La chute de la monarchie — Château d'eau — Tuileries — Palais-Royal
PERSONNAGES HISTORIQUES
Louis-Philippe (1773-1850) est le dernier roi à avoir régné en France, entre 1830 et 1848, avec le titre de « Roi constitutionnel des Français ». Bien moins traditionaliste que ses prédécesseurs, il incarna un tournant majeur dans la conception et l'image de la royauté en France. Dix-huit ans à la tête d’un royaume en profondes mutations sociales, économiques et politiques, Louis-Philippe a tenté de pacifier une Nation profondément divisée avec les armes de son époque : mise en place d’un régime parlementaire, accession de la bourgeoisie aux affaires manufacturières et financières, permettant un essor économique de première importance en France.
Flaubert fit les notes documentaires suivantes sur les réactions de Louis-Philippe :
Flaubert fait référence au roi dans les esquisses: 17606, 169v, 10, 11.
⚈ Molé Mathieu Louis de Molé (1781-1855) est un homme d'État français. Il est ministre de la Justice sous l'Empire, de la Marine et des Colonies sous la Restauration, des Affaires étrangères et président du Conseil, de 1836 à 1839. Son nom est plusieurs fois mis en avant dans plusieurs crises et, en février 1848, Louis-Philippe le charge, mais en vain, de former un cabinet pour tenter de sauver la monarchie de Juillet. Le ministère Molé devenait insuffisant. Le roi appela Mr Thiers et investit Bugeaud du commandement général de toutes les troupes. Mr Thiers arriva vers 2 heures de nuit, au château. Le roi chicane et [se]refuse la dissolution de la chambre. [on] accepte pour ministres, Od. Barrot, Remusat, Duverger de Hauranne. fo 189. (Garnier-Pagès, Histoire de la Révolution). Le livre de Daniel Stern contient des détails supplémentaires : Vers onze heures, il apprend par plusieurs aides de camp envoyés en reconnaissance l’événement désastreux…
— Commentaire : Cento, p. 198. Raitt: À la nouvelle que l’émeute recommençait, Molé signa la nomination du général Bugeaud au commandement en chef de l’armée et de la garde nationale, puis démissionna. Le roi appela Thiers pour lui succéder, mais il était trop tard pour contenir l’insurrection, 293. Gothot-Mersch: Ami personnel de Louis-Philippe, le comte Molé avait été Grand Juge sous Napoléon, ministre de la Restauration et des Cent Jours; au pouvoir de 1836 à 1839, il démissionna alors, trouvant sa majorité insuffisante devant la coalition (Guizot, Thiers, Odilon Barrot), note 227.
⚈ Bugeaud Thomas Robert Bugeaud (1784-1849) est un militaire français, principal artisan de la colonisation de l'Algérie.. Au moment de la révolution de février 1848, il reçoit le commandement de l'armée.
Très impopulaire, il se heurte à des refus d'obéissance de la part de la Garde nationale. Effrayé par cette manifestation, Louis-Philippe retire ses ordres, et passe la journée du 23 en vaines négociations. Le 24 février, seul du Conseil de Louis-Philippe, Bugeaud pousse encore à la guerre jusqu'au bout ; mais le roi considère déjà que sacrifier le maréchal serait un moyen de faire la paix avec la Garde nationale. Le haut-commandement est donc placé en d'autres mains, et Bugeaud démissionne. Le nom du Maréchal Bugeaud détruisait tout l’effet de l’avènement de l’opposition. Il commande la retraite à Bédeau, fo 189. Le livre de Daniel Stern contient des détails supplémentaires: Vers onze heures, il apprend par plusieurs aides de camp envoyés en reconnaissance l’événement désastreux…
— Commentaires : Cento, p. 198.
⚈ Thiers Adolphe Thiers (1797-1877) est un homme d'État français. Il contribue aux Trois Glorieuses et joue un rôle décisif dans la mise en place de la monarchie de Juillet. Député, plusieurs fois ministre et deux fois président du Conseil, il est partisan d'une monarchie constitutionnelle dans laquelle « le roi règne, mais ne gouverne pas ». Le 23 février 1848, quand Louis-Philippe comprend la gravité de la situation et accepte la démission de Guizot, il charge le comte Molé puis Thiers de former un nouveau ministère, mais tous deux ont déjà compris qu'il était trop tard. Le livre de Daniel Stern contient les détails suivants : Vers onze heures, il apprend par plusieurs aides de camp envoyés en reconnaissance l’événement désastreux… — Commentaire :
— Commentaire : Cet émeutier devient ‘un jeune homme’ dans les esquisses et les brouillons ultérieurs.
— Commentaire : Un jeune homme blond, à petites moustaches, à pommettes saillantes, et dont le nez avait des dimensions quelque peu exagérées, se tenait immobile près de la barricade, portant un fusil sous le bras, Du Camp, Souvenirs, p. 82. — Commentaire : Guisan, p. 190: E. Maynial s’est demandé l’origine de cette image. Souvenir personnel ? Peut-être celui d’un tableau, - La Liberté guidant le peuple - , de Delacroix ? Décrivant l’assaut, E. Pelletan parle d’ "un jeune homme grand, pâle, et les cheveux blonds, (qui) monta deux fois à l’assaut, parvint sur le perron, pirouetta sur lui-même, et tomba". Ne serait-ce pas là le texte qui a inspiré Flaubert ?
LIEUX
— Commentaire : - Raitt: p. 292.
⚈ ‘rue St Honoré’ — Commentaire : C’est la route suivie par Flaubert et Du Camp: En passant près de la rue Saint-Honoré, nous entendîmes, vers notre gauche, des détonations répétées, Du Camp, Souvenirs, p. 83. Ce détail paraît dans les esquisses 17606, fos 161v, 170v, 165v, et dans les brouillons 17606 fos 158v, 173v, 17607 fos 1, 2.
