr. Sûre d'être toujours maîtresse de ses actions, elle s'abandonnait
                               Le plaisir qu'elle y trouvait lui semblait un
à son sentiment. – Elle en avait bien le droit. – c'était comme la
droit acquis   une             méritée                                      d'ailleurs et si nouveau
récompense de toute sa vie. C'était si bon ! jamais elle n'avait rien éprouvé de
            un parallèle involontaire
pareil . . .  quelle différence entre la délicatesse de Frédéric & la
grossièreté d'Arnoux                  & les ardeurs discrètes
                                                               ses raffinements
 

Danielle GIRARD