FÉVRIER 1848 Doc Table générale Mode d'Emploi

 

NOTES SUR LA DOCUMENTATION

La chute de la monarchieChâteau d'eauTuileriesPalais-Royal

 

LA CHUTE DE LA MONARCHIE

 

  • 22 février 1848 : Pour interrompre la Campagne des banquets, le gouvernement Guizot décide d’interdire ces faux banquets qui sont de vraies réunions politiques. Début des événements révolutionnaires.
  • 23 février 1848 : Abdication du roi Louis-Philippe.
  • 24 février 1848 : Proclamation de la République à l'Hôtel de Ville de Paris.
  • 25 février 1848 : Proclamation du droit au travail.
  • 27-29 février 1848 : Institution des ateliers nationaux.

 

PERSONNAGES HISTORIQUES

 

Louis-Philippe

Louis-Philippe (1773-1850) est le dernier roi à avoir régné en France, entre 1830 et 1848, avec le titre de « Roi constitutionnel des Français ». Bien moins traditionaliste que ses prédécesseurs, il incarna un tournant majeur dans la conception et l'image de la royauté en France. Dix-huit ans à la tête d’un royaume en profondes mutations sociales, économiques et politiques, Louis-Philippe a tenté de pacifier une Nation profondément divisée avec les armes de son époque : mise en place d’un régime parlementaire, accession de la bourgeoisie aux affaires manufacturières et financières, permettant un essor économique de première importance en France.

« Le 24 février 1848 au matin, sous la pression des événements, Louis-Philippe appela Thiers à former un nouveau gouvernement et chargea Bugeaud de liquider l'émeute. Mais l'hostilité de la garde nationale commençait à ne plus faire de doute : en plusieurs endroits elle interceptait les soldats de la "ligne" et protégeait les insurgés. Louis-Philippe refusa le plan de Thiers : quitter Paris avec la troupe, laisser pourrir la situation, et reconquérir la ville au canon en demandant à Bugeaud de refaire ce qu'avait réussi Soult à Lyon en 1832. Pendant ces hésitations, les combats s'intensifient partout dans la capitale, la garde nationale passe du côté des insurgés, et à midi et demi, Louis-Philippe doit quitter les Tuileries » (Pierre-Marc de Biasi).

Flaubert fit les notes documentaires suivantes sur les réactions de Louis-Philippe :

Émile de Girardin engage le roi à abdiquer, en faveur de la régence de la duchesse d’Orléans
colère de la reine contre la duchessse (155) lenteur du roi à sig(ner)
Aussi à 10 heures Louis-Philippe déclarait qu’il ne consentirait jamais à la dissolution de la chambre, à 11 <il s’avisait> qu’on n’aurait son abdication qu’avec sa vie. à midi il ne re régnait plus.
Le Mal Gérard sur la place du château d’eau. - ne peut se faire entendre. L’abdication du roi tomba aux mains de Lagrange.
Prise et incendie des voitures du roi.
Crémieux revient aux Tuileries. Le roi traverse le jardin avec {deux nome illisibles}.
Crémieux, le duc de Nemours, la princesse Clémentine la Reine - ils entrent dans les voitures (175)
Le mot d’ordre donné le 24 février au matin fut Hause, le mot de ralliement «Haumsar».
Odilon Barrot apprenant l’abdication du roi se rend aux tuileries n’ayant pu trouver la duchesse rentre au ministère de l’intérieur le duc de Nemours conseille protège sa sortie des Tuileries
La grille de la cour du château est ouverte au peuple. fo 189, (Histoire de la Révolution de 1848).

Flaubert fait référence au roi dans les esquisses: 17606, 169v, 10, 11.

 

Molé

Mathieu Louis de Molé (1781-1855) est un homme d'État français. Il est ministre de la Justice sous l'Empire, de la Marine et des Colonies sous la Restauration, des Affaires étrangères et président du Conseil, de 1836 à 1839. Son nom est plusieurs fois mis en avant dans plusieurs crises et, en février 1848, Louis-Philippe le charge, mais en vain, de former un cabinet pour tenter de sauver la monarchie de Juillet.
Flaubert fit la note documentaire suivante :

Le ministère Molé devenait insuffisant. Le roi appela Mr Thiers et investit Bugeaud du commandement général de toutes les troupes. Mr Thiers arriva vers 2 heures de nuit, au château. Le roi chicane et [se]refuse la dissolution de la chambre. [on] accepte pour ministres, Od. Barrot, Remusat, Duverger de Hauranne. fo 189. (Garnier-Pagès, Histoire de la Révolution).

Le livre de Daniel Stern contient des détails supplémentaires :

Vers onze heures, il apprend par plusieurs aides de camp envoyés en reconnaissance l’événement désastreux…
Le temps s’écoulait et M. Molé ne venait pas. Le roi, qui conférait en ce moment avec M. Guizot, témoigna quelque surprise et quelque humeur de ce refus dont il ne voulait pas comprendre la nécessité.
Selon les précédents parlementaires, le tour de M. Thiers était venu.
Guizot proposait d’investir le maréchal Bugeaud du commandement de la force armée … le roi s’étant rangé à cet avis, la nomination fut immédiatement rédigée et signée, Histoire de la Révolution de 1848, p.127.

— Commentaire : Cento, p. 198.

Raitt: À la nouvelle que l’émeute recommençait, Molé signa la nomination du général Bugeaud au commandement en chef de l’armée et de la garde nationale, puis démissionna. Le roi appela Thiers pour lui succéder, mais il était trop tard pour contenir l’insurrection, 293.

Gothot-Mersch: Ami personnel de Louis-Philippe, le comte Molé avait été Grand Juge sous Napoléon, ministre de la Restauration et des Cent Jours; au pouvoir de 1836 à 1839, il démissionna alors, trouvant sa majorité insuffisante devant la coalition (Guizot, Thiers, Odilon Barrot), note 227.

 

Bugeaud

Thomas Robert Bugeaud (1784-1849) est un militaire français, principal artisan de la colonisation de l'Algérie.. Au moment de la révolution de février 1848, il reçoit le commandement de l'armée. Très impopulaire, il se heurte à des refus d'obéissance de la part de la Garde nationale. Effrayé par cette manifestation, Louis-Philippe retire ses ordres, et passe la journée du 23 en vaines négociations. Le 24 février, seul du Conseil de Louis-Philippe, Bugeaud pousse encore à la guerre jusqu'au bout ; mais le roi considère déjà que sacrifier le maréchal serait un moyen de faire la paix avec la Garde nationale. Le haut-commandement est donc placé en d'autres mains, et Bugeaud démissionne.
Flaubert fit la note documentaire suivante:

Le nom du Maréchal Bugeaud détruisait tout l’effet de l’avènement de l’opposition. Il commande la retraite à Bédeau, fo 189.

Le livre de Daniel Stern contient des détails supplémentaires:

Vers onze heures, il apprend par plusieurs aides de camp envoyés en reconnaissance l’événement désastreux…
Le temps s’écoulait et M. Molé ne venait pas. Le roi, qui conférait en ce moment avec M. Guizot, témoigna quelque surprise et quelque humeur de ce refus dont il ne voulait pas comprendre la nécessité.
Selon les précédents parlementaires, le tour de M. Thiers était venu.
Guizot proposait d’investir le maréchal Bugeaud du commandement de la force armée … le roi s’étant rangé à cet avis, la nomination fut immédiatement rédigée et signée, Histoire de la Révolution de 1848, p.127.

— Commentaires : Cento, p. 198.
- Raitt: À la nouvelle que l’émeute recommençait, Molé signa la nomination du général Bugeaud au commandement en chef de l’armée et de la garde nationale, puis démissionna. Le roi appela Thiers pour lui succéder, mais il était trop tard pour contenir l’insurrection, p. 293.
- Wetherill: Militaire détesté depuis le massacre de la rue Transnonain, note 482
- Gothot-Mersch : Bugeaud, colonel en 1814, démissionna sous la Restauration, et reprit du service aprés 1830. Il fit la conquête de l’Algérie en 1840 à 1847. En février 1848¸il était maréchal et commandait les forces à Paris; mais, comme le dit Flaubert, il fut empêché d’agir par les hésitations du roi (note 228).

 

Thiers

Adolphe Thiers (1797-1877) est un homme d'État français. Il contribue aux Trois Glorieuses et joue un rôle décisif dans la mise en place de la monarchie de Juillet. Député, plusieurs fois ministre et deux fois président du Conseil, il est partisan d'une monarchie constitutionnelle dans laquelle « le roi règne, mais ne gouverne pas ». Le 23 février 1848, quand Louis-Philippe comprend la gravité de la situation et accepte la démission de Guizot, il charge le comte Molé puis Thiers de former un nouveau ministère, mais tous deux ont déjà compris qu'il était trop tard.

Le livre de Daniel Stern contient les détails suivants :

Vers onze heures, il apprend par plusieurs aides de camp envoyés en reconnaissance l’événement désastreux…
Le temps s’écoulait et M. Molé ne venait pas. Le roi, qui conférait en ce moment avec M. Guizot, témoigna quelque surprise et quelque humeur de ce refus dont il ne voulait pas comprendre la nécessité.
Selon les précédents parlementaires, le tour de M. Thiers était venu.
Guizot proposait d’investir le maréchal Bugeaud du commandement de la force armée … le roi s’étant rangé à son avis. La nomination fut immédiatement rédigée et signée, Stern, Histoire de la Révolution de 1848, p.127.

— Commentaire :
Raitt : À la nouvelle que l’émeute recommençait, Molé signa la nomination du général Bugeaud au commandement en chef de l’armée et de la garde nationale, puis démissionna. Le roi appela Thiers pour lui succéder, mais il était trop tard pour contenir l’insurrection, p. 293.

 

‘émeutier en tricot’

— Commentaire : Cet émeutier devient ‘un jeune homme’ dans les esquisses et les brouillons ultérieurs.
Ce détail paraît dans les esquisses 17606 fos 170v.

 

‘un jeune homme’

— Commentaire :
Le portrait du jeune homme est peut-être basé sur le jeune homme rencontré par Flaubert et Du Camp:

Un jeune homme blond, à petites moustaches, à pommettes saillantes, et dont le nez avait des dimensions quelque peu exagérées, se tenait immobile près de la barricade, portant un fusil sous le bras, Du Camp, Souvenirs, p. 82.

— Commentaire : Guisan, p. 190: E. Maynial s’est demandé l’origine de cette image. Souvenir personnel ? Peut-être celui d’un tableau, - La Liberté guidant le peuple - , de Delacroix ? Décrivant l’assaut, E. Pelletan parle d’ "un jeune homme grand, pâle, et les cheveux blonds, (qui) monta deux fois à l’assaut, parvint sur le perron, pirouetta sur lui-même, et tomba". Ne serait-ce pas là le texte qui a inspiré Flaubert ?

 

LIEUX

 

‘Champs-Elysées’

— Commentaire : - Raitt: p. 292.
Ce détail paraît dans les brouillons 17606 fos 164v, 173v — 17607 fos 1, 2.

 

⚈ ‘rue St Honoré’

— Commentaire : C’est la route suivie par Flaubert et Du Camp:

En passant près de la rue Saint-Honoré, nous entendîmes, vers notre gauche, des détonations répétées, Du Camp, Souvenirs, p. 83.

Ce détail paraît dans les esquisses 17606, fos 161v, 170v, 165v, et dans les brouillons 17606 fos 158v, 173v, 17607 fos 1, 2.