Le Château-d'eau avait été construit en 1719, sur des dessins de Robert de Cotte, pour assurer un vis-à-vis monumental à la façade du Palais-Royal. Il contenait des réservoirs qui alimentaient à la fois une fontaine sur la place et les bassins du Palais-Royal et des Tuileries. Durant l'attaque du Palais-Royal, le 24 février 1848, le château-d'eau fut complètement détruit par les émeutiers. Flaubert fit les notes documentaires suivantes sur l’assaut du Château d’Eau: Voir Journal de la gendarmerie Nos de juin et juillet 1850 sous le titre de «La garde municipale pendant les journées de février» - selon le journal de la gendarmerie les municipaux du Château d’eau furent massacrés jusqu’au dernier (voyez Garnier-Pagès) 12 voitures étaient prêtes - à peine les deux premières furent-elles dehors que force fut de refermer la porte. une troupe armée accourait en désordre pour s’introduire dans la cour des écuries. - une bande de 25 hommes fait feu à l’entrée de la rue de Rohan sur les voitures du roi. Hairon, piqueur, est tué l’assassin s’empare de son chapeau galonné - l’auteur de l’assassinat est connu et n’a pas été poursuivi. il eut une place de gardien de musée au Louvre. - une femme, portant sur sa [sabre] <robe> sabre et giberne et coiffée d’un képy {sic} militaire s’acharna contre la berline la Saverne, en brisa les glaces à coup de crosse de fusil, détruisit les armes à coups de baionnette. - puis la voiture bourrée de paille, [elle] et allumée elle s’élança sur le siège du cocher et «ses satellites s’attelant au timon de la voiture en feu quittèrent la Cour des écuries en hurlant des chants de triomphe.» l’intérieur seul brûla. elle fut jetée à l’eau au pont des Sts Pères - 25 voitures furent détruites dont le prix total d’achat montait à 196,513 francs.Plus de 200 autres voitures remisées sous la bibliothèque du Louvre, sans la rue du Doyenné, aux Pyramides, au Roule, au parc Monceau, ne furent pas découvertes Louis Tirel, La République dans les Carrosses du roi, Paris, Comon, 1850, fo 175. — Sources : « La résistance du poste du Château d’Eau, cet acte sublime d’honneur militaire, dont les héros plébéiens sont tombés inconnus dans le silence de la mort, protégea la déroute honteuse des Tuileries », Stern, Histoire de la Révolution de 1848, p.157 Le poste du Château-d’Eau était occupé par un détachement du 14e de ligne, qui, réfugié dans cette impasse, portant la responsabilité du massacre dont le régiment était coupable, refusait de se rendre à merci comme les assaillants l’exigeaient, Du Camp, Souvenirs, p. 85. — Commentaire : Il est évident que Flaubert s’est basé sur le livre de Daniel Stern pour maints détails de la description de l’édifice et de l’assaut, tout en se refusant à donner son jugement. - Voir Raitt : Flaubert et Du Camp ont assisté ensemble au combat du Château-d’eau, occupé par les soldats du régiment qui était responsable de la fusillade du boulevard des Capucines. Le récit de Flaubert est rigoureusement exact, p.293. Ce détail paraît dans les esquisses 17606, fos 161v, 170v; 165v, et dans les brouillons 17607 fos 3, 4, 5, 6, 7.
Ce détail est tiré du livre de Daniel Stern: Vers huit heures du matin, le peuple s’était emparé, de gré ou de force, de presque toutes les mairies et de cinq casernes, où il s’était approvisionné de munitions. Il occupait la porte Saint-Denis, la place des Victoires, la pointe Saint-Eustache, tous les points stratégiques de l’intérieur, Stern, Histoire de la Révolution de 1848, p. 132. Ce détail paraît dans l'esquisse 17606 fo 170v, et dans les brouillons 17606 fos 160v, 168v, 17607 fos 3, 4, 5.
⚈ ‘garde nationale’ Ce détail est tiré du livre de Daniel Stern: À vrai dire, le peuple n’avait rencontré nulle part de résistance bien sérieuse. Presque partout la garde nationale, s’interposant entre les combattants, avait jeté l’hésitation dans la troupe. […], Histoire de la Révolution de 1848, p. 141. Ce détail paraît dans les brouillons 17606 fos 160v, 168v.
⚈ ‘l’ordre de suspendre le feu’ Ce détail est tiré du livre de Daniel Stern : En dernier lieu, l’ordre de suspendre le feu, expédié à tous les chefs de vcorps, avec la singulière injonction de garder leurs positions, acheva de déconcerter officiers et soldats. […] Bientôt , il n’y eut plus, dans tout Paris, qu’un seul point qui défendît encore les abords des Tuileries: c’était le poste du Château-d’Eau, sur la place du Palais-Royal. Le peuple s’y précipita, Stern, Histoire de la Révolution de 1848, pp. 141-2. Ce détail paraît dans les brouillons 17606 fos 160v, 168v, 17607 fo 3.
DÉTAILS
Flaubert se souvient ici de ce qu’a rapporté Daniel Stern : Pendant que le glas du tocsin remplit l’air de tristesse et d’anxiété, pendant que la fusillade retentit au loin, le roi, affaissé ou absorbé dans les pensées qu’il ne communique pas, attend, aux Tuileries, le dénouement de la crise ministérielle, Histoire de la Révolution de 1848, p.126 Ce détail paraît dans les esquisses 17606, fos 161v, 170v.
⚈ ‘chariot’ Flaubert fit les notes documentaires suivantes : Un officier de Cavalerie ordonna à un charriot des Messageries Laffitte <transportant des immigrants et> qu'il rencontra <au haut de la> rue de la Paix de prendre les Morts. - «à la Bastille! au National» - — Commentaires :
Flaubert fit les notes documentaires suivantes sur la façon dont l’insurrection s’est organisée le 24 février:
L'insurrection est décrite dans l'esquisse 17606, fo 170v, et dans les brouillons 17606 fos 158v, 160v, 174v, 17607 fos 3, 4, 5.
Flaubert fit les notes documentaires suivantes sur la chute de la monarchie :
— Commentaire : Flaubert se rappelle aussi certains aspects du récit de Daniel Stern, Histoire de la Révolution de 1848, pp.126-50.
Flaubert fit les notes documentaires suivantes sur la construction des barricades:
— Commentaire : Flaubert utilise aussi certain détails rapportés par Daniel Stern, Histoire de la Révolution de 1848, pp. 131-2.
PERSONNAGES HISTORIQUES
Hyacinthe Camille Odilon Barrot (1791-1873) est un homme d'État français, président du Conseil en 1848-1849 sous la présidence de Louis Napoléon Bonaparte. Le 24 février 1848, appelé trop tardivement à former un ministère, il semble alors soutenir la régence de la duchesse d'Orléans devant la chambre ; il tente vainement, en se montrant à cheval sur les boulevards, de calmer l'effervescence générale et l'envolée républicaine.
Source : Il était resté, en effet, dix gardes municipaux avec les soldats de la ligne au nombre de cent. Quarante-huit prisonniers faits dans la nuit, amenés au poste du Château d’Eau par la 14e de ligne, avaient été conduits, vers cinq heures du matin, à la caserne de la rue de Rivoli, où ils furent mis en liberté, Stern, Histoire de la Révolution de 1848, p. 151, Note. — Commentaire : Guisan (p. 191) affirme que Flaubert a repris dans un cinglant raccourci une note de Stern qui, parlant dans son récit de "prisonniers en grand nombre", précise en bas de page: "48 prisonniers, qui en furent retirés à cinq heures du matin". Ce détail paraît dans les esquisses 17606 fos 161v, 170v; 165v .
