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Gustave Flaubert — L'Éducation sentimentale [1869]
Jours heureux à Auteuil
Deuxième partie — Chapitre 6 — Transcription du
folio 120r
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317. |
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en souriant rappelle
elle répondait toute émerveillée — « oui, c'est juste, je me souviens
goûts les mêmes
Leurs prédilections, leurs jugements étaient pareils. Souvent celui des
deux qui écoutait l'autre s’écriait « moi aussi » & l'autre disait à son
tour « moi aussi » |
Et ils s'imaginaient une
absolument
vie exclusivement amoureuse,
assez profondément remplie*
capable dans son bonheur
remplir plus larges
de combler les solitudes
pr emplir
les plus
larges, excédant toutes les
joies, défiant toutes les misères
où les heures auraient disparu
dans le continuel épanchement d’eux-mêmes
où les & qui aurait fait
qq chose d’élevé*,
del de suave
de resplendissant
& de lumineux &
d’élevé
comme la palpitation des étoiles |
longues la Providence
Puis c'étaient d'interminables plaintes sur la destinée — « Pourquoi le ciel
rencontrés
ne l'a-t-il pas voulu ? Ah ! si nous nous étions connus – si
lui disait-elle ah ! soupirait-elle
j'avais été plus jeune. – « non, moi un peu plus vieux »
en plein air sur le balcon
Presque toujours ils se tenaient en plein air en haut de l'escalier & des
se succédaient
se succédaient
cimes d'arbre jaunies par l'automne, s'étendaient devant eux, en
inégaux* mamelonnaient
mamelons inégaux, jusqu'au bord du ciel pâle. – ou bien, ils allaient
[illis.]
au bout de l’avenue, dans un pavillon ayant pr tout meuble une table
une table ronde La
ronde & un canapé de toile grise. Les deux glaces au fond étaient marbrés
Des points tachaient la glace
des taches
de points noirs. les murailles exhalaient une odeur de moisi. – & ils restaient
causant
là, parlant d'eux-mêmes, des autres, de n'importe quoi, avec un
ravissement pareil obliques traversant
plaisir égal. Qqfois, les rayons du soleil tombant d'en haut, par
la par terre
les jalousies, faisaient, depuis le plafond jusque sur les dalles, comme |
Des corpuscules
molécules
atomes
Des brins de poussière
des corps dorés |
des corpuscules
molécules
les cordes d'une lyre. Mille choses imperceptibles & dorées
tourbillonnaient d’imperceptibles corpuscules
dans ces barres lumineuses. Elle s'amusait à les couper avec sa main.
fendre
Alors il prenait l’entrelacs |
Alors Alors |
Frédéric la saisissait doucement. – & il contemplait l'entrecroisement
de ses veines, les grains de sa peau, la forme de ses ongles. Chacun de ses
devenus pr lui
doigts était pr lui plus qu'une chose, presque une personne.
Fr lui plus
augmentèrent donna
Les privautés arrivèrent. Elle lui abandonna ses gants. un
la semaine d'après Elle l'appelait Frédéric, et
autre jour, son mouchoir. Elle l'appelait « Frédéric, » il l'appelait
et
« Marie » adorant ce nom-là, fait exprès, disait il, pr être soupiré
dans l'extase, & qui semblait contenir des nuages d’encens, des
jonchées de roses.
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Danielle GIRARD |
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