 

‘Château d’Eau’ (le poste)

Le Château-d'eau avait été construit en 1719, sur des dessins de Robert de Cotte, pour assurer un vis-à-vis monumental à la façade du Palais-Royal. Il contenait des réservoirs qui alimentaient à la fois une fontaine sur la place et les bassins du Palais-Royal et des Tuileries. Durant l'attaque du Palais-Royal, le 24 février 1848, le château-d'eau fut complètement détruit par les émeutiers.

Flaubert fit les notes documentaires suivantes sur l’assaut du Château d’Eau:

Voir Journal de la gendarmerie Nos de juin et juillet 1850 sous le titre de «La garde municipale pendant les journées de février»

- selon le journal de la gendarmerie les municipaux du Château d’eau furent massacrés jusqu’au dernier (voyez Garnier-Pagès)

12 voitures étaient prêtes - à peine les deux premières furent-elles dehors que force fut de refermer la porte. une troupe armée accourait en désordre pour s’introduire dans la cour des écuries. - une bande de 25 hommes fait feu à l’entrée de la rue de Rohan sur les voitures du roi. Hairon, piqueur, est tué l’assassin s’empare de son chapeau galonné - l’auteur de l’assassinat est connu et n’a pas été poursuivi. il eut une place de gardien de musée au Louvre.

- une femme, portant sur sa [sabre] <robe> sabre et giberne et coiffée d’un képy {sic} militaire s’acharna contre la berline la Saverne, en brisa les glaces à coup de crosse de fusil, détruisit les armes à coups de baionnette. - puis la voiture bourrée de paille, [elle] et allumée elle s’élança sur le siège du cocher et «ses satellites s’attelant au timon de la voiture en feu quittèrent la Cour des écuries en hurlant des chants de triomphe.» l’intérieur seul brûla. elle fut jetée à l’eau au pont des Sts Pères

- 25 voitures furent détruites dont le prix total d’achat montait à 196,513 francs.

Plus de 200 autres voitures remisées sous la bibliothèque du Louvre, sans la rue du Doyenné, aux Pyramides, au Roule, au parc Monceau, ne furent pas découvertes Louis Tirel, La République dans les Carrosses du roi, Paris, Comon, 1850, fo 175.

— Sources :

« La résistance du poste du Château d’Eau, cet acte sublime d’honneur militaire, dont les héros plébéiens sont tombés inconnus dans le silence de la mort, protégea la déroute honteuse des Tuileries », Stern, Histoire de la Révolution de 1848, p.157

Le poste du Château-d’Eau était occupé par un détachement du 14e de ligne, qui, réfugié dans cette impasse, portant la responsabilité du massacre dont le régiment était coupable, refusait de se rendre à merci comme les assaillants l’exigeaient, Du Camp, Souvenirs, p. 85.

— Commentaire : Il est évident que Flaubert s’est basé sur le livre de Daniel Stern pour maints détails de la description de l’édifice et de l’assaut, tout en se refusant à donner son jugement.

- Voir Raitt : Flaubert et Du Camp ont assisté ensemble au combat du Château-d’eau, occupé par les soldats du régiment qui était responsable de la fusillade du boulevard des Capucines. Le récit de Flaubert est rigoureusement exact, p.293.

Ce détail paraît dans les esquisses 17606, fos 161v, 170v; 165v, et dans les brouillons 17607 fos 3, 4, 5, 6, 7.

 

‘points stratégiques’

Ce détail est tiré du livre de Daniel Stern:

Vers huit heures du matin, le peuple s’était emparé, de gré ou de force, de presque toutes les mairies et de cinq casernes, où il s’était approvisionné de munitions. Il occupait la porte Saint-Denis, la place des Victoires, la pointe Saint-Eustache, tous les points stratégiques de l’intérieur, Stern, Histoire de la Révolution de 1848, p. 132.

Ce détail paraît dans l'esquisse 17606 fo 170v, et dans les brouillons 17606 fos 160v, 168v, 17607 fos 3, 4, 5.

 

⚈ ‘garde nationale’

Ce détail est tiré du livre de Daniel Stern:

À vrai dire, le peuple n’avait rencontré nulle part de résistance bien sérieuse. Presque partout la garde nationale, s’interposant entre les combattants, avait jeté l’hésitation dans la troupe. […], Histoire de la Révolution de 1848, p. 141.

Ce détail paraît dans les brouillons 17606 fos 160v, 168v.

 

⚈ ‘l’ordre de suspendre le feu’

Ce détail est tiré du livre de Daniel Stern :

En dernier lieu, l’ordre de suspendre le feu, expédié à tous les chefs de vcorps, avec la singulière injonction de garder leurs positions, acheva de déconcerter officiers et soldats. […] Bientôt , il n’y eut plus, dans tout Paris, qu’un seul point qui défendît encore les abords des Tuileries: c’était le poste du Château-d’Eau, sur la place du Palais-Royal. Le peuple s’y précipita, Stern, Histoire de la Révolution de 1848, pp. 141-2.

Ce détail paraît dans les brouillons 17606 fos 160v, 168v, 17607 fo 3.

 

 

DÉTAILS

 

‘la fusillade’

Flaubert se souvient ici de ce qu’a rapporté Daniel Stern :

Pendant que le glas du tocsin remplit l’air de tristesse et d’anxiété, pendant que la fusillade retentit au loin, le roi, affaissé ou absorbé dans les pensées qu’il ne communique pas, attend, aux Tuileries, le dénouement de la crise ministérielle, Histoire de la Révolution de 1848, p.126

Ce détail paraît dans les esquisses 17606, fos 161v, 170v

 

⚈ ‘chariot’

Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

Un officier de Cavalerie ordonna à un charriot des Messageries Laffitte <transportant des immigrants et> qu'il rencontra <au haut de la> rue de la Paix de prendre les Morts. - «à la Bastille! au National» -
Au National : discours de Garnier Pagès sur les victimes. - torches sur le tombereau. quelques sanglots, quelques menaces [à {?}] contenues, des mains qui se pressent. «aux armes, aux églises» sonnons le tocsin»
Le cortège se remet en marche pour la Bastille une barricade près la porte St Denys l’arrête. il prend par la rue Poissonnière, Clery, Montmartre. quelques-uns montent à la Réforme ;
- les Halles. - un armurier livre ses armes. le cortège retourne par les rues JJ. Rousseau, Ticquetonne, Pavée St Sauveur, Française, Mauconseil St Denys - et est arrêté, rue St Martin, devant une barricade. le cortège est réduit à une centaine de personnes - enfin à 1h 1/2 on dépose les cadavres à la Mairie du IVre arrondissement, place du Chevalier du Guet, fo 188v (Garnier Pagès, Histoire de la Révolution de 1848).

— Commentaires :
- Raitt: Après la fusillade du boulevard des Capucines, on entassa quelques morts dans un chariot qui fut promené à travers les quartiers populaires, p. 293.
- Gothot-Mersch: Dans les brouillons, Flaubert montrait le spectacle du chariot, qu’il ne fait ici que mentionner, note 226.
Ce détail paraît dans l'esquisse 17606, fo 170v; et dans les brouillons 17606 fos 158v, 164v, 173v, 17607 fos 1, 2.

 

‘l’insurrection’

Flaubert fit les notes documentaires suivantes sur la façon dont l’insurrection s’est organisée le 24 février:

24 février.
Le matin du 24. la Réforme après avoir formulé ses voeux disait «avec ces mesures, on rétablira l’Ordre promptement» le National était plus vif . (v. 270)

Les négociations de Mr Molé avaient consommé 8 h. celles de Mr Thiers plus de cinq.

à 9 h. <les élèves à> l’école polytechnique sortent et se dirigent par détachements vers les mairies.
différentes casernes et postes sont remises. (39-41.) avant 9 h. le peuple était maître de la plupart des mairies.
Le général Bedeau s’avançait sur le boulevard. arrêté devant le gymnase fait connaître la formation du ministère Thiers-Barrot le peuple n’y croit pas.
Le nom du Maréchal Bugeaud détruisait tout l’effet de l’avènement de l’opposition. il commande la retraite à Bedeau.

Les barricades s’avançaient vers les Tuileries. St Arnaud enlève celles de la rue Richelieu.
Ordre est donné de cesser le feu. On adjoint Lamoricière à Bugeaud. (comme command la garde nationale).

Mr O. Barrot conseille au roi la dissolution. il s’y refuse.
Lamoricière s’improvise un costume [et] monte à cheval. et court aux barricades pour faire cesser la lutte.
Thiers, Remusat, Duvergier retournent près du roi qui résiste de nouveau. - Girardin [obtient] le duc de Nemours obtient la dissolution, fo 189v
Une proclamation datée de 10 h. du matin l’annonce. - mais pas d’imprimerie aux Tuileries <ni à l’État-major> (76.)
promenade d’Odilon Barrot sur les boulevards. au delà de la porte St Denys on crie «à bas Louis Philippe» et des barricades l’arrêtent.
[Place] Au bas de la rue Royale <collision entre> la garde Nationale et les Municipaux Mr Jolivet député, tué à la grille du Pont-tournant. (92)
[reddication] reddition de la caserne de Reuilly. Capitulation du poste Baudoyer. - dévastation et incendie des barrières - les dernières Casernes capitulent. Mr de Rambuteau découragé, quitte l’hôtel de ville

Partout les blouses sont mêlées à la garde nationale.-
Mr Guizot, déguisé en femme, se réfugie chez Me de Mirbele. (111).
Mr Thiers conseille au roi de se retirer à St Cloud. Le roi ne se décide à rien.
À 11h. Louis Philippe descend sur la place du Carrousel passer en revue les 4 mille hommes de troupes. la garde nationale crie <??> «à bas le système! à bas Guizot.», fos 189, 189v, (Garnier-Pagès, Histoire de la Révolution de 1848).

L'insurrection est décrite dans l'esquisse 17606, fo 170v, et dans les brouillons 17606 fos 158v, 160v, 174v, 17607 fos 3, 4, 5.

 

‘la monarchie’

Flaubert fit les notes documentaires suivantes sur la chute de la monarchie :

Émile de Girardin engage le roi à abdiquer, en faveur de la régence de la duchesse d’Orléans
Colère de la reine contre la duchesse (155) lenteur du roi à sig(ner)
Aussi à 10 heures Louis-Philippe déclarait qu’il ne consentirait jamais à la dissolution de la chambre, à 11 <il s’avisait?> qu’on n’aurait son abdication qu’avec sa vie. à midi il ne re régnait plus.
Le Mal Gérard sur la place du château d’eau. - ne peut se faire entendre. L’abdication du roi tomba aux mains de Lagrange.
Prise et incendie des voitures du roi.
Crémieux revient aux Tuileries. Le roi traverse le jardin avec {deux noms illisibles}.
Crémieux, le duc de Nemours, la princesse Clémentine, la Reine - ils entrent dans les voitures (175)
Le mot d’ordre donné le 24 février au matin fut Hause, le mot de ralliement «Haumsar».
Odilon Barrot apprenant l’abdication du roi se rend aux tuileries n’ayant pu trouver la duchesse rentre au ministère de l’intérieur le duc de Nemours conseille protège sa sortie des Tuileries
La grille de la cour du château est ouverte au peuple, fo 189v, (Garnier-Pagès, Histoire de la Révolution).

