Gustave Flaubert — L'Éducation sentimentale [1869]

Troisième partie – Chapitre 5 – folio 609-118v

Les causes du départ d'Arnoux

 

IV

 

Là-dessus réclamations de Mignot, lanternements d’Arnoux. enfin le patriote
l’avait menacé d’une plainte en escroquerie s’il ne lui rendait ses titres, ou
la somme équivalente, cinquante mille francs.
Frédéric eut l’air désespéré.                                         qui
— Ce n’est pas tout » dit le citoyen. « Arnoux* Mignot est un brave homme, il s’est
                                 Alors
rabattu sur le quart. Alors nouvelles promesses d’Arnoux, nouvelle farce
bien*, & naturellement. enfin Bref, avant-hier matin, Mignot l’a sommé d’avoir
à lui rendre, dans les vingt-quatre heures, sans préjudice du reste, douze mille
francs. »
— Mais je les ai! » dit Frédéric
Le citoyen se tourna vers lui
— Blagueur !
— Pardon ! ils sont dans ma poche. Je les apportais. »
         Regimbart marqua un grand étonnement
— Comme vous y allez, vous ! Nom d’un petit bonhomme ! Du reste il n’est
plus temps. La plainte est déposée & Arnoux parti. »
— Seul ? » s’écria Frédéric
— Non ! avec sa femme ! On les a rencontrés à la gare du Havre. [& j’ai été
chez eux, tantôt. Il n’y a plus personne
.]                                même
         Frédéric pâlit extraordinairement. Me Regimbart crut qu’il
allait s’évanouir [& lui proposa de la fleur d’orange.
                                & même                                             se
         Il se contint. cependant. Il eut même la force (tout en frappant
la bouche à petits coups, avec son mouchoir) de faire encore deux
                                 l’évènement
ou trois questions sur l’aventure

             sut*
Frédéric lui sut gré de cette
                     en s’en allant
sentiment – & en s’en allant
sympathie                  
comme s’il en avait reçu un
service, lui serra la main
avec effusion. [Regimbart en fut
même tout étonné.]

         Regimbart s’en attristait, [pr la morale publique] tout
cela cela, en définitive, nuisait/nt à la Démocratie. Arnoux
     Pas de tête. il brûlait la ch    Il allait vraiment trop loin
était un homme pitoyable. on on peut bien s’amuser
                                                M
sans faire tant de dépenses ! Mais c’est Le cotillon qui
                    Me R. sourit                 & son époux
l’a perdu ! » alors Me Regimbart sourit. il ajouta
        moi        Du reste                                 mais sa p. fem.
moi là-dedans ce