⚈ ‘une femme’ Flaubert fit la note documentaire suivante :
— Commentaire : Flaubert fait mention de cette femme dans la première esquisse (17606, fo 161v), mais elle ne figure pas dans les esquisses et les brouillons suivants.
Source : Nous n'avons pas trouvé de source pour ce personnage. — Commentaire : Flaubert a-t-il basé sa description sur un personnage réel? Il n’y a pas de note documentaire sur ce garde national et on n’a pas trouvé de source pour les détails fournis. Le rôle de ce garde devient de plus en plus important. MSS: 17606, 170v, 165v — 17607 12.
Flaubert ne fit pas de note documentaire sur ce garçon mais la description rappelle le Gavroche des Misérables (le roman de Hugo paraît en 1862) et celle de Du Camp: « un gamin de treize à quinze ans, nu-bras, sans souliers, juché sur un cheval harnaché d’une housse d’officier supérieur; en main il tenait un fusil de munition armé d’un baïonnette, et sa tête disparaissait sous un énorme chapeau de piqueur de la maison du roi; il donnait des coups de pied dans le ventre de son cheval en disant: «Hue donc!», Souvenirs, p. 90 MSS : Esquisses, 170v, 165v — Château d'eau, 169v2.
Pierre-Marc de Biasi : "Ferdinand Flocon (1800-1866), professeur, écrivain, rédacteur en chef de La Réforme depuis 1843, fit partie du gouvernement provisoire, puis devint ministre de l'Agriculture et du Commerce, avant de devoir s'exiler au 2 décembre 1851. Sa pipe, qui ne le quittait jamais, était devenue un symbole."
⚈ ‘un vieillard’ / Mal Gérard' Étienne Maurice, comte Gérard est un maréchal de France et homme d'État (1773-1852). Grand chancelier de la Légion d'honneur, il est démis de cette fonction par le gouvernement provisoire en février 1848. Flaubert fit les notes documentaires suivantes :
— Commentaire : Selon François, Du Camp aurait prêté à Flaubert ses notes sur ce qu’il avait vu le 24 février et Flaubert les aurait copiées. Mais, comme l’a conclu Cento (p. 193) il est fort probable que Flaubert a pris indépendamment des notes sur ce qu’il avait vu pendant la journée du 24 février et que les deux amis ont ensuite comparé leurs notes. Il y a souvent des variations significatives entre le récit de Du Camp et le roman. Flaubert fournit des détails qui ne se trouvent pas dans Du Camp (par exemple, la selle de velours). Le Maréchal Gérard est identifié dans les esquisses (17606, 161v, 17606, 170v, 06, 165v). Dans les brouillons il devient ‘un bourgeois’(17606, 168v), puis ‘un vieillard’ (17607, 9). Voir Cento, pp. 186-7; Raitt, 293: ‘Nous savons par les Souvenirs et les notes de Flaubert que ce vieillard était le maréchal Gérard, chargé de parlementer avec les insurgés. Du Camp a décrit son apparition presque dans les mêmes termes que Flaubert, mais ce dernier est seul à avoir retenu le détail de la selle de velours’; Wetherill, 564 (Sources: Du Camp et Garnier-Pagès); Gothot-Mersch, Note 231: ‘C’est le maréchal Gérard. Mais alors que les brouillons l’identifient fort bien (17606, 161v), la version définitive s’y refuse’.
Source: Nous n'avons pas trouvé de source pour ce personnage, qui n'est mentionné qu'une seule fois. — Commentaire : Ce soldat n’est mentionné qu’ici : 17607, fo 12.
Source : Nous n'avons pas trouvé de source pour ce personnage. Le grenadier paraît dans l'esquisse 17606 fo 165v, et dans les brouillons 17606 fo 169v, 17607 fos 10, 11, 12
⚈ ‘ les masses’Source: Castille, p. 249 — Commentaire : Comme l’indique la première esquisse, Flaubert a consulté le livre de Castille (Histoire de la seconde République française) mais nous n’avons pas trouvé de notes de lecture sur le livre de Castille. Cento, p. 94. Les masses sont mentionnées dans les esquisses 17606 fos 161v, 170v, 165v, et dans les brouillons 17606 fo 169v, 17607 fos 10, 12.
Flaubert fit la note documentaire suivante :
Source : Ce détail est mentionné dans l'esquisse: 17606 fo 161v.
LIEUX
⚈ ‘Château d’Eau’ (le poste) Le château-d'eau avait été construit en 1719, sur des dessins de Robert de Cotte, pour assurer un vis-à-vis monumental à la façade du Palais-Royal. Il contenait des réservoirs qui alimentaient à la fois une fontaine sur la place et les bassins du Palais-Royal et des Tuileries. Durant l'attaque du Palais-Royal, le 24 février 1848, le château-d'eau fut complètement détruit par les émeutiers. Flaubert fit les notes documentaires suivantes sur l’assaut du Château d’Eau : - voir journal de la gendarmerie Ns de juin et juillet 1850 sous le titre de «La garde municipale pendant les journées de février» — Sources : Le poste du Château-d’Eau était occupé par un détachement du 14e de ligne, qui, réfugié dans cette impasse, portant la responsabilité du massacre dont le régiment était coupable, refusait de se rendre à merci comme les assaillants l’exigeaient, Du Camp, p. 85. — Commentaire : Il est évident que Flaubert s’est basé sur le livre de Daniel Stern pour maints détails de la description de l’édifice et de l’assaut, tout en se refusant à donner son jugement. (cf La résistance du poste du Château d’Eau, cet acte sublime d’honneur militaire, dont les héros plébéiens sont tombés inconnus dans le silence de la mort, protégea la déroute honteuse des Tuileries, Stern, Histoire de la Révolution de 1848, p.157). En outre, selon toute probabilité, Flaubert connaissait les notes de Du Camp, ‘écrites au jour le jour, hâtivement, le soir, lorsque je rentrais du service très-pénible de garde nationale auquel nous étions alors assujettis’ (Souvenirs, p.1). Du Camp déclare son impartialité face à la révolution de février: ‘J’étais, en quelque sorte, dans une situation d’impartialité exceptionnelle pour porter un jugement désintéressé sur les faits don’t j’ai été témoin. Ce jugement n’a point été favorable; cette révolution m’a fort étonné, et j’ai été surtout stupéfait par sa bêtise’, p. 6. Il faut noter, cependant, que le récit de Du Camp fut rédigé après la parution de L’Éducation sentimentale et que le roman a pu fournir certains détails présentés dans les Souvenirs. Guisan (p. 191) affirme que, pour la description de l’édifice, la lecture de Stern reste la source principale de l’information véhiculée par Flaubert. Il doute que Flaubert ait assisté à l’incendie et affirme que ‘pour compléter ses observations – ou les rafraîchir – , le romancier s’appuie […] sur le récit de Stern (p. 192). Selon François, le récit de Du Camp est ‘plus minutieusement exact et photographique’, tandis que celui de Flaubert est ‘plus dramatique et pittoresque’, (p. 48). Raitt affirme que Flaubert et Du Camp ont assisté ensemble au combat du Château d’eau, sans distinguer entre les différentes phases de ce combat (p. 293). MSS: 170v, 165v 3, 4, 5, 6, 7.