— Commentaire :

Flaubert se rappelle aussi certains aspects du récit de Daniel Stern, Histoire de la Révolution de 1848, pp.126-50.
La chute de la monarchie est évoquée dans les brouillons 17607, fos 3, 4, 5

 

‘barricades’

Flaubert fit les notes documentaires suivantes sur la construction des barricades:

24 février 4 cents mille pavés arrachés, 4 mille arbres renversés 56 corps garde [39]<77> appareils à gaz. - 250 bancs, <et> volets, auvents, barriques, omnibus, voisines , tessons de verre etc.
quantité d’objets [pris] encombrants pris chez les épiciers. fo. 181, (Jules du Camp, Histoire de l’Armée et de tous les Régiments).

— Commentaire :

Flaubert utilise aussi certain détails rapportés par Daniel Stern, Histoire de la Révolution de 1848, pp. 131-2.
Les barricades sont décrites dans l'esquisse 17606 fo 170v, et dans les brouillons 17606 fos 158v, 160v, 17607 fos 1, 2, 3, 4, 5

 

 

CHÂTEAU D’EAU

 

PERSONNAGES HISTORIQUES

 

Odilon Barrot

Hyacinthe Camille Odilon Barrot (1791-1873) est un homme d'État français, président du Conseil en 1848-1849 sous la présidence de Louis Napoléon Bonaparte. Le 24 février 1848, appelé trop tardivement à former un ministère, il semble alors soutenir la régence de la duchesse d'Orléans devant la chambre ; il tente vainement, en se montrant à cheval sur les boulevards, de calmer l'effervescence générale et l'envolée républicaine.

 

‘50 prisonniers’

Source :

Il était resté, en effet, dix gardes municipaux avec les soldats de la ligne au nombre de cent. Quarante-huit prisonniers faits dans la nuit, amenés au poste du Château d’Eau par la 14e de ligne, avaient été conduits, vers cinq heures du matin, à la caserne de la rue de Rivoli, où ils furent mis en liberté, Stern, Histoire de la Révolution de 1848, p. 151, Note.

— Commentaire : Guisan (p. 191) affirme que Flaubert a repris dans un cinglant raccourci une note de Stern qui, parlant dans son récit de "prisonniers en grand nombre", précise en bas de page: "48 prisonniers, qui en furent retirés à cinq heures du matin".

Ce détail paraît dans les esquisses 17606 fos 161v, 170v; 165v .

 

⚈ ‘une femme’

Flaubert fit la note documentaire suivante :

une femme, portant sur sa [sabre] <robe> sabre et giberne et coiffée d’un képy {sic} militaire s’acharna contre la berline la Saverne, en brisa les glaces à coup de crosse de fusil, détruisit les armes à coups de baionnette. - puis la voiture bourrée de paille, [elle] et allumée elle s’élança sur le siège du cocher et « ses satellites s’attelant au timon de la voiture en feu quittèrent la Cour des écuries en hurlant des chants de triomphe.» l’intérieur seul brûla. elle fut jetée à l’eau au pont des Sts Pères, fo 175 (Louis Tirel, La République dans les Carrosses du roi).

— Commentaire : Flaubert fait mention de cette femme dans la première esquisse (17606, fo 161v), mais elle ne figure pas dans les esquisses et les brouillons suivants.

 

‘garde national’

Source : Nous n'avons pas trouvé de source pour ce personnage.

— Commentaire : Flaubert a-t-il basé sa description sur un personnage réel? Il n’y a pas de note documentaire sur ce garde national et on n’a pas trouvé de source pour les détails fournis. Le rôle de ce garde devient de plus en plus important.

MSS: 17606, 170v, 165v — 17607 12.

 

‘un garçon’

Flaubert ne fit pas de note documentaire sur ce garçon mais la description rappelle le Gavroche des Misérables (le roman de Hugo paraît en 1862) et celle de Du Camp:

« un gamin de treize à quinze ans, nu-bras, sans souliers, juché sur un cheval harnaché d’une housse d’officier supérieur; en main il tenait un fusil de munition armé d’un baïonnette, et sa tête disparaissait sous un énorme chapeau de piqueur de la maison du roi; il donnait des coups de pied dans le ventre de son cheval en disant: «Hue donc!», Souvenirs, p. 90

MSS : Esquisses, 170v, 165v — Château d'eau, 169v2.

 

`homme qui fume sa pipe'

Pierre-Marc de Biasi : "Ferdinand Flocon (1800-1866), professeur, écrivain, rédacteur en chef de La Réforme depuis 1843, fit partie du gouvernement provisoire, puis devint ministre de l'Agriculture et du Commerce, avant de devoir s'exiler au 2 décembre 1851. Sa pipe, qui ne le quittait jamais, était devenue un symbole." 

 

‘un vieillard’ / Mal Gérard'

Étienne Maurice, comte Gérard est un maréchal de France et homme d'État (1773-1852). Grand chancelier de la Légion d'honneur, il est démis de cette fonction par le gouvernement provisoire en février 1848.

Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

Le Mal Gérard sur la place du château d’eau ne peut se faire entendre. 189v (Garnier-Pagès, Histoire de la Révolution de 1848).
le Mal Gérard s’en va par la rue de Rohan - énorme cheveux [?] <crépus> fo 157 (Résumé).

Du Camp a raconté cet incident : « Tout à coup nous vîmes apparaître dans la rue de Rohan un homme, un vieillard, vêtu d’un habit noir et monté sur un cheval blanc; d’une main il agitait un papier et de l’autre une branche d’arbre; c’était le maréchal Gérard, qui faisait un effort pour pénétrer sur la place; un trompette le précédait qui ne s’empressa pas de sonner au parlementaire; deux personnes conduisaient le cheval par la bride en criant " Laissez passer! Laissez passer! " Le cortège pacifique n’alla pas loin; il ne dépassa point la dernière maison de la rue Saint-Honoré, avant le palais, et il s’en détourna comme il était venu. C’était la dernière espérance qui s’éloignait; les pauvres soldats du 14e étaient inutilement sacrifiés. », Souvenirs, p. 87.

— Commentaire : Selon François, Du Camp aurait prêté à Flaubert ses notes sur ce qu’il avait vu le 24 février et Flaubert les aurait copiées. Mais, comme l’a conclu Cento (p. 193) il est fort probable que Flaubert a pris indépendamment des notes sur ce qu’il avait vu pendant la journée du 24 février et que les deux amis ont ensuite comparé leurs notes. Il y a souvent des variations significatives entre le récit de Du Camp et le roman. Flaubert fournit des détails qui ne se trouvent pas dans Du Camp (par exemple, la selle de velours). Le Maréchal Gérard est identifié dans les esquisses (17606, 161v, 17606, 170v, 06, 165v). Dans les brouillons il devient ‘un bourgeois’(17606, 168v), puis ‘un vieillard’ (17607, 9). Voir Cento, pp. 186-7;

Raitt, 293: ‘Nous savons par les Souvenirs et les notes de Flaubert que ce vieillard était le maréchal Gérard, chargé de parlementer avec les insurgés. Du Camp a décrit son apparition presque dans les mêmes termes que Flaubert, mais ce dernier est seul à avoir retenu le détail de la selle de velours’;

Wetherill, 564 (Sources: Du Camp et Garnier-Pagès);

Gothot-Mersch, Note 231: ‘C’est le maréchal Gérard. Mais alors que les brouillons l’identifient fort bien (17606, 161v), la version définitive s’y refuse’.

 

‘un soldat’

Source: Nous n'avons pas trouvé de source pour ce personnage, qui n'est mentionné qu'une seule fois.

— Commentaire : Ce soldat n’est mentionné qu’ici : 17607, fo 12.

 

‘un grenadier’

Source : Nous n'avons pas trouvé de source pour ce personnage.

Le grenadier paraît dans l'esquisse 17606 fo 165v, et dans les brouillons 17606 fo 169v, 17607 fos 10, 11, 12

 

⚈ ‘les masses’

Source: Castille, p. 249

— Commentaire : Comme l’indique la première esquisse, Flaubert a consulté le livre de Castille (Histoire de la seconde République française) mais nous n’avons pas trouvé de notes de lecture sur le livre de Castille. Cento, p. 94.

Les masses sont mentionnées dans les esquisses 17606 fos 161v, 170v, 165v, et dans les brouillons 17606 fo 169v, 17607 fos 10, 12.

 

‘tirailleurs’

Flaubert fit la note documentaire suivante :

24 février aux Fenêtres du Palais-Royal, comme tirailleurs une centaine de gardes nationaux de la 3e et 4e légions sur la Place du Palais royal parmi les personnes qui entourait Lamoricière, fo 183, (A. et C. Elié Fastes des Gardes nationales de France).

Source :

Ce détail est mentionné dans l'esquisse: 17606 fo 161v.

 

 

LIEUX

 

‘Château d’Eau’ (le poste)

Le château-d'eau avait été construit en 1719, sur des dessins de Robert de Cotte, pour assurer un vis-à-vis monumental à la façade du Palais-Royal. Il contenait des réservoirs qui alimentaient à la fois une fontaine sur la place et les bassins du Palais-Royal et des Tuileries. Durant l'attaque du Palais-Royal, le 24 février 1848, le château-d'eau fut complètement détruit par les émeutiers.

Flaubert fit les notes documentaires suivantes sur l’assaut du Château d’Eau :

- voir journal de la gendarmerie Ns de juin et juillet 1850 sous le titre de «La garde municipale pendant les journées de février»
selon le journal de la gendarmerie les municipaux du Château d’eau furent massacrés jusqu’au dernier (voyez Garnier-Pagès)
12 voitures étaient prêtes - à peine les deux premières furent-elles dehors que force fut de refermer la porte. une troupe armée accourait en désordre pour s’introduire dans la cour des écuries. - une bande de 25 hommes fait feu à l’entrée de la rue de Rohan sur les voitures du roi. Hairon, piqueur, est tué l’assassin s’empare de son chapeau galonné - l’auteur de l’assassinat est connu et n’a pas été poursuivi. il eut une place de gardien de musée au Louvre.
une femme, portant sur sa [sabre] <robe> sabre et giberne et coiffée d’un képy {sic} militaire s’acharna contre la berline la Saverne, en brisa les glaces à coup de crosse de fusil, détruisit les armes à coups de baionnette. - puis la voiture bourrée de paille, [elle] est allumée elle s’élança sur le siège du cocher et « ses satellites s’attelant au timon de la voiture en feu quittèrent la Cour des écuries en hurlant des chants de triomphe.» l’intérieur seul brûla. elle fut jetée à l’eau au pont des Sts Pères
- 25 voitures furent détruites dont le prix total d’achat montait à 196,513 francs, fo 175 (Louis Tirel, La République dans les Carrosses du roi, Paris, Comon, 1850. fo 17)
Plus de 200 autres voitures remisées sous la bibliothèque du Louvre, sans la rue du Doyenné, aux Pyramides, au Roule, au parc Monceau, ne furent pas découvertes.

— Sources :

Le poste du Château-d’Eau était occupé par un détachement du 14e de ligne, qui, réfugié dans cette impasse, portant la responsabilité du massacre dont le régiment était coupable, refusait de se rendre à merci comme les assaillants l’exigeaient, Du Camp, p. 85.

