DUSSARDIER Doc Table générale Mode d'Emploi

 

NOTES DOCUMENTAIRES

 

M. de la Ferté

Le Marquis de Normanby, Une Année de Révolution, (Paris, Plon, 1858, 2 vols, vol. 2, p.145) offre la description suivante de l'incident:

[...] Ainsi se sont trouvés rapprochés le marquis de la Ferté et un garde mobile en face d’une de ces barricades les plus formidables des boulevards. [...]. Les gardes mobiles, pour la plupart enfants de quinze à dix-sept ans, appartiennent tous à la famille du «gamin de Paris,» [...]. La résistance derrière cette barricade monstre avait un peu faibli, quoiqu’une fusillade irrégulière, partie du sommet et du flanc, se fit toujours entendre; [...]. M. de la Ferté se trouvait un peu en avant, à côté d’un petit garde mobile qui s’était déjà bravement battu. Un drapeau rouge flottait, par défi, au sommet de la barricade, lorsque son compagnon, garçon de quinze ans, s’adressant à lui: «Grand garde national,» dit-il, «veux-tu prendre ce drapeau à nous deux? — Soit, petit garde mobile, avançons.» Ils avaient fait les deux tiers du chemin, lorsque le petit bonhomme tomba, atteint à la jambe, et regardant d’un air piteux son gigantesque compagnon, lui dit: «Hélas! grand garde national, je n’aurai donc pas, moi, ce drapeau? — Si fait, petit garde mobile, tu l’auras.» Il prend alors l’enfant doucement dans les bras, le place sur ses épaules, s’élance vers le sommet de la barricade, et, sous le feu général de ceux qui la défendaient, encourage le blessé à étendre sa main avide de saisir le drapeau rouge, et à l’agiter au-dessus de sa tête avec un sentiment d’orgueil qui, dans le moment, lui faisait oublier sa douleur et sa faiblesse. Ils redescendirent ensuite sans autre accident; M. de la Ferté, chargé toujours de son intéressant fardeau, le transporta à l’arrière du détachement pour lui faire donner les secours nécessaires, et le héros enfant conserva le trophée qu’ils avaient conquis ensemble et qu’il tenait serré dans ses mains

A partir de ce détail, Flaubert fit la note documentaire suivante (fo 199):

[...] Héroïsme de Monsieur de la Ferté, qui porte un mobile sur or par? son dos, pour lui faire prendre un drapeau rouge sur une barricade. (t 2. p 145)

Ce détail a été élaboré dans le folio 17607-177.

 

Le tambour Chatel

Alphonse Balleydier's Histoire de la Garde Républicaine (Paris, Martinon-Ledoyen et Giret, 1848, pp. 119-120) offers the following account of Chatel's exploits:

Un autre tambour, un enfant nommé Chatel, engagé dans la garde républicaine, battait également la charge au pied d'une barricade qui vomissait une pluie de feu. Une balle lui brise la main droite, il l'entoure de son mouchoir et continue tranquillement de la main gauche. La barricade est enlevée, les gardes républicains la franchissent, Chatel les suit tambour battant; un combat à l'arme blanche s'engage. Chatel, qui se trouve engagé dans la mêlée, a la main coupée d'un coup de sabre; il chancelle, mais se redressant aussitôt sans proférer un cri, il frappe la caisse de son moignon ensanglanté jusqu'au moment où ses forces trahissant son courage il est porté sans connaissance à l'hôpital.
L'histoire authentique n'a rien de plus beau. Cet enfant, ce héros veux-je dire, méritait la croix d'honneur... Une croix de bois seule abrite sa tombe.

A partir de ce détail, Flaubert fit la note documentaire suivante (fo 179):

un tambour blessé aux jambes continue à battre assis. - Chatel, {presqu’un enfant} tambour ayant la main droite brisée, l’enveloppe de son mouchoir et continue. - a la main coupée d’un coup de sabre. frappe la caisse de son moignon ensanglanté 119.

Ce détail a été élaboré dans les folios 17607-175 et 17607-180v.

 

M. Leclerc

Adrien Pascal's Histoire de l'Armée et de tous les régiments, (Paris, Barbier, 1853-58, 5 vols, vol. 4, p. 370) offers the following account:

[....] Le cri En avant! retentit, et les barricades qui barraient ces rues sont emportées à la baïonnette: ce qui restait d'hommes à les défendre fuit par toutes les rues de retraite.
C'est sur ce point qu'eut lieu le trait qui a valu, en avril 1850, de grandes chances électoriales à M. Leclerc, commerçant, et gardes dans la 3e légion. M. Leclerc combattait bravement, ayant à ses côtés un de ses fils; celui-ci est frappé mortellement; le père emporte le cadavre de son enfant, et amène au combat son second fils. Admirons ce stoïcisme qui est d'un grand citoyen, mais, disons-le aussi, d'un père sans entrailles...