La description du perron du bâtiment, intégrée dans la deuxième esquisse (17606, fo 170v) est basée sur le livre de Daniel Stern :
La description des fenêtres du Château-d’Eau correspond de près à celle que l’on trouve dans le livre de Daniel Stern :
— Commentaire : Guisan a noté (p. 191, Note 1) que Stern a peut-être repris une phrase des Journées illustrées de la Révolution de 1848, livre consulté pas Flaubert: "La porte de l’édifice et les volets des fenêtres étaient en chêne massif, percées de meurtrières, et revêtues de lames de fer".
La description du Château d’Eau est basée sur le livre de Daniel Stern :
⚈ ‘Palais-Royal’ Ce détail semble provenir du livre de Daniel Stern mais il n’y a pas de note documentaire correspondante :
MSS : 17606, 165v, 12, 06, 169v.
La rue de Rohan est mentionnée dans les résumés : - une bande de 25 hommes fait feu à l’entrée de la rue de Rohan sur les voitures du roi, fo 175 (Louis Tirel, La République dans les Carosses du roi).
DÉGATS
⚈ ‘voitures’ Flaubert fit les notes documentaires suivantes :
⚈ ‘incendie’ La description de l’incendie est basé sur le livre de Daniel Stern :
— Commentaire : Il est significatif que Flaubert omet dans ses notes de lecture la description de l’intervention du peuple.
⚈ ‘morts’ Flaubert releva dans ses notes une contradiction : les historiens ne s’accordaient pas sur le nombre des morts.
— Commentaire Quelque chose de semblable arriva à Flaubert et à Du Camp :
MSS : esquisse 12 — 17606 161v, 170v, 165v, 169v — 17607 10, 11.
⚈ ‘deux cadavres’ Ce détail se trouve dans le livre de Daniel Stern :
⚈ ‘le sang’ Ce détail se trouve dans le livre de Daniel Stern :
Ce détail se trouve dans le livre de Daniel Stern :
Stern fait mention de la fumée :
Source: H. Castille, Histoire de la seconde république française, Paris, Victor Lecou, 1845-56. — Commentaire : Comme l’indique la première esquisse, Flaubert a consulté le livre de Castille mais on n’a pas trouvé de notes de lecture sur son Histoire de la seconde république française. MSS : 17606, 161v, 165v, 12 — esquisses 170v, 165v — 17607, 5, 6, 7.
Ce détail est basé sur le livre de Daniel Stern :
Ce détail se trouve dans l'esquisse 17606 fo 170v, 17607 fo 12 et les brouillons
Ce chien est mentionné dans le livre de Daniel Stern.
— Commentaire : Guisan (p. 192) a été le premier à signaler que la remarque de l’historienne n’est qu’une note, en bas de page, et observe que ‘l’artiste voit immédiatement le parti à en tirer: il en fait la conclusion de son récit, - qui n’est pas sans philosophie.' Ce détail paraît dans les esquises 17606 fos 170v, 165v, 17607 fo 12; et dans les brouillons 17606 fos 169v, 17607, fos 10, 11.
PERSONNAGES HISTORIQUES
Source : Nous n'avons pas trouvé de note documentaire relative à ce personnage. Le portier devient ‘un homme’ à partir de 17607, fo 7. MSS: 17606, 170v, 17606, 165v.
Nous n'avons pas trouvé de note documentaire relative à ces personnages. Cet homme était d’abord ‘un portier’ (17606, 170v, 165v). MSS : 17606, 161v, 17606, 166v, 16, 12v. — Commentaire : S'agissant de la femme, il est nécessaire de la distinguer d’avec la femme mentionnée en marge du fo. 17606, 165v, qui s’acharne contre la Saverne.
Flaubert fit la note documentaire suivante :
Daniel Stern fait aussi mention de ce garçon :
⚈ ‘cocher’ Nous n’avons pas trouvé la source de ce détail. Le cocher paraît dans les brouillons 17607 fos 12, 7v, 16v, 13v.
⚈ ‘domestiques’ (Voir 'Banquet de la Réforme') Flaubert fit la note documentaire suivante : tuileries. salle voûtée - assis «banquet de la Réforme» ôtent les bayonettes, fo 157 (Résumé). Du Camp mentionne aussi le Banquet de la Réforme : Des hommes s’assirent et mangèrent; l’un s’écria : «C’est notre banquet de la réforme!» Le mot eut du succès et l’on rit beaucoup, Souvenirs, p.94. — Commentaire : Cento fait remarquer que Flaubert et Du Camp ont probablement fait indépendamment des notes sur les événements du 24 février dont ils ont été tous les deux témoins. La référence à la salle voûtée ne se trouve pas dans le récit de Du Camp. Ce détail paraît dans les brouillons 17607 fos 12, 7v, 16v, 13v.
Daniel Stern et Maxime du Camp ont décrit la montée du peuple:
— Commentaire : François (pp. 51-2) compare les récits de l’envahissement du palais par le peuple (Du Camp et Flaubert) et remarque que ‘les deux narrateurs rivalisent de couleur et d’énergie’ et que ‘certaines images, certains mots à l’occasion s’apparentent’. La description du peuple se trouve dans les esquisses 17606, fos 161v, 166v et dans les brouillons 17607 fos, 12, 7v.
⚈ Dunoyer "La première colonne d’insurgés qui pénétra dans la cour, était commandée par un officier de chasseurs de la 10e légion, homme de résolution et de dévouement, le capitaine Dunoyer" (Daniel Stern, Histoire de la Révolution de 1848). Flaubert fit la note documentaire suivante :
— Commentaire : En outre, Daniel Stern a fait un long récit du progrès de la colonne de Dunoyer que Flaubert connaissait selon toute probabilité. Ce détail paraît dans les esquisses 17606 fo 166v, 17607 fo 12, et dans les brouillons 17607 fos 9v, 6v, 22.