— Commentaire :

Il est évident que Flaubert s’est basé sur le livre de Daniel Stern pour maints détails de la description de l’édifice et de l’assaut, tout en se refusant à donner son jugement. (cf La résistance du poste du Château d’Eau, cet acte sublime d’honneur militaire, dont les héros plébéiens sont tombés inconnus dans le silence de la mort, protégea la déroute honteuse des Tuileries, Stern, Histoire de la Révolution de 1848, p.157).

En outre, selon toute probabilité, Flaubert connaissait les notes de Du Camp, ‘écrites au jour le jour, hâtivement, le soir, lorsque je rentrais du service très-pénible de garde nationale auquel nous étions alors assujettis’ (Souvenirs, p.1). Du Camp déclare son impartialité face à la révolution de février: ‘J’étais, en quelque sorte, dans une situation d’impartialité exceptionnelle pour porter un jugement désintéressé sur les faits don’t j’ai été témoin. Ce jugement n’a point été favorable; cette révolution m’a fort étonné, et j’ai été surtout stupéfait par sa bêtise’, p. 6. Il faut noter, cependant, que le récit de Du Camp fut rédigé après la parution de L’Éducation sentimentale et que le roman a pu fournir certains détails présentés dans les Souvenirs.

Guisan (p. 191) affirme que, pour la description de l’édifice, la lecture de Stern reste la source principale de l’information véhiculée par Flaubert. Il doute que Flaubert ait assisté à l’incendie et affirme que ‘pour compléter ses observations – ou les rafraîchir – , le romancier s’appuie […] sur le récit de Stern (p. 192).

Selon François, le récit de Du Camp est ‘plus minutieusement exact et photographique’, tandis que celui de Flaubert est ‘plus dramatique et pittoresque’, (p. 48).

Raitt affirme que Flaubert et Du Camp ont assisté ensemble au combat du Château d’eau, sans distinguer entre les différentes phases de ce combat (p. 293).

MSS: 170v, 165v 3, 4, 5, 6, 7.

 

‘le perron’

La description du perron du bâtiment, intégrée dans la deuxième esquisse (17606, fo 170v) est basée sur le livre de Daniel Stern :

Adossé à un massif de maison faisant face au palais, le Château d’Eau, construit au commencement du XVIIIe siècle, se composait d’une façade à deux étages, soutenue par quatre colonnes engagées, et de deux ailes latérales percées chacune de trois fenêtres. Un perron de quelques marches s’étendait, dans un développement de quarante mètres environ, sur toute la longueur de l’édifice, que terminait une terrasse entourée d’un balustrade en pierre sculptée. Histoire de la Révolution de 1848, pp. 150-1.

MSS: 17606, 161v, 170v, 165v.

 

‘fenêtres’

La description des fenêtres du Château-d’Eau correspond de près à celle que l’on trouve dans le livre de Daniel Stern :

Une porte étroite et basse, revêtue de lames de fer, ouvrait sur le perron de ce monument tout noirci par le temps. Les fenêtres, munies d’une double rangée de barreaux, avaient été garnies d’épais volets en chêne, trouée de meurtrières. C’était une citadelle imprenable. Le canon seul aurait pu endommager ces épaisses murailles et enfoncer ces portes massives, Histoire de la Révolution de 1848, pp. 151.

— Commentaire : Guisan a noté (p. 191, Note 1) que Stern a peut-être repris une phrase des Journées illustrées de la Révolution de 1848, livre consulté pas Flaubert: "La porte de l’édifice et les volets des fenêtres étaient en chêne massif, percées de meurtrières, et revêtues de lames de fer".

MSS : 17607, 7, 6.

 

‘une vasque’

La description du Château d’Eau est basée sur le livre de Daniel Stern :

Au centre du premier étage, une niche était creusée, au-dessous de laquelle une large vasque recevait les eaux de la fontaine, Histoire de la Révolution de 1848, p. 151.

MSS: 17606, 170v, 165v.

 

⚈ ‘Palais-Royal’

Ce détail semble provenir du livre de Daniel Stern mais il n’y a pas de note documentaire correspondante :

En une minute, les appartements étaient envahis, toutes les fenêtres se garnissaient de combattants; le palais et le poste se renvoyaient des feux meurtriers, la mitraille pleuvait sur la place comme une grêle épaisse’, Histoire de la Révolution de 1848, p.151

MSS : 17606, 165v, 12, 06, 169v.

 

‘la rue de Rohan’

La rue de Rohan est mentionnée dans les résumés :

- une bande de 25 hommes fait feu à l’entrée de la rue de Rohan sur les voitures du roi, fo 175 (Louis Tirel, La République dans les Carosses du roi).
- le Mal Gérard s’en va par la rue de Rohan - énorme cheveux [?] <crépus> fo 157.

 

DÉGATS

 

⚈ ‘voitures’

Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

12 voitures étaient prêtes - à peine les deux premières furent-elles dehors que force fut de refermer la porte. une troupe armée accourait en désordre pour s’introduire dans la cour des écuries.
[…]
- 25 voitures furent détruites dont le prix total d’achat montait à 196,513 francs, fo 175 (Louis Tirel, La République dans les Carosses du roi).

 

⚈ ‘incendie’

La description de l’incendie est basé sur le livre de Daniel Stern :

On venait de forcer sur la place du Carrousel les écuries royales. Quelques enfants avaient mis le feu aux voitures, «Le feu! Le feu au Château d’Eau!» Aussitôt des hommes du peuple s’attellent à ces voitures enflammées, les traînent sous les fenêtres du poste. On apporte des bottes de paille, des fagots; un tonneau d’esprit-de-vin est roulé sur ce bûcher. Le vent attise l’incendie, il pousse la flamme; elle monte, s’étend, tourbillonne; elle entoure d’une ceinture ardente le vieil édifice; elle pénètre enfin, elle s’engouffre dans l’intérieur. Mais, aussitôt, un cri d’humanité se fait entendre. Le peuple, un instant égaré par la démence du combat, se précipite pour arracher la mort à ses ennemis. Il répand de l’eau à torrent pour essayer d’éteindre l’incendie qu’il a allumé. Histoire de la Révolution de 1848, p. 158.

— Commentaire : Il est significatif que Flaubert omet dans ses notes de lecture la description de l’intervention du peuple.

MSS : 17607 9, 10, 11.

 

⚈ ‘morts’

Flaubert releva dans ses notes une contradiction : les historiens ne s’accordaient pas sur le nombre des morts.
Selon le journal de la gendarmerie les municipaux du Château d’eau furent massacrés jusqu’au dernier (voyez Garnier-Pagès), fo 175 (Louis Tirel, La République dans les Carosses du roi).
Le siège du poste du Château d’eau dura deux heures. 11 cadavres de municipaux, 38 du peuple. Garnier-Pagès nie que les soldats aient été asphyxiés. (208) fo.190 (Garnier-Pagès, Histoire de la Révolution).

 

‘le choc d’un homme’

— Commentaire

Quelque chose de semblable arriva à Flaubert et à Du Camp :

Un homme frappé d’une balle s’affaissa à nos pieds; nous le fîmes entrer chez l’apothicaire, qui se souciait médiocrement de le recevoir. Souvenirs, p. 86.

MSS : esquisse 12 — 17606 161v, 170v, 165v, 169v — 17607 10, 11.

 

⚈ ‘deux cadavres’

Ce détail se trouve dans le livre de Daniel Stern :

Sur les degrés, on voyait deux cadavres tombés en croix, Histoire de la Révolution de 1848, p. 152.

MSS : 17606, 170v, 165v, 12.

 

⚈ ‘le sang’

Ce détail se trouve dans le livre de Daniel Stern :

Au-devant du perron, l’eau qui coulait en liberté des débris de la fontaine formait, en se mêlant au sang des blessés, une mare de teinte rougeâtre, Histoire de la Révolution de 1848, p. 152.

MSS : 17606, 169v, 12, 10.

 

‘des débris’

Ce détail se trouve dans le livre de Daniel Stern :

Çà et là, sur le pavé, des armes, des lambeaux de vêtements, des taches de sang, Histoire de la Révolution de 1848, p.152.

 

‘la fumée’

Stern fait mention de la fumée :

Les roulements du tambour qui battait la charge, la détonation des armes à feu, le sifflement des balles, le cri des blessés, des voix vibrantes qui chantaient la Marseillaise en courant à la mort, la fumée épaisse qui enveloppait cette scène inouïe, donnaient le vertige à qui tentait de s’en approcher. (Histoire de la Révolution de 1848), p. 153.

MSS : 17606, 170v, 168v — 17607, 7, 6.

 

‘ciel lourd’

« Sous un ciel bas et lourd tombe une pluie glacée. Monotone et silencieuse, elle tombe doucement, sans arrêt. Un soleil transi agonise derrière des nuages qui s'accumulent et, lentement, semblent se vider. C'est une de ces journées d'une tristesse énervante, d'une obsédante mélancolie. Rien de moins excitant, rien de moins favorable à un soulèvement populaire que ce morose 22 février 1848. Cependant des ouvriers, en allant, vers le lever du jour, à leur travail, stationnent devant les affiches comminatoires que le gouvernement a fait placarder. Il y a, dans chaque groupe, des exclamations, des commentaires. Des orateurs improvisés, parmi lesquels les agents des sociétés secrètes ne sont pas rares, prononcent de grands mots : liberté ! égalité ! fraternité !» (Henri D'Alméras, La vie parisienne sous la République de 1848).

 

‘mouches blanches’

Source: H. Castille, Histoire de la seconde république française, Paris, Victor Lecou, 1845-56.

— Commentaire : Comme l’indique la première esquisse, Flaubert a consulté le livre de Castille mais on n’a pas trouvé de notes de lecture sur son Histoire de la seconde république française.

MSS : 17606, 161v, 165v, 12 — esquisses 170v, 165v — 17607, 5, 6, 7.

 

‘cafés ouverts’

Ce détail est basé sur le livre de Daniel Stern :

Chose bizarre ! les cafés et les cabarets étaient restés ouverts. On allait y reposer, on fumait, on plaisantait entre deux fusillades. Un chien perdu, qui hurlait au bruit des coups de feu, égaya plus d’une fois cette scène tragique, Histoire de la Révolution de 1848, p. 158, Note 1.

Ce détail se trouve dans l'esquisse 17606 fo 170v, 17607 fo 12 et les brouillons

 

‘un chien perdu’

Ce chien est mentionné dans le livre de Daniel Stern.

Chose bizarre! les cafés et les cabarets étaient restés ouverts. On allait y reposer, on fumait, on plaisantait entre deux fusillades. Un chien perdu, qui hurlait au bruit des coups de feu, égaya plus d’une fois cette scène tragique, Histoire de la Révolution de 1848, p.158, Note 1.

— Commentaire : Guisan (p. 192) a été le premier à signaler que la remarque de l’historienne n’est qu’une note, en bas de page, et observe que ‘l’artiste voit immédiatement le parti à en tirer: il en fait la conclusion de son récit, - qui n’est pas sans philosophie.'

Ce détail paraît dans les esquises 17606 fos 170v, 165v, 17607 fo 12; et dans les brouillons 17606 fos 169v, 17607, fos 10, 11.

 

TUILERIES

PERSONNAGES HISTORIQUES

 

‘un portier’

Source : Nous n'avons pas trouvé de note documentaire relative à ce personnage. Le portier devient ‘un homme’ à partir de 17607, fo 7.

MSS: 17606, 170v, 17606, 165v.

 

‘un homme et sa femme’

Nous n'avons pas trouvé de note documentaire relative à ces personnages.

