Gustave Flaubert — L'Éducation sentimentale [1869]

Jours heureux à Auteuil

Deuxième partie — Chapitre 6 — Transcription du folio 133r

 

320.

                                                que leurs yeux s’arrêtèrent plus longtemps
Mais              qu’il                                     l'un sur l'autre
Mais il arriva que leurs yeux s’arrêtèrent plus longtemps
l'un sur l'autre – & que leurs doigts se confondirent plus
                                    entr’eux   intervalles
souvent & leurs il y eut de gds moments de silence. – ne
                                                              Ils étaient tout
sachant que se dire ou ne voulant pas se dire – Embarrassés
trouver         qqfois       sorte                les faisait rougir tout à coup
 d'être ensemble, une espèce de pudeur, sexuelle comme s'ils eussent
           l'un                   espèce         même         voiler
été nus devant l'autre. Leurs précautions pr cacher leur
amour                 int.   intérieurement & plus il devenait fort
sentiment l'augmentaient en le dévoilant* ils en rêvaient à l'intérieur
                                          et                                                 éprouvaient 
                             étaient    et Mais gênés par ce mensonge       ils vivaient*

plus leurs manières & 

plus leurs paroles devenaient       ce mensonge les gênait    dans un
                               [illis.]
Qq chose qu'ils ne voulaient
pas s'avouer leur manquait

 
alors l'acuité devint
ils devinrent plus
sensibles à toutes
les
douloureuses
influences extérieures
ils jouissaient plus

un parfum qu'ils respiraient
ensemble, les faisaient pâmer.
Ils souffraient davantage
du vent d’Est . . . .
des irritations, des langueurs         

folles    soudaines
cérémonieuses                cette gêne les rend malades. – sentiment
  [illis.]     & presque                           Alors se développa
                                permanente  Une acuité des sens se développa 
d’une suffocation. Langueur nervosité Et ils se sentent sur
ils vivaient dans une
une pente.  B une porte, le bruissemt le dérangemt
                                                d'un meuble
                                  leur causait 

B à propos de rien, ils avaient des terreurs
comme s'ils eussent été coupables – – un atmosphère d'orage
                  confusément          fatalement
                        ils se sentait entraînés sur une
       enveloppait                                  pente
 les entourait
Petites brouilles – raccommodement – ne voulait pas se laisser
embrasser. – plaintes de Frédéric –
« — c'est de ma faute – je fais mal ! j'ai l'honneur d'une coquette »
 vous devriez ne plus me revoir »
 et voulait rompre
                                                       faisait les mêmes protestations
alors il répétait les mêmes arguments pr rester et
et malgré tout, ça continuait.
 
Danielle GIRARD