⚈ Christian Hoch Flaubert fit la note documentaire suivante :
— Commentaire : Christian Hoch n’est pas mentionné dans les brouillons. Il faut noter que des gardes munipaux sont mentionnés un peu plus tard . Garnier-Pagès a décrit un épisode semblable qui a eu lieu dans la Galerie du Louvre (Histoire de la Révolution de 1848, V, p. 188, cité dans Cento, p. 190).
Daniel Stern décrit ces individus :
— Commentaire : Les deux joueurs d’échecs deviennent les ‘deux amateurs’ qui jouent aux cartes. MSS : 17606, 166v, 16, 12v, 17v, 19.
Flaubert fit la note documentaire suivante : Dans l’ancien vestibule du roi, s’établit une Déesse de la Liberté trônant la pique à la main sur les monceaux de vêtements, fo 175, (Louis Tirel, La République dans les Carosses du roi). — Commentaire : Comme l’a fait remarquer Raitt (p. 294), ‘Presque tous les mémorialistes ont parlé de cette statue vivante’. Guisan (p. 195) observe que la description de Daniel Stern est très proche de Saint-Amand, dans le Drame des Tuileries après la Révolution du 24 février 1848. Il note aussi que le détail des ‘monceaux de vêtements’ se trouve dans Van Ténac, Histoire de la Révolution de 1848, I, p. 259. La note documentaire citée plus haut semble résoudre la question: selon toute probabilité la source principale est le livre de Louis Tirel. Il faut noter que quand il fait mention la première fois du tableau vivant, Flaubert utilise l’expression ‘Déesse de la Liberté’, qui se trouve dans La République dans les Carosses du roi. LIEUX
⚈ ‘Tuileries’ (Palais) Flaubert a basé sa description sur plusieurs sources (Stern, Histoire de la Révolution de 1848, La République dans les Carosses du roi, Histoire de l’Armée et de tous les Régiments, Journées illustrées de la Révolution,Garnier Pagès, Mémoires de Caussidière). ⚈ ‘Tuileries’ (façade) La façade est décrite dans les brouillons 7v, 16v, 12v. ⚈ ‘la cour des Tuileries’ La cour des Tuileries est mentionnée dans 17606, 166v, 16v, 13v. ⚈ ‘la rue de Rohan’ La rue de Rohan est mentionnée dans 7v, 16v. Le 22 février 1848, la place de la Concorde a été le théâtre d'une manifestation populaire qui a conduit à l'abdication du roi Louis-Philippe et à la proclamation de la République. Cette journée a été marquée par l'assemblée de la foule, qui a appelé à la réforme et à la liberté. Louis-Philippe, en réponse à cette manifestation, a appelé l'armée et les gardes nationaux pour réprimer les révolteurs. Cette intervention militaire a été un tournant dans l'histoire de la France, marquant le début d'une période de transition vers la République. La place du Carrousel est mentionnée dans17606, 166v, 16, 12, 7v.
Immeuble à six étages abritant une auberge et un débit de boissons, l'hôtel de Nantes se trouvait à l'angle des rues de Chartres et Saint-Nicaise, à l'intérieur de la cour du Louvre (cour Napoléon). L'immeuble sera démoli en 1850 pour le chantier du Louvre (réunion du Palais du Louvre et des Tuileries). ⚈ ‘Louvre’ Le Louvre est décrit dans 16v, 13v. Du Camp a fait cette description : Dans une salle à manger prenant jour sur le jardin et située au rez-de-chaussée, nous vîmes une table servie: sur une grande nappe blanche des bols de lait, des cafetières d’argent au chiffre du roi, des petits pains dans des corbeilles. Souvenirs, p. 94. — Commentaire : Cento, p. 193 MSS: 17606, 161v, 12, 16v, 13v
Flaubert fit la note documentaire suivante:
Du Camp : Dans la salle des Maréchaux, le seul portrait du maréchal Bugeaud avait été arraché et lacéré, Du Camp, Souvenirs, p. 94.
DÉGATS
⚈ ‘glaces’ On a recueilli aux Tuileries et au Palais-Royal 25 mille kilogrammes de fragments de glaces et de cristaux. Dix tombeaux de débris de porcelaines de Sèvres, mille kilogrammes de fragments de glaces et de cristaux. fo 175 (Louis Tirel, La République dans les Carrosses du roi). Flaubert note : Aux Tuileries : 25 mille kilos de fragments de glace et de cristaux Daniel Stern a fait cette description :
Les glaces sont mentionnées dans 17606, 166v, 16, 12, 12v. ⚈ ‘tableaux’(06, 166v, 12, 7v ) Flaubert fit la note documentaire suivante :
Cf. Du Camp : Dans la salle des Maréchaux, le seul portrait du maréchal Bugeaud avait été arraché et lacéré, Du Camp, Souvenirs, p. 94.
⚈ ‘barils’ Flaubert note : Pendant la 1ère heure, pas de pillage. «Aux caves» deux barils de rhum dans l’appartement du Prince de Joinville - les pertes éprouvées par les personnes attachées au service du roi s’élèvent à plus de 500.000 francs. fo175.
⚈ ‘trône’ Flaubert fit les notes documentaires suivantes, sur un incident d'une valeur symbolique :
L'incident est décrit par d'autres mémorialistes :
— Commentaire : François (p. 51) croit que la description de cette scène a été probablement suggéree à Flaubert par une gravure de L’Illustation du 4 mars. Guisan se demande si Flaubert a été témoin du fait qu’il décrit [...] ou si, rencontrant ce détail qui répond à son goût du pittoresque et du dérisoire dans l’une de ses lectures, il ne manque pas de l’exploiter. Plusieurs sources possibles sont suggérées: Louis Tirel, La République dans les Carrosses du roi; Auguste Nougarède, La Vérité sur la révolution de février 1848; Daniel Stern, Histoire de la Révolution de 1848. En indiquant que c’est un blousier qui s’assoit sur le trône, Flaubert suit sa note sur Jules Du Camp, Histoire de l’Armée et de tous les Régiments, plutôt que Garnier-Pagès, Histoire de la Révolution où c’est ‘un bourgeois’ qui occupe le trône. La plaisanterie rapportée par Garnier-Pagès, qui n’est pas utilisée par Flaubert, se trouve dans le récit de Du Camp, qui se rappelle peut-être la note de Flaubert (Cento, p. 194). Guisan constate que dans de nombreux écrits il n’est pas question d’un trône lancé par les fenêtres (L’Illustration, 4 mars 1848; Le Constitutionnel, 25 février 1848. Voir aussi Stern, Histoire de la Révolution de 1848, pp. 174-5). L'incident est évoqué dans les esquisses 17606, 161v, 166v, 16, et dans le brouillon 17607 12v.