Cet homme était d’abord ‘un portier’ (17606, 170v, 165v).

MSS : 17606, 161v, 17606, 166v, 16, 12v.

— Commentaire : S'agissant de la femme, il est nécessaire de la distinguer d’avec la femme mentionnée en marge du fo. 17606, 165v, qui s’acharne contre la Saverne.
MSS : 17606, fos 170v, 165v — 17607, fos 7, 6.

 

‘Un garçon lampiste’

Flaubert fit la note documentaire suivante :

Un garçon lampiste meurt pour avoir avalé un diamant. - conduit à St Germain l’Auxerrois avec les honneurs militaires. fo 175v (Louis Tirel, La République dans les Carosses du roi).

Daniel Stern fait aussi mention de ce garçon :

Dans une pièce de service, un garçon lampiste est tranquillement occupé à nettoyer un verre de lampe, Histoire de la Révolution de 1848, p. 169.

MSS : 17606, 166v, 12.

 

‘cocher’

Nous n’avons pas trouvé la source de ce détail.

Le cocher paraît dans les brouillons 17607 fos 12, 7v, 16v, 13v.

 

⚈ ‘domestiques’ (Voir 'Banquet de la Réforme')

Flaubert fit la note documentaire suivante :

 tuileries. salle voûtée - assis «banquet de la Réforme» ôtent les bayonettes, fo 157 (Résumé).

Du Camp mentionne aussi le Banquet de la Réforme :

Des hommes s’assirent et mangèrent; l’un s’écria : «C’est notre banquet de la réforme!» Le mot eut du succès et l’on rit beaucoup, Souvenirs, p.94.

— Commentaire : Cento fait remarquer que Flaubert et Du Camp ont probablement fait indépendamment des notes sur les événements du 24 février dont ils ont été tous les deux témoins. La référence à la salle voûtée ne se trouve pas dans le récit de Du Camp.

Ce détail paraît dans les brouillons 17607 fos 12, 7v, 16v, 13v.

 

‘le peuple’

Daniel Stern et Maxime du Camp ont décrit la montée du peuple:

Pendant que la colonne de Dunoyer sortait d’un côté, une masse considérable de peuple entrait de l'autre dans la cour du Château […]. La colonne populaire qui vint prendre possession des Tuileries marchait en bon ordre et sans aucun tumulte. […]. On y voyait des ouvriers en blouse, des gardes nationaux, des soldats de ligne, des femmes, des enfants qui se donnaient gaiement le bras et semblaient, tout ravis de leur victoire, n’avoir d’autre pensée que celle d’une fraterntité confiante. Cette foule inoffensive se répandit bientôt dans les appartements royaux. Stern, Histoire de la Révolution de 1848, p.171-2.

Nous vîmes arriver la première bande de combattants qui, venant de la place du Palais-Royal, se rua sur les Tuileries. Une rumeur composée de vociferations et de froissements d’armes montait vers nous; nous courûmes au haut du grand escalier et nous nous trouvâmes en présence d’une masse d’hommes qui gravissait les degrés en poussant des cris de mort et de victoire. C’était une houle; les rampes s’écartaient sour le poids latéral qui les pressait. A mesure que cette tourbe violente parvenait sur le palier, elle se précipitait dans les appartements. Du Camp, Souvenirs, p.95.

— Commentaire : François (pp. 51-2) compare les récits de l’envahissement du palais par le peuple (Du Camp et Flaubert) et remarque que ‘les deux narrateurs rivalisent de couleur et d’énergie’ et que ‘certaines images, certains mots à l’occasion s’apparentent’.

La description du peuple se trouve dans les esquisses 17606, fos 161v, 166v et dans les brouillons 17607 fos, 12, 7v.

 

Dunoyer

"La première colonne d’insurgés qui pénétra dans la cour, était commandée par un officier de chasseurs de la 10e légion, homme de résolution et de dévouement, le capitaine Dunoyer" (Daniel Stern, Histoire de la Révolution de 1848).

Flaubert fit la note documentaire suivante :

le capitaine Dunoyer et Mr Christian Hoch sauvent les municipaux qui occupent la salle du trône 52 , fo 183 (A. et C. Elié, Fastes des Gardes nationales de France)

— Commentaire : En outre, Daniel Stern a fait un long récit du progrès de la colonne de Dunoyer que Flaubert connaissait selon toute probabilité.

Ce détail paraît dans les esquisses 17606 fo 166v, 17607 fo 12, et dans les brouillons 17607 fos 9v, 6v, 22.

 

Christian Hoch

Flaubert fit la note documentaire suivante :

le capitaine Dunoyer et Mr Christian Hoch sauvent les municipaux qui occupent la salle du trône 52, fo 183, (A. et C. Elié, Fastes des Gardes Nationales de France)

— Commentaire : Christian Hoch n’est pas mentionné dans les brouillons. Il faut noter que des gardes munipaux sont mentionnés un peu plus tard . Garnier-Pagès a décrit un épisode semblable qui a eu lieu dans la Galerie du Louvre (Histoire de la Révolution de 1848, V, p. 188, cité dans Cento, p. 190).

 

‘deux joueurs d’échecs’

Daniel Stern décrit ces individus :

On remarque deux individus qui, assis à une table d’échecs, la tête appuyée sur leurs mains, les yeux fixés sur l’échiquier dans l’attitude d’une méditation profonde, donnent, au milieu du plus étourdissant fracas, une muette comédie, Histoire de la Révolution de 1848, p.171

— Commentaire : Les deux joueurs d’échecs deviennent les ‘deux amateurs’ qui jouent aux cartes.

MSS : 17606, 166v, 16, 12v, 17v, 19.

 

‘Déesse de la Liberté’

Flaubert fit la note documentaire suivante :

Dans l’ancien vestibule du roi, s’établit une Déesse de la Liberté trônant la pique à la main sur les monceaux de vêtements, fo 175, (Louis Tirel, La République dans les Carosses du roi).

Sources : L’une d’elles, une pique à la main, le bonnet rouge sur la tête, se place dans le vestibule et y demeure, pendant plusieurs heures, immobile, les lèvres closes, l’oeil fixe, dans l’attitude d’une statue de la Liberté: c’est une fille de joie, Daniel Stern, Histoire de la Révolution de 1848, p. 174.

Pour dernier spectacle s’était établie sous l’ancient vestibule du roi, une déesse de la Liberté, trônant la pique en main, dans l’immobilité d’une statue, sur des monceaux de vêtements, produits des restitutions forcée, texte écrit par le commandant du Palais désigné par le Gouvernement provisoire, Van Ténac, Histoire de la Révolution de 1848, I, p. 259.

— Commentaire : Comme l’a fait remarquer Raitt (p. 294), ‘Presque tous les mémorialistes ont parlé de cette statue vivante’. Guisan (p. 195) observe que la description de Daniel Stern est très proche de Saint-Amand, dans le Drame des Tuileries après la Révolution du 24 février 1848. Il note aussi que le détail des ‘monceaux de vêtements’ se trouve dans Van Ténac, Histoire de la Révolution de 1848, I, p. 259. La note documentaire citée plus haut semble résoudre la question: selon toute probabilité la source principale est le livre de Louis Tirel. Il faut noter que quand il fait mention la première fois du tableau vivant, Flaubert utilise l’expression ‘Déesse de la Liberté’, qui se trouve dans La République dans les Carosses du roi.

MSS : 17606, 166v, 16, 12v.

LIEUX

 

‘Tuileries’ (Palais)

Flaubert a basé sa description sur plusieurs sources (Stern, Histoire de la Révolution de 1848, La République dans les Carosses du roi, Histoire de l’Armée et de tous les Régiments, Journées illustrées de la Révolution,Garnier Pagès, Mémoires de Caussidière).
En outre, Du Camp raconte que Flaubert et lui ont été présents au moment de l’entrée du peuple dans les Tuileries. Comme l’a suggéré François (pp. 50- 53), selon toute probabilité, Flaubert connaissait les notes de Du Camp, ‘écrites au jour le jour, hâtivement, le soir, lorsque je rentrais du service très-pénible de garde national auquel nous étions alors assujettis’ (Souvenirs, p.1). Du Camp déclare son impartialité face à la révolution de février: ‘J’étais, en quelque sorte, dans une situation d’impartialité exceptionnelle pour porter un jugement désintéressé sur les faits dont j’ai été témoin. Ce jugement n’a point été favorable; cette révolution m’a fort étonné, et j’ai été surtout stupéfait par sa bêtise’ (p. 6).
Il faut noter, cependant, que le récit de Du Camp fut rédigé après la parution de L’Éducation sentimentale et que le roman a pu fournir certains détails présentés dans les Souvenirs. Guisan (p.193) s’accorde avec François, en disant que le récit de Flaubert comprend des souvenirs personnels, ce qu’une confrontation avec le témoignage de Du Camp permet d’établir, mais affirme que le romancier ‘a recouru aux témoignages des mémorialistes et des historiens.’ Le récit du sac des Tuileries est, selon Guisan ‘à peu près le même dans les faits, sinon dans les termes, chez Flaubert, chez Daniel Stern et chez Louis d’Ormoy (Histoire de Paris en 1848). Cependant quelques passages paraissent bien être des emprunts’, p. 194.

⚈ ‘Tuileries’ (façade)

La façade est décrite dans les brouillons 7v, 16v, 12v.

⚈ ‘la cour des Tuileries’

La cour des Tuileries est mentionnée dans 17606, 166v, 16v, 13v.


⚈ ‘la rue de Rohan’

La rue de Rohan est mentionnée dans 7v, 16v.


‘la place de la Concorde’

Le 22 février 1848, la place de la Concorde a été le théâtre d'une manifestation populaire qui a conduit à l'abdication du roi Louis-Philippe et à la proclamation de la République. Cette journée a été marquée par l'assemblée de la foule, qui a appelé à la réforme et à la liberté. Louis-Philippe, en réponse à cette manifestation, a appelé l'armée et les gardes nationaux pour réprimer les révolteurs. Cette intervention militaire a été un tournant dans l'histoire de la France, marquant le début d'une période de transition vers la République.
La place de la Concorde est mentionnée dans les brouillons 17607, fo13v.


‘Place du Carrousel’

La place du Carrousel est mentionnée dans17606, 166v, 16, 12, 7v.


‘l’hôtel de Nantes’

Immeuble à six étages abritant une auberge et un débit de boissons, l'hôtel de Nantes se trouvait à l'angle des rues de Chartres et Saint-Nicaise, à l'intérieur de la cour du Louvre (cour Napoléon). L'immeuble sera démoli en 1850 pour le chantier du Louvre (réunion du Palais du Louvre et des Tuileries).
L´Hôtel de Nantes est décrit dans 7v, 16v, 13v.


‘Louvre’

Le Louvre est décrit dans 16v, 13v.


‘Salle à manger’

Du Camp a fait cette description :

Dans une salle à manger prenant jour sur le jardin et située au rez-de-chaussée, nous vîmes une table servie: sur une grande nappe blanche des bols de lait, des cafetières d’argent au chiffre du roi, des petits pains dans des corbeilles. Souvenirs, p. 94.