A partir de ce détail, Flaubert fit la note documentaire suivante (fo 182):

barricade de la Porte St Denys. Deux femmes s’y succèdent - en haut - tenant un drapeau toutes deux. - tués.{sic}
C’est là, qu’eut lieu l’histoire Leclerc - ses deux fils

Ce détail a été élaboré dans les folios 17607-175 et 17607-180v.

 

Les frères Jeanson

Alboise et Charles Elie, in Fastes des Gardes Nationales de France, (Paris, A. Goubaud, 2 vols, vol 2, p.186-7), offer the following account:

Ralliés à une fraction du 3e bataillon, sans y rencontrer la compagnie qu’ils cherchent, les deux frères se trouvèrent bientôt engagés avec quelques camarades et des gardes mobiles dans la rue du Faubourg-Saint-Denis. Les insurgés, dont quelques-uns étaient logés dans des maisons et derrière des palissades, faisaient un feu continuel. Un moment, Alfred et Eugène furent séparés dans la partie la plus large de la rue. Dans ce moment même, une balle fracassa le bras d’Alfred, que l’on emporta loin du champ de la bataille sans que son frère pût le voir ou l’apprendre.
Eugène, ignorant l’accident qui venait d’arriver à son frère, continuait d’avancer avec les gardes mobiles. Un des insurgés, qui se rendait redoutable à ses adversaires par la justesse de son tir, se portait toujours en avant de sa bande pour décharger son arme. C’est lui qu’Eugène prend pour point de mire; mais au moment où il allait tirer, un garde mobile lui arrête le bras: «Camarade, dit-il, votre chien n’a pas de pierre.» Le jeune homme abaisse aussitôt son fusil: en effet, la pierre y manque. «Eh bien! s’écrie-t-il avec résolution, à la baïonnette! » Et il s’élance sur le tireur; nais celui-ci l’ajuste et fait feu. Eugène chancelle; la balle l’a frappé dans le haut de la cuisse. «Alfred! s’écrie-t-il d’une voix douloureuse. A moi, frère! » Hélas! Alfred ne pouvait plus l’entendre; mais des gardes mobiles accourent à sa voix, l’enlèvent et le transportent au no 200 de la rue du Faubourg.

A partir de ce détail, Flaubert fit la note documentaire suivante (fo 183):

X Eugène et Alfred de Jeanson (2e légion). gardes nationaux héroïques. tous deux blessés (ou tués) 187.

Ce détail a été élaboré dans les folios 17607-175 et 17607-180v.

 

" [....] le canon gronda sur la place de la Bastille"

Du Camp écrit à Flaubert (1er octobre 1868):

Rien n’est plus simple. Toutes les barrières depuis celle de Fontainebleau jusqu’à celle des Batignolles exclusivement étaient entre les mains des insurgés. La grosse artillerie venue de Bourges par le chemin de fer d’Orléans débarque à je ne sais quelle station, traverse la Seine à Charenton, [...] fait le tour de Paris et entre par les Batignolles, ou plus exactement par la barrière [de] Clichy. Elle passe de la Madeleine le dimanche vers 2 heures de l’après-midi. [...] C’est cette artillerie qui, mise en batterie place de la Bastille, décida la réddition du faubourg Saint-Antoine et la fin de l’insurrection. (BN, n.a.fr. 17611, ff 174-5, Bruneau, iii.864)

Ce détail a été élaboré dans les folios 17607-106v et 17607-170.

 

"«Sentinelles prenez garde à vous!»"

Du Camp écrit à Flaubert (22 septembre 1868):

Je n’ai aucun souvenir des ambulances de juin 1848 [...]
Quant à mes souvenirs sur Paris la nuit, les voici: aspect sinistre; rues vides, parcourues par des patrouilles de garde nationale de 100 à 150 hommes au moins; des tambours escortés par deux ou trois comapgnies, allaient de rues en rues battant la générale pour appeler tout le monde aux armes; les maisons absolument éteintes et obscures. Dans toutes lumière on voyait un signal d’insurrection et l’on tirait sur les fenêtres éclairées; Aimée a été visée et tirée sur notre escalier, par une vedette. Les sentinelles ciraient de dix en dix minutes: «Sentinelles, prenez garde à vous!» Les dragons de Goyon étaient de service, partout en vedettes; personne ne circulait sauf quelques hommes en BLOUSE BLANCHE qui disaient un mot d’ordre et passaient; c’étaient des agents de police déguisés. (BN n.a.fr., 17611, ff 172-3, Bruneau iii. 862)

Ce détail a été élaboré dans les folios 17607-177, 17607-106v et 17607-170.

 

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