Flaubert fit la note documentaire suivante:
— Commentaire : L’observation attribuée à Hussonnet a peut-être suggérée par celle rapportée par Garnier-Pagès.
DÉTAILS HISTORIQUES banquet de la Réforme’ Plaisanterie relative à l'interdiction du banquet du 22 février. La campagne des banquets est une contestation politique prenant la forme d'environ 70 réunions organisées dans toute la France entre 1847 et 1848. Face à l'interdiction des réunions politiques, elle est le moyen trouvé par les réformateurs pour demander l'élargissement du corps électoral et s'opposer aux décisions prises par le gouvernement conservateur de François Guizot. Devant l'ampleur prise par le mouvement, le gouvernement fait preuve de fermeté, refusant d'ouvrir le débat, et fait interdire une de ces réunions, qui devait se tenir à Paris le 22 février 1848. Si les plus modérés prennent alors du recul vis-à-vis de ces initiatives, il est trop tard pour faire machine arrière et des protestations surviennent le jour dit, qui entraînent la révolution de février . Flaubert fit la note documentaire suivante:
La plaisanterie a été noté par d'autres :
— Commentaire : La plaisanterie sur le Banquet de la Réforme est historiquement exacte. Cento (p. 193) fait remarquer que d’autres historiens ont rapporté cette plaisanterie.
Flaubert fit la note documentaire suivante sur un incident semblable :
Voici la source de cette note :
— Commentaire : Guisan (p. 193) cite un passage tiré du livre de C. Robin, Histoire de la Révolution de 1848, qui contient ce renseignement. Wetherill (Note 566)remarque que le geste attribué à Hussonnet se caractérise avant tout par sa banalité. Voir aussi Cento, p. 200; Raitt, p. 293.
⚈ ´laquais’ Les laquais sont mentionnés dans l'esquisse 17606, 161v.
— Source : L’heure indiquée par la pendule est proche de celle donnée dans le récit de Du Camp :
— Commentaire : Guisan (p. 193) fait remarquer que, selon Charles Robin (Histoire de la Révolution de 1848, I, p. 306), la pendule marquait ‘une heure et demie’ et se demande si Flaubert a ‘pris la moyenne’. L'heure est indiquée dans les esquisses 17606, 166v, 17607 12, et dans le brouillon17607 7v.
Du Camp a relevé ce détail : — Commentaire : François (p. 52) observe à juste titre que le verbe ‘s’écarter’ s’entend mieux de boiseries.
⚈ ‘mascarade’ L'atmosphère carnavalesque est évoquée par les mémorialistes :
— Commentaire : L'atmosphère est décrite dans les esquisses17606, 166v, 16.
Ce cheval a été décrit par un témoin oculaire :
— Commentaire : Guisan (p. 193) explique que le cheval mort est le cheval d’un piqueur de la maison du roi, qui tentait de s’enfuir, tel que l’épisode est raconté par un Italien, dans Le Peuple aux Tuileries et à la Chambre des Députés, Paris 1848. Le cheval mort est mentionné dans l'esquisse 17607 12, et dans les brouillons 17607 7v 16v, 13v.
bayonnettes’ Flaubert fit la note documentaire suivante:
Du Camp a fait la même observation :
— Commentaire : Il ne s’agit pas d’une véritable source mais plutôt d’une chose vue par Flaubert. Selon Alberto Cento, (p. 194) Du Camp aurait lu la note de Flaubert au moment où il écrivait ses Souvenirs (Cento, p. 194).
PERSONNAGES HISTORIQUES Lamartine joue un rôle important au moment de la révolution de 1848. Député de Mâcon, il proclame la République le 24 février et impose le drapeau tricolore face au drapeau rouge : « Citoyens vous demandez le Drapeau rouge à la place du Drapeau Tricolore. Citoyens ! pour ma part, le drapeau rouge je ne l’adopterai jamais ; et je vais vous dire dans un seul mot pourquoi je m’y oppose de toute la force de mon patriotisme. C’est que le drapeau tricolore, citoyens, a fait le tour du monde, avec la République et l’Empire, avec nos libertés et nos gloires, et que le drapeau rouge n’a fait que le tour du champ de Mars, traîné dans les flots de sang du peuple. » Lamartine occupe ensuite pendant trois mois le poste de ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement provisoire puis siège à la commission exécutive instituée le 9 mai par l'Assemblée. Il se retire de la vie politique après sa lourde défaite à l’élection présidentielle des 10 et 11 décembre 1848, alors que Louis-Napoléon Bonaparte l’emporte. Flaubert fit la note documentaire suivante : — Commentaire : Lamartine est mentionné plusieurs fois. Le nom paraît dans l'esquisse fos 21v et dans les brouillons 17607 20v, 25, 26, 6v.
Flaubert fit la note documentaire suivante :
Du Camp a raconté le même incident :
— Commentaire : Il s’agit peut-être d’une intervention que Flaubert avait vue et que Du Camp se rappelle en écrivant ses Souvenirs. Mais, encore une fois, il semble peu probable que Flaubert ait copié les notes de Du Camp (Voir François, p. 54: ‘On aura remarqué que le colloque avec le polytechnicien "imbécile" signalé par Flaubert, est très précisément, et non sans quelque développement, rapporté par Du Camp à lui-même, ce qui pose, avec un peu d’insistance, le problème de ce ce que nous avons cru pouvoir appeler tout à l’heure un "résumé" et qui serait aussi bien une copie). Alberto Cento a sans doute raison (p. 192) en insistant que la note de Flaubert prouve qu’il n’a pas suivi Du Camp en racontant l’intervention du ‘polytechnicien’. Voir aussi Raitt: ‘Dans ses Souvenirs, Du Camp raconte qu’il a engagé en vain un polytechnicien à intervenir. Une note de Flaubert rappelle le même incident’, p. 294. Le polytechnicien est mentionné dans les brouillons 17606 fos 175v, 177v et 17607 fos 21, 18v.
⚈ ‘valets’ Selon Du Camp, Flaubert a été témoin de cet incident :
— Commentaire : Voir François (p. 54) a noté que le même incident a attiré l’attention de Du Camp et de Flaubert. Ce détail paraît dans les esquisses 17607 fos 161v, 166v,et dans les brouillons 17606, fos 181v, 179v et 17607 fos 21, 18v>, 22.