— Commentaire : Cento, p. 193

MSS: 17606, 161v, 12, 16v, 13v

 

‘Salle des Maréchaux’

Flaubert fit la note documentaire suivante:

Les portraits de Soult et de Bugeaud lacérés. [...] On respecta les portraits des Princesses, du duc de Wurtemberg et de Joinville
Portrait de Bugeaud, arraché, fo 157 (Résumé)

Du Camp : Dans la salle des Maréchaux, le seul portrait du maréchal Bugeaud avait été arraché et lacéré, Du Camp, Souvenirs, p. 94.

MSS: 17606, 166v, 12, 7v.

 

DÉGATS

 

‘glaces’

On a recueilli aux Tuileries et au Palais-Royal 25 mille kilogrammes de fragments de glaces et de cristaux. Dix tombeaux de débris de porcelaines de Sèvres, mille kilogrammes de fragments de glaces et de cristaux. fo 175 (Louis Tirel, La République dans les Carrosses du roi).

Flaubert note :

Aux Tuileries : 25 mille kilos de fragments de glace et de cristaux
dix tombereaux de débris de porcelaine de Sèvres, fo 140 (Résumé).

 Daniel Stern a fait cette description :

Pendant que les uns, pour assouvir de sauvages colères, se ruent sur les objets inanimés, brisent les glaces, les lustres, les vases de Sèvres, mettent en pièces les tentures, déchirent, foulent aux pieds, brûlent, au risque d’allumer un effroyable incendie, livres, papiers, lettres et dessins Histoire de la Révolution de 1848, p. 173, Note 1.

Les glaces sont mentionnées dans 17606, 166v, 16, 12, 12v.

 

‘tableaux’(06, 166v, 12, 7v )

Flaubert fit la note documentaire suivante :

Les portraits de Soult et de Bugeaud lacérés. [...] On respecta les portraits des Princesses, du duc de Wurtemberg et de Joinville
Portrait de Bugeaud, arraché, fo 157 (Résumé)

Cf. Du Camp : Dans la salle des Maréchaux, le seul portrait du maréchal Bugeaud avait été arraché et lacéré, Du Camp, Souvenirs, p. 94.

— MSS: 17606, 166v, 12, 7v.

 

‘barils’

Flaubert note :

Pendant la 1ère heure, pas de pillage. «Aux caves» deux barils de rhum dans l’appartement du Prince de Joinville - les pertes éprouvées par les personnes attachées au service du roi s’élèvent à plus de 500.000 francs. fo175.

 

‘dentelles’

- Dans les combles, des femmes mirent des robes de soie et des dentelles par-dessus leur haillons - d’autres remplissent leurs poches de brocarts ou de franges d’or, fo175.

Les appartemens { sic} du duc d’Orléans restés intacts - fo175v.

 

‘trône’

Flaubert fit les notes documentaires suivantes, sur un incident d'une valeur symbolique :

Le trône jeté par la fenêtre, porté sur la Bastille et brûlé au pied de la colonne de juillet - lorsque les tapissiers vinrent pour enlever le dais, les blessés se jetèrent dessus et s’en firent des calottes rouges, fo 175v, (Louis Tirel, La République dans les Carrosses du roi).
un homme du peuple s’assoit sur le trône et proclame la République, fo 181, (Histoire de l’Armée et de tous les Régiments)
Aux Tuileries, envahissement de la Salle-du-Trône. (un bourgeois mit la robe <de chambre> de Louis-Philippe, et harangua le peuple «c’est toujours avec un nouveau plaisir» fait vu et rapporté à moi par Edmond de Goncourt) - On s’asseoit dessus. Le Peuple est Roi «fantaisie grotesque. mythe profond», fo 190, Garnier-Pagès, Histoire de la Révolution

L'incident est décrit par d'autres mémorialistes :

Dans la salle du Trône, un homme assez bien vêtu s’était assis sur le grand fauteuil doré recouvert de velours rouge; on faisait toutes sortes de mômeries autour de lui: on le saluait jusqu’à la terre; il dit : << Messieurs, c’est toujours avec un nouveau plaisir que je me trouve au milieu de vous», Du Camp, Souvenirs, p. 95;

Un gamin, entrant l’un des premiers sous le vestibule du château, se retourna vers le peuple, et employant l’une des formules adoptées dans les discours de la couronne, s’écriaent mettant la main sur son cœur: « Messieurs, c’est toujours avec le plus grand plaisir que je me vois entouré de mon peuple», Journées de la Révolution de 1848.

 Arraché et précipité par la fenêtre, le trône fut porté à bras sur la place de la Bastille et brûlé au pied de la colonne de Juillet, (Louis Tirel, La République dans les carrosses du roi, p. 89).

M. Dumoulin fit jeter par les fenêtres le trône destiné aux cérémonies royales; la foule s’en empara, le promena sur les boulevards et le brûla ,sur la place de la Bastille, Auguste Nougarède, La Vérité sur la révolution de février 1848, p. 221.

Enfin, vers trois heures, le trône, incessamment foulé aux pieds par les insurgés, qui avaient tous voulu y monter à leur tour, est enlevé à bras et descendu par le grand escalier dans le vestibule du pavillon de l’Horloge. On prépare une marche triomphale [...] le fauteuil est porté sur les épaules de quatre ouvriers, que suit une foule nombreuse, Daniel Stern, Histoire de la Révolution de 1848, p. 174.

— Commentaire : François (p. 51) croit que la description de cette scène a été probablement suggéree à Flaubert par une gravure de L’Illustation du 4 mars. Guisan se demande si Flaubert a été témoin du fait qu’il décrit [...] ou si, rencontrant ce détail qui répond à son goût du pittoresque et du dérisoire dans l’une de ses lectures, il ne manque pas de l’exploiter. Plusieurs sources possibles sont suggérées: Louis Tirel, La République dans les Carrosses du roi; Auguste Nougarède, La Vérité sur la révolution de février 1848; Daniel Stern, Histoire de la Révolution de 1848. En indiquant que c’est un blousier qui s’assoit sur le trône, Flaubert suit sa note sur Jules Du Camp, Histoire de l’Armée et de tous les Régiments, plutôt que Garnier-Pagès, Histoire de la Révolution où c’est ‘un bourgeois’ qui occupe le trône. La plaisanterie rapportée par Garnier-Pagès, qui n’est pas utilisée par Flaubert, se trouve dans le récit de Du Camp, qui se rappelle peut-être la note de Flaubert (Cento, p. 194). Guisan constate que dans de nombreux écrits il n’est pas question d’un trône lancé par les fenêtres (L’Illustration, 4 mars 1848; Le Constitutionnel, 25 février 1848. Voir aussi Stern, Histoire de la Révolution de 1848, pp. 174-5).

L'incident est évoqué dans les esquisses 17606, 161v, 166v, 16, et dans le brouillon 17607 12v.

 

‘quel mythe’

Flaubert fit la note documentaire suivante:

Aux Tuileries, envahissement de la Salle-du-Trône. (Un bourgeois mit la robe <de chambre> de Louis-Philippe, et harangua le peuple «c’est toujours avec un nouveau plaisir» fait vu et rapporté à moi par Edmond de Goncourt) - On s’asseoit dessus. Le Peuple est Roi, «fantaisie grotesque. mythe profond», fo 190, Garnier-Pagès, Histoire de la Révolution.

— Commentaire : L’observation attribuée à Hussonnet a peut-être suggérée par celle rapportée par Garnier-Pagès.

 

DÉTAILS HISTORIQUES

 

⚈ ‘banquet de la Réforme’

Plaisanterie relative à l'interdiction du banquet du 22 février. La campagne des banquets est une contestation politique prenant la forme d'environ 70 réunions organisées dans toute la France entre 1847 et 1848. Face à l'interdiction des réunions politiques, elle est le moyen trouvé par les réformateurs pour demander l'élargissement du corps électoral et s'opposer aux décisions prises par le gouvernement conservateur de François Guizot. Devant l'ampleur prise par le mouvement, le gouvernement fait preuve de fermeté, refusant d'ouvrir le débat, et fait interdire une de ces réunions, qui devait se tenir à Paris le 22 février 1848. Si les plus modérés prennent alors du recul vis-à-vis de ces initiatives, il est trop tard pour faire machine arrière et des protestations surviennent le jour dit, qui entraînent la révolution de février .

Flaubert fit la note documentaire suivante:

tuileries. salle voûtée - assis «banquet de la Réforme» ôtent les bayonettes, fo 157 (Résumé).

La plaisanterie a été noté par d'autres :

Qu’on nous permette […] de citer deux mots excellents qui caractérisent l’esprit de la population parisienne. Les habitants du château s’étaient enfuis si promptement qu’ils n’avaient pas même eu le temps de déjeuner. Les tables étaient servies. Quelques hommes du peuple s’attablèrent et l’un d’eux s’écria: «Il n’a pas voulu permettre le banquet de la Réforme. Eh bien! Nous venons le faire chez lui», Journées de la Révolution de 1848, p. 108

Des hommes s’assirent et mangèrent; l’un s’écria : « C’est notre banquet de la réforme! » Le mot eut du succès et l’on rit beaucoup. Du Camp, Souvenirs, p.94.

— Commentaire : La plaisanterie sur le Banquet de la Réforme est historiquement exacte. Cento (p. 193) fait remarquer que d’autres historiens ont rapporté cette plaisanterie.
La plaisanterie est intégrée dans l'esquisse 17607 12, et dans les brouillons 17607 7v, 16v, 13v.

 

'le livre des visiteurs’

Flaubert fit la note documentaire suivante sur un incident semblable :

Prise des Tuileries
sur le registre des visiteurs Étienne Arago s’inscrivit. beaucoup d’autres imitèrent cette plaisanterie fo181 (Jules Du Camp Histoire de l’Armée et de tous les Régiments).

Voici la source de cette note :

En entrant au palais des Tuileries, quelques minutes après la prise du Château-d’Eau, M. Étienne Arago trouva au rez-de-chaussée un registre où s’inscrivaient naguère les visiteurs de la famille royale. Prendre une plume, ouvrir le registre, y écrire son nom, fut pour M. Arago l’affaire d’un instant; et une multitude de citoyens s’amusèrent à continuer cette innocente plaisanterie, Jules Du Camp Histoire de l’Armée et de tous les Régiments, (I, p. 306).

— Commentaire : Guisan (p. 193) cite un passage tiré du livre de C. Robin, Histoire de la Révolution de 1848, qui contient ce renseignement. Wetherill (Note 566)remarque que le geste attribué à Hussonnet se caractérise avant tout par sa banalité. Voir aussi Cento, p. 200; Raitt, p. 293.
L'incident est évoqué dans les esquisses 17606, 161v, 17607 12, et dans les brouillons 17607 7v, 16v, 13v.

 

⚈ ´laquais’

Les laquais sont mentionnés dans l'esquisse 17606, 161v.

 

‘pendule’

— Source : L’heure indiquée par la pendule est proche de celle donnée dans le récit de Du Camp :

Nous montâmes au premier étage; je regardai l’heure à une pendule placée sur un très-belle cheminée en marbre vert de mer incrustée de camées ; il était une heure et dix minutes, Souvenirs, p. 94.

— Commentaire : Guisan (p. 193) fait remarquer que, selon Charles Robin (Histoire de la Révolution de 1848, I, p. 306), la pendule marquait ‘une heure et demie’ et se demande si Flaubert a ‘pris la moyenne’.

L'heure est indiquée dans les esquisses 17606, 166v, 17607 12, et dans le brouillon17607 7v.