Flaubert fit la note documentaire suivante : Du Camp raconte le même incident: Je l’interrogeai avec un soupir profond, il me répondit: - «Ah! Je suis faible. – Êtes-vous blessé? – Ah! Oui, je le crois bien, je suis blessé, et fortement encore! – A quel endroit? – Au pied; ah! Mon pied est perdu! Je n’avais rien fait, pourquoi m’a-t-on mené à la guerre? – Est-ce un coup de feu qui vous a blessé? – Non, monsieur, c’est mon soulier!» Je remis cet éclopé entre les mains des internes des hôpitaux qui, la serpillière blanche sur leurs vêtements, arrivaient suivis des infirmiers portant des brancards, Souvenirs, p. 103. — Commentaire : Selon Alberto Cento (p. 194), Du Camp aurait lu la note de Flaubert au moment où il écrivait ses Souvenirs. Les blessés sont mentionnés dans les esquisses 17607 fo 166v, 17607 fo16, et dans les brouillons 17606 fo 177v, 17607 fos 21, 18v, 6, 17.
Flaubert fit la note documentaire suivante :
Du Camp raconte le même incident : Je reconnus des soldats de la garde municipale à cheval, sans arme et en petite tenue. Arrivés à dix pas de nous, ces hommes ôtèrent leur bonnet de police, et, le visage souriant avec contrainte, ils saluèrent. Un d’eux prononça une courte phrase et je distinguai les mots «Peuple et cause sacrée». Derrière moi, j’entendis armer les fusils; Flaubert et moi échangeâmes un coup d’oeil et nous comprîmes. D’un élan, nous étions près des gardes, les embrassant, leur serrant la main et les appelant : «Nos frères égarés!», Souvenirs, p. 97. — Commentaire : Il s’agit selon toute probabilité d’un incident dont Flaubert a été témoin. Comme l’a vu Alberto Cento (p. 188), plusieurs éléments de la note documentaire sont intégrés dans les brouillons. Cela met en question l’analyse de François, qui insiste sur la transformation de l’épisode par Flaubert (‘On comprend, à la rigueur, que l’auteur de L’Éducation ne cherche pas à se mettre en scène en sauvant les gardes municipaux. Mais quand même, pour l’amour de la couleur, l’anecdote est mutilée, déformée. On dirait que Flaubert prenne plaisir à avilir l’humanité.’, pp. 52-3). Comme le suggèrent Cento (p. 188) et Maranini (p. 32), c’est plutôt Du Camp qui a mutilé et déformé l’épisode, en prétendant que l’intervention racontée aurait pu sauver la vie des gardes minicipaux. Voir aussi Raitt, p. 294 Cet incident est relaté dans les brouillons 17606 fos 175v, 177v et 17607 fos 18, 21v.
Flaubert fit la note documentaire suivante : [D]<S>ur la place même de la (sic) Palais royal paille - cadavres de soldats 14e ligne entassés, f 157. Du Camp a fait la même observation : Dans un coin de la place, sur un tas de paille, les onze cadavres étaient couchés, les uns prés des autres, la lèvre noire de poudre et la face convulsée, Souvenirs, p. 100. — Commentaire : Voir Raitt, p. 294.
Hélène Louise Élisabeth de Mecklembourg-Schwerin (1814-1858), est l'épouse du prince royal et duc d'Orléans, fils aîné du roi Louis-Philippe. En février 1848, le roi Louis-Philippe est poussé par la révolution à l'abdication. Il quitte le territoire français sans résister aux insurgés. Cependant, la duchesse d'Orléans n'est pas disposée à renoncer aux droits de ses deux enfants, le comte de Paris et le duc de Chartres. Elle se présente donc à l’Assemblée avec eux, accompagnée par son beau-frère, Louis d'Orléans, duc de Nemours, pour essayer de faire proclamer l’aîné roi des Français. Conscient de son impopularité, le duc de Nemours est prêt à renoncer au titre de régent au profit de sa belle-sœur. Mais cette tentative est un échec : l'assemblée proclame la république. Flaubert fit la note documentaire suivante : — Commentaire : Raitt (p. 295) rappelle que dans l’acte d’abdication de Louis-Philippe, la duchesse d’Orléans était nommée régente, mais la foule envahit la Chambre avant que les députés aient pu se prononcer.
LIEUX
Le Palais-Royal est un haut lieu de l’histoire de France et de la vie parisienne. Construit par Richelieu en 1628, le Palais-Cardinal, donné au roi Louis XIII en 1636, sert de résidence à la régente Anne d'Autriche (1601-1666) et à Louis XIV enfant pendant les troubles de la Fronde. Donné en apanage à Philippe d'Orléans en 1692, il devient le palais des Orléans. Le Régent y réside. Louis-Philippe d'Orléans en fait la demeure royale en 1830. Le Palais-Royal est ainsi la victime de la Révolution de 1848. Le palais est pillé, les tableaux brûlés ou lacérés, les meubles et objets d’art jetés par les fenêtres. Du Camp raconte la scène qui a eu lieu dans le Palais-Royal dans ses Souvenirs, pp. 100-3. — Commentaire : Flaubert a basé sa description sur ce qu’il avait vu et éprouvé lui-même. Selon Maxime Du Camp il est entré dans la Cour du Palais et a été témoin du pillage et de la destruction.. Il faut noter, cependant, que le récit de Du Camp fut rédigé après la parution de L’Éducation sentimentale et que le roman a pu fournir certains détails présentés dans les Souvenirs. Voir François, pp. 53-55.
L’Hôtel de ville est mentionné dans les notes documentaires : Flaubert fait allusion à l'Hôtel de Ville dans l'esquisse 21v.
DÉGATS
Flaubert fit les notes documentaires suivantes : Cours du Palais Royal 7 bûchers, fo 157 au pied de la façade du côté du jardin, - énorme bûcher. le feu sape la muraille. les flammes dépassant le 1er étage. Mr Lançon, décoré de juillet arrête l’incendie. et sauve ainsi le château, 53. fo 183 Du Camp donne les détails suivants, Cinq grands feux étaient allumés; on y précipitait les meubles, les glaces, le porcelaines, rien ne fut sauvé, Souvenirs, p. 101. — Commentaire : Comme l’a remarqué Raitt, Du Camp mentionne cinq bûchers, mais les notes de Flaubert donne le chiffre sept. Cento semble avoir raison quand il affirme (p. 191) qu’encore une fois Flaubert n’a pas résumé les notes de Du Camp, comme le prétend François ‘(Par rapport au récit de Du Camp, c’est presqu’un résumé, dans lequel rien n’est ajouté ni changé, si ce n’est un chiffre, celui des bûchers passés de cinq à sept, par crainte peut-être d’une flamme insuffisante’), mais s’est basé sur ses propres yeux. L'incendie est décrite dans les esquisses 17606, 166v ⚈ ‘pompes’ Flaubert fit la note documentaire suivante : pompes - coups de sabre pour les couper donnés par les vauriens, fo 157v Du Camp donne la description suivante : Je me rappelle un des insurgés, les manches retrousssées, ivre et titubant, qui faisait des efforts désespérés pour renverser les pompes; on le repoussait, sans trop de violence, car il était armé. Ce vainqueur, complètement abruti, s’en prit aux tuyaux sur lesquels il frappa à grands coups de sabre; mais le sabre n’avait point de fil, mais les tuyaux de cuir gonflés d’eau étaient très-résistants, l’arme rebondissait et rebondit si bien, qu’elle heurta le front de l’ivrogne, Souvenirs, p. 102.
DÉTAILS HISTORIQUES
On n’a pas trouvé de note documentaire sur ce détail que l’on dirait ‘historique’. Ce détail paraît dans les esquisses 17606, fos 161v, 166v, 17607, fo 12, et dans les brouillons 17606, fos 179v, 181v, 17607, fos 21, 18v, 22.
Flaubert fit la note documentaire suivante: <ambulances galerie d’Orléans> bonbons, verres de vin apportés par des femmes à un malade «oh souffrez nous. mon soulier m’a fait mal au pied » fo 157v Du Camp donne la description suivante : Dans la galerie d’Orléans, on avait improvisé une ambulance; les coussins des canapés royaux servaient de matelas, et sur les blessés on avait étnedu, en guise de couverture, les lourds rideaux de velours rouges bordés de crépines d’or. Souvenirs, p. 102 Les ambulances sont mentionnées dans l'esquisse 17606, 166v, etc — Commentaire : Voir Cento, p.185 et Raitt: Les notes personnelles de Flaubert rappellent une «ambulance galerie d’Orléans», et font état de «bonbons, verres de vin apportés par des femmes».
Populaire : Débauche de table et de boisson.
Du Camp donne la description suivante:
Ce détail paraît dans les esquisses 17606, 166v, 17607 fo 16, et dans les brouillons 17606 fos 167v, 177v, 181v 17607 fos 21, 18v.
Nous n’avons pas trouvé de source pour la description de l’atmosphère.
On n’a pas trouvé de note documentaire sur ce détail que l’on dirait ‘historique’.
⚈ ‘proclamation de la République’ Sous l’impulsion des libéraux et des républicains, le peuple de Paris, à la suite d’une fusillade, se soulève et parvient à prendre le contrôle de la capitale. Louis-Philippe refusant de faire tirer sur les Parisiens, est donc contraint d’abdiquer en faveur de son petit-fils, Philippe d’Orléans, le 24 février 1848. Le même jour, dès 15 heures, la Seconde République est proclamée par Alphonse de Lamartine, entouré des révolutionnaires parisiens. Vers 20 heures, un gouvernement provisoire est mis en place, mettant ainsi fin à la Monarchie de Juillet. Flaubert fit les notes documentaires suivantes :
La proclamation de la République est racontée dans Du Camp, Souvenirs, pp. 106-7. — Commentaire : Voir François, p. 55. Flaubert fait allusion à la proclamation dans 17606, 166v, 21, 20v, etc.
Flaubert fit la note documentaire suivante: La création d'une mairie est mentionnée dans l'esquisse 17606, 166v, etc.
Le gouvernement provisoire de 1848 a été formé suite à l'abdication de Louis-Philippe le 24 février. Ce gouvernement a été constitué d'une majorité de républicains modérés, mais a également inclus des représentants démocratiques et quelques socialistes. Le gouvernement a été responsable de la proclamation de la République, de l'abolition de la peine de mort pour crimes politiques, et de l'instauration du suffrage universel masculin. Il a également mis en place des mesures sociales telles que la création d'ateliers nationaux pour les chômeurs et la limitation de la journée de travail des adultes. Le gouvernement provisoire a été suivi par une Commission exécutive qui a nommé des ministres hors de son sein. Flaubert fit la note documentaire suivante: 4 gouvernements provisoires : 1 à la chambre des députés, 2 dans les bureaux du National, 3 dans une des salles de l’hôtel de ville, 4o à la Préfecture de Police ils se rencontrèrent face à face à l’hôtel de ville et se confondirent dans un seul gouvernement. Un 5e voulut se former plus tard dans une salle de l’hôtel de ville et fut dissipé par Lamartine. fo 185, (Journées illustrées de la Révolution). — Commentaire : Cette note est intégrée dans l'esquisse 17606, 166v.
- Spartacus brisant ses liens est une sculpture de Denis Foyatier. La version en marbre, conservée aujourd’hui au Louvre, a été commandée à l’artiste en 1828 par l’administration royale de Charles X. — Commentaire : Voir Wetherill, Note 571: Pour décrire la pose, et la mise, de Dussardier, Flaubert semble s’inspirer d’une statue [...] Il s’agit d’une statue du Jardin des Tuileries (où Dussardier lui-même se trouve [...]). Cette œuvre, qui date de 1827, fut beaucoup critiquée [...] pour son caractère théâtral. Dussardier serait donc un révolutionnaire à la fois emphatique et stéréotypé qui imitierait les statues de la même manière que Pécuchet imite les illustrations des manuels de jardinage. Flaubert fait allusion à la statue dans l'esquisse 17607 fo 16, et dans le brouillon 17607 fo 21.
⚈ ‘actes ignobles et charitables’ Flaubert se rappelle peut-être les remarques de Daniel Stern au sujet des deux aspects du comportement du peuple :
Un jugement semblable est exprimé dans les brouillons 17606 fos 181v, 179v 17607 fos 21, 18v.
Enregistré dès 1840, le mot signifie alors : « socialisme préconisant la suppression de la propriété privée ». Le 22 février 1848, la révolution éclate à Paris. Le 24, le roi Louis-Philippe abdique et la République est proclamée. Or au même moment exactement, dès le 23 février, commence à circuler à Londres un texte puissant et radical rédigé par deux jeunes allemands, Karl Marx et Friedrich Engels. Ce texte d’une trentaine de pages, c’est le Manifeste du parti communiste. En 1852, Marx publiera dans une intention critique Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte. Dans cette dernière semaine de février 1848, s’enclenchent ainsi les deux grands mouvements qui vont peu ou prou façonner l’histoire pendant un siècle et demi.
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