 

‘boiseries’

Du Camp a relevé ce détail :
C’était une houle; les rampes s’écartaient sous le poids latéral qui les pressait, Du Camp, Souvenirs, p. 96.

— Commentaire : François (p. 52) observe à juste titre que le verbe ‘s’écarter’ s’entend mieux de boiseries.
Les boiseries sont mentionnées dans les esquisses 17606, 166v, 17607 16, 12, et dans le brouillon 17607 12v.

 

⚈ ‘mascarade’

L'atmosphère carnavalesque est évoquée par les mémorialistes :

Dans les combles, des femmes mirent des robes de soie et des dentelles par-dessus leurs haillons. - d’autres remplissent leurs poches {sic} de brocarts ou de franges d’or. fo 175, Louis Tirel, La République dans les Carrosses du roi),

Les enfants se revêtent de robes de chambre en velours, se font des ceintures avec des franges d’or et des torsades de rideaux, des bonnets pyrygiens avec des morceaux de tentures. Les femmes font ruisseler dans leurs cheveux les essences parfumées qu’elles trouvent sur les tables des princesses. Elles fardent leurs joues, couvrent leurs épaules de dentelles et de fourrures, ornent leurs têtes d’aigrettes, de bijoux, de fleurs; elles se composent avec un certain goût burlesque des parures extravagantes, Daniel Stern, Histoire de le Révolution de 1848, p.174

— Commentaire : L'atmosphère est décrite dans les esquisses17606, 166v, 16.

 

‘un cheval mort’

Ce cheval a été décrit par un témoin oculaire :

Le peuple l’ayant aperçu à la hauteur du phare à gaz, une forte décharge se fait entendre, et le cheval du piqueur tombe criblé de balles; son cavalier, qu’on voit jeter (sic) par-dessus la tête du cheval et courir vers la grille, tombe sous l’Arc de Triomphe, pour ne plus se relever, Le Peuple aux Tuileries et à la Chambre des Députés, p. 5.

— Commentaire : Guisan (p. 193) explique que le cheval mort est le cheval d’un piqueur de la maison du roi, qui tentait de s’enfuir, tel que l’épisode est raconté par un Italien, dans Le Peuple aux Tuileries et à la Chambre des Députés, Paris 1848.

Le cheval mort est mentionné dans l'esquisse 17607 12, et dans les brouillons 17607 7v 16v, 13v.

 

⚈ ‘bayonnettes’

Flaubert fit la note documentaire suivante:

tuileries. salle voûtée - assis «banquet de la Réforme» ôtent les bayonettes
On parle de [l’éloignement] <la Régence> qui va être proclamée, fo 157 (Résumé).

Du Camp a fait la même observation :

Il n’y avait certainement pas plus de deux cents personnes dans les appartements. Le sentiment qui dominait était la curiosité; nulle haine, nulle colère, nul ressentiment. On remettait les baïonnettes au fourreau pour éviter de briser les lustres ou de déchirer les tentures; en un mot, on était fort respectueux, Souvenirs, pp.94-5.

— Commentaire : Il ne s’agit pas d’une véritable source mais plutôt d’une chose vue par Flaubert. Selon Alberto Cento, (p. 194) Du Camp aurait lu la note de Flaubert au moment où il écrivait ses Souvenirs (Cento, p. 194).

 

PALAIS-ROYAL

 

PERSONNAGES HISTORIQUES

 

Lamartine

Lamartine joue un rôle important au moment de la révolution de 1848. Député de Mâcon, il proclame la République le 24 février et impose le drapeau tricolore face au drapeau rouge : « Citoyens vous demandez le Drapeau rouge à la place du Drapeau Tricolore. Citoyens ! pour ma part, le drapeau rouge je ne l’adopterai jamais ; et je vais vous dire dans un seul mot pourquoi je m’y oppose de toute la force de mon patriotisme. C’est que le drapeau tricolore, citoyens, a fait le tour du monde, avec la République et l’Empire, avec nos libertés et nos gloires, et que le drapeau rouge n’a fait que le tour du champ de Mars, traîné dans les flots de sang du peuple. » Lamartine occupe ensuite pendant trois mois le poste de ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement provisoire puis siège à la commission exécutive instituée le 9 mai par l'Assemblée. Il se retire de la vie politique après sa lourde défaite à l’élection présidentielle des 10 et 11 décembre 1848, alors que Louis-Napoléon Bonaparte l’emporte.

Flaubert fit la note documentaire suivante :
Lamartine, Dupont de l’Eure, Ledru Rollin se portent à l’hôtel de ville par les quais.
Première proclamation de Lamartine (305), fo 190v

— Commentaire : Lamartine est mentionné plusieurs fois. Le nom paraît dans l'esquisse fos 21v et dans les brouillons 17607 20v, 25, 26, 6v.

  

‘Polytechnicien’

Flaubert fit la note documentaire suivante :

Polytechnique - supplier que les tableaux ne soient pas abîmés – fo 157v.

Du Camp a raconté le même incident :

J’avisai une coupe d’argent revêtue de médailles d’or antiques d’une sérieuse valeur et d’une grande beauté. Je la ramassai et demandai grâce pour un objet précieux à tous les titres: on me mit lestement en joue, et je jetai la coupe dans les flammes. Je m’adressai à un élève de l’École polytechnique, qui promenait son élégant uniforme au milieu de chemises débraillées et des blouses en loques; je lui expliquai qu’il y avait dans le palais des tableaux rares, signés de noms illustres, qu’il fallait essayer de les arracher à une destruction certaine; le pauvre jeune homme m’écoutait sans me comprendre; enfin, levant un geste découragé, il me dit: - «Que voulez-vouz que j’y fasse?», Du Camp, Souvenirs, p. 101.

— Commentaire : Il s’agit peut-être d’une intervention que Flaubert avait vue et que Du Camp se rappelle en écrivant ses Souvenirs. Mais, encore une fois, il semble peu probable que Flaubert ait copié les notes de Du Camp (Voir François, p. 54: ‘On aura remarqué que le colloque avec le polytechnicien "imbécile" signalé par Flaubert, est très précisément, et non sans quelque développement, rapporté par Du Camp à lui-même, ce qui pose, avec un peu d’insistance, le problème de ce ce que nous avons cru pouvoir appeler tout à l’heure un "résumé" et qui serait aussi bien une copie). Alberto Cento a sans doute raison (p. 192) en insistant que la note de Flaubert prouve qu’il n’a pas suivi Du Camp en racontant l’intervention du ‘polytechnicien’. Voir aussi Raitt: ‘Dans ses Souvenirs, Du Camp raconte qu’il a engagé en vain un polytechnicien à intervenir. Une note de Flaubert rappelle le même incident’, p. 294.

Le polytechnicien est mentionné dans les brouillons 17606 fos 175v, 177v et 17607 fos 21, 18v.

 

‘valets’

Selon Du Camp, Flaubert a été témoin de cet incident :

Toute la valetaille du château, debout dans le large chéneau qui précède les combles à lucarnes, déchirait ses livrées et les lançait dans le jardin; nous tournâmes le dos avec dégoût, Souvenirs, p. 104.

— Commentaire : Voir François (p. 54) a noté que le même incident a attiré l’attention de Du Camp et de Flaubert.

Ce détail paraît dans les esquisses 17607 fos 161v, 166v,et dans les brouillons 17606, fos 181v, 179v et 17607 fos 21, 18v, 22.

 

‘blessés’

Flaubert fit la note documentaire suivante :
À un malade : «Où souffrez vous ? —Mon soulier m’a fait mal au pied». fo 157v.

Du Camp raconte le même incident:

Je l’interrogeai avec un soupir profond, il me répondit: - «Ah! Je suis faible. – Êtes-vous blessé? – Ah! Oui, je le crois bien, je suis blessé, et fortement encore! – A quel endroit? – Au pied; ah! Mon pied est perdu! Je n’avais rien fait, pourquoi m’a-t-on mené à la guerre? – Est-ce un coup de feu qui vous a blessé? – Non, monsieur, c’est mon soulier!» Je remis cet éclopé entre les mains des internes des hôpitaux qui, la serpillière blanche sur leurs vêtements, arrivaient suivis des infirmiers portant des brancards, Souvenirs, p. 103.

— Commentaire : Selon Alberto Cento (p. 194), Du Camp aurait lu la note de Flaubert au moment où il écrivait ses Souvenirs.

Les blessés sont mentionnés dans les esquisses 17607 fo 166v, 17607 fo16, et dans les brouillons 17606 fo 177v, 17607 fos 21, 18v, 6, 17.

 

‘gardes municipaux’

Flaubert fit la note documentaire suivante :

[compagnie] <peloton de> Municipaux capotte et en bonnet de police, saluent très bas, fo157.

Du Camp raconte le même incident :

Je reconnus des soldats de la garde municipale à cheval, sans arme et en petite tenue. Arrivés à dix pas de nous, ces hommes ôtèrent leur bonnet de police, et, le visage souriant avec contrainte, ils saluèrent. Un d’eux prononça une courte phrase et je distinguai les mots «Peuple et cause sacrée». Derrière moi, j’entendis armer les fusils; Flaubert et moi échangeâmes un coup d’oeil et nous comprîmes. D’un élan, nous étions près des gardes, les embrassant, leur serrant la main et les appelant : «Nos frères égarés!», Souvenirs, p. 97.

— Commentaire : Il s’agit selon toute probabilité d’un incident dont Flaubert a été témoin. Comme l’a vu Alberto Cento (p. 188), plusieurs éléments de la note documentaire sont intégrés dans les brouillons. Cela met en question l’analyse de François, qui insiste sur la transformation de l’épisode par Flaubert (‘On comprend, à la rigueur, que l’auteur de L’Éducation ne cherche pas à se mettre en scène en sauvant les gardes municipaux. Mais quand même, pour l’amour de la couleur, l’anecdote est mutilée, déformée. On dirait que Flaubert prenne plaisir à avilir l’humanité.’, pp. 52-3). Comme le suggèrent Cento (p. 188) et Maranini (p. 32), c’est plutôt Du Camp qui a mutilé et déformé l’épisode, en prétendant que l’intervention racontée aurait pu sauver la vie des gardes minicipaux. Voir aussi Raitt, p. 294

Cet incident est relaté dans les brouillons 17606 fos 175v, 177v et 17607 fos 18, 21v.

 

‘cadavres’

Flaubert fit la note documentaire suivante :

[D]<S>ur la place même de la (sic) Palais royal paille - cadavres de soldats 14e ligne entassés, f 157.

Du Camp a fait la même observation :

Dans un coin de la place, sur un tas de paille, les onze cadavres étaient couchés, les uns prés des autres, la lèvre noire de poudre et la face convulsée, Souvenirs, p. 100.

— Commentaire : Voir Raitt, p. 294.

 

Duchesse d’Orléans

Hélène Louise Élisabeth de Mecklembourg-Schwerin (1814-1858), est l'épouse du prince royal et duc d'Orléans, fils aîné du roi Louis-Philippe. En février 1848, le roi Louis-Philippe est poussé par la révolution à l'abdication. Il quitte le territoire français sans résister aux insurgés. Cependant, la duchesse d'Orléans n'est pas disposée à renoncer aux droits de ses deux enfants, le comte de Paris et le duc de Chartres. Elle se présente donc à l’Assemblée avec eux, accompagnée par son beau-frère, Louis d'Orléans, duc de Nemours, pour essayer de faire proclamer l’aîné roi des Français. Conscient de son impopularité, le duc de Nemours est prêt à renoncer au titre de régent au profit de sa belle-sœur. Mais cette tentative est un échec : l'assemblée proclame la république.

Flaubert fit la note documentaire suivante :
On parle de [l’éloignement] <la Régence> qui va être proclamée fo 157.

— Commentaire : Raitt (p. 295) rappelle que dans l’acte d’abdication de Louis-Philippe, la duchesse d’Orléans était nommée régente, mais la foule envahit la Chambre avant que les députés aient pu se prononcer.

 

LIEUX

 

‘Palais Royal’

Le Palais-Royal est un haut lieu de l’histoire de France et de la vie parisienne. Construit par Richelieu en 1628, le Palais-Cardinal, donné au roi Louis XIII en 1636, sert de résidence à la régente Anne d'Autriche (1601-1666) et à Louis XIV enfant pendant les troubles de la Fronde. Donné en apanage à Philippe d'Orléans en 1692, il devient le palais des Orléans. Le Régent y réside. Louis-Philippe d'Orléans en fait la demeure royale en 1830. Le Palais-Royal est ainsi la victime de la Révolution de 1848. Le palais est pillé, les tableaux brûlés ou lacérés, les meubles et objets d’art jetés par les fenêtres. 

Du Camp raconte la scène qui a eu lieu dans le Palais-Royal dans ses Souvenirs, pp. 100-3.

— Commentaire : Flaubert a basé sa description sur ce qu’il avait vu et éprouvé lui-même. Selon Maxime Du Camp il est entré dans la Cour du Palais et a été témoin du pillage et de la destruction.. Il faut noter, cependant, que le récit de Du Camp fut rédigé après la parution de L’Éducation sentimentale et que le roman a pu fournir certains détails présentés dans les Souvenirs. Voir François, pp. 53-55.

 

‘Hôtel de Ville’

L’Hôtel de ville est mentionné dans les notes documentaires :
    Lamartine, Dupont de l’Eure, Ledru Rollin se portent à l’hôtel de ville par les quais.
    Première proclamation de Lamartine (305) fo 190v.

Flaubert fait allusion à l'Hôtel de Ville dans l'esquisse 21v.

 

DÉGATS

 

‘incendie’

Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

Cours du Palais Royal 7 bûchers, fo 157

au pied de la façade du côté du jardin, - énorme bûcher. le feu sape la muraille. les flammes dépassant le 1er étage. Mr Lançon, décoré de juillet arrête l’incendie. et sauve ainsi le château, 53. fo 183

Du Camp donne les détails suivants,

Cinq grands feux étaient allumés; on y précipitait les meubles, les glaces, le porcelaines, rien ne fut sauvé, Souvenirs, p. 101.

— Commentaire : Comme l’a remarqué Raitt, Du Camp mentionne cinq bûchers, mais les notes de Flaubert donne le chiffre sept. Cento semble avoir raison quand il affirme (p. 191) qu’encore une fois Flaubert n’a pas résumé les notes de Du Camp, comme le prétend François ‘(Par rapport au récit de Du Camp, c’est presqu’un résumé, dans lequel rien n’est ajouté ni changé, si ce n’est un chiffre, celui des bûchers passés de cinq à sept, par crainte peut-être d’une flamme insuffisante’), mais s’est basé sur ses propres yeux.

L'incendie est décrite dans les esquisses 17606, 166v

⚈ ‘pompes’

Flaubert fit la note documentaire suivante :

pompes - coups de sabre pour les couper donnés par les vauriens, fo 157v

Du Camp donne la description suivante :

Je me rappelle un des insurgés, les manches retrousssées, ivre et titubant, qui faisait des efforts désespérés pour renverser les pompes; on le repoussait, sans trop de violence, car il était armé. Ce vainqueur, complètement abruti, s’en prit aux tuyaux sur lesquels il frappa à grands coups de sabre; mais le sabre n’avait point de fil, mais les tuyaux de cuir gonflés d’eau étaient très-résistants, l’arme rebondissait et rebondit si bien, qu’elle heurta le front de l’ivrogne, Souvenirs, p. 102.

 

DÉTAILS HISTORIQUES

 

‘petits papiers’

On n’a pas trouvé de note documentaire sur ce détail que l’on dirait ‘historique’.

Ce détail paraît dans les esquisses 17606, fos 161v, 166v, 17607, fo 12, et dans les brouillons 17606, fos 179v, 181v, 17607, fos 21, 18v, 22.

 

‘ambulances’

Flaubert fit la note documentaire suivante:

<ambulances galerie d’Orléans> bonbons, verres de vin apportés par des femmes à un malade «oh souffrez nous. mon soulier m’a fait mal au pied » fo 157v

Du Camp donne la description suivante :

Dans la galerie d’Orléans, on avait improvisé une ambulance; les coussins des canapés royaux servaient de matelas, et sur les blessés on avait étnedu, en guise de couverture, les lourds rideaux de velours rouges bordés de crépines d’or. Souvenirs, p. 102

Les ambulances sont mentionnées dans l'esquisse 17606, 166v, etc

— Commentaire : Voir Cento, p.185 et Raitt: Les notes personnelles de Flaubert rappellent une «ambulance galerie d’Orléans», et font état de «bonbons, verres de vin apportés par des femmes».

 

‘godaille’

Populaire : Débauche de table et de boisson.
Flaubert fit la note documentaire suivante :

au Palais Royal, 7 barriques furent mises debout, défoncées et vidées, fo 175v, La République dans les Carosses du roi

Du Camp donne la description suivante:

Non-seulement on dévastait les appartements, mais on avait forcé l’entrée des caves, et l’on y but tant que l’on y mit le feu. Du Camp, Souvenirs, p. 101.

Ce détail paraît dans les esquisses 17606, 166v, 17607 fo 16, et dans les brouillons 17606 fos 167v, 177v, 181v 17607 fos 21, 18v.

 

‘atmosphère’

Nous n’avons pas trouvé de source pour la description de l’atmosphère.

MSS : 17606, 166v, 16, etc.

 

‘décharges de fusils’

On n’a pas trouvé de note documentaire sur ce détail que l’on dirait ‘historique’.

MSS : 17606, 166v, 17, etc.

 

‘proclamation de la République’

Sous l’impulsion des libéraux et des républicains, le peuple de Paris, à la suite d’une fusillade, se soulève et parvient à prendre le contrôle de la capitale. Louis-Philippe refusant de faire tirer sur les Parisiens, est donc contraint d’abdiquer en faveur de son petit-fils, Philippe d’Orléans, le 24 février 1848. Le même jour, dès 15 heures, la Seconde République est proclamée par Alphonse de Lamartine, entouré des révolutionnaires parisiens. Vers 20 heures, un gouvernement provisoire est mis en place, mettant ainsi fin à la Monarchie de Juillet.

Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

Lamartine, Dupont de l’Eure, Ledru Rollin se portent à l’hôtel de ville par les quais.
Première proclamation de Lamartine (305) fo 190v

La proclamation de la République est racontée dans Du Camp, Souvenirs, pp. 106-7.

— Commentaire : Voir François, p. 55.

Flaubert fait allusion à la proclamation dans 17606, 166v, 21, 20v, etc.

 

‘mairie de Paris’

Flaubert fit la note documentaire suivante:

La création d’une Mairie centrale de Paris était tout de suite une imitation de la 1ère république, fo 185, Journées illustrées de la Révolution

La création d'une mairie est mentionnée dans l'esquisse 17606, 166v, etc.

 

‘gouvernements provisoires’

Le gouvernement provisoire de 1848 a été formé suite à l'abdication de Louis-Philippe le 24 février. Ce gouvernement a été constitué d'une majorité de républicains modérés, mais a également inclus des représentants démocratiques et quelques socialistes. Le gouvernement a été responsable de la proclamation de la République, de l'abolition de la peine de mort pour crimes politiques, et de l'instauration du suffrage universel masculin. Il a également mis en place des mesures sociales telles que la création d'ateliers nationaux pour les chômeurs et la limitation de la journée de travail des adultes. Le gouvernement provisoire a été suivi par une Commission exécutive qui a nommé des ministres hors de son sein.

Flaubert fit la note documentaire suivante:

4 gouvernements provisoires : 1 à la chambre des députés, 2 dans les bureaux du National, 3 dans une des salles de l’hôtel de ville, 4o à la Préfecture de Police ils se rencontrèrent face à face à l’hôtel de ville et se confondirent dans un seul gouvernement. Un 5e voulut se former plus tard dans une salle de l’hôtel de ville et fut dissipé par Lamartine. fo 185, (Journées illustrées de la Révolution).

— Commentaire : Cette note est intégrée dans l'esquisse 17606, 166v.

 

‘Spartacus de Foyatier’

- Spartacus brisant ses liens est une sculpture de Denis Foyatier. La version en marbre, conservée aujourd’hui au Louvre, a été commandée à l’artiste en 1828 par l’administration royale de Charles X.

— Commentaire : Voir Wetherill, Note 571: Pour décrire la pose, et la mise, de Dussardier, Flaubert semble s’inspirer d’une statue [...] Il s’agit d’une statue du Jardin des Tuileries (où Dussardier lui-même se trouve [...]). Cette œuvre, qui date de 1827, fut beaucoup critiquée [...] pour son caractère théâtral. Dussardier serait donc un révolutionnaire à la fois emphatique et stéréotypé qui imitierait les statues de la même manière que Pécuchet imite les illustrations des manuels de jardinage.

Flaubert fait allusion à la statue dans l'esquisse 17607 fo 16, et dans le brouillon 17607 fo 21.

 

‘actes ignobles et charitables’

Flaubert se rappelle peut-être les remarques de Daniel Stern au sujet des deux aspects du comportement du peuple :

Quand le peuple pénètre à travers les décombres fumants, trébuchant sur des cadavres noircis, des vêtements ensanglantés, des lambeaux humains calcinés, épars, il a horreur de sa victoire. Du sein de cette désolation, il enlève les blessés, les prend dans ses bras, les porte dans la galerie du Palais-Royal. […]

Et, pendant que ces soins pieux honorent l’humanité, à deux pas de là, sous le même toit, des hommes qui ne respectent rien, des vandales, saccagent les richesse du palais. […]

Ainsi le peuple se montre au même moment, dans le même lieu, sous les aspects les plus contraires; donnant raison à ceux qui l’aiment comme à ceux qui le redoutent. Ici, courageux, humain, plein de douceur; là, brutal, insensé: honneur ou fléau de la civilisation, espoir ou terreur de l’avenir, Histoire de la Révolution de 1848, pp. 158-9.

Un jugement semblable est exprimé dans les brouillons 17606 fos 181v, 179v 17607 fos 21, 18v.

 

‘communisme’

Enregistré dès 1840, le mot signifie alors : « socialisme préconisant la suppression de la propriété privée ». Le 22 février 1848, la révolution éclate à Paris. Le 24, le roi Louis-Philippe abdique et la République est proclamée. Or au même moment exactement, dès le 23 février, commence à circuler à Londres un texte puissant et radical rédigé par deux jeunes allemands, Karl Marx et Friedrich Engels. Ce texte d’une trentaine de pages, c’est le Manifeste du parti communiste. En 1852, Marx publiera dans une intention critique Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte. Dans cette dernière semaine de février 1848, s’enclenchent ainsi les deux grands mouvements qui vont peu ou prou façonner l’histoire pendant un siècle et demi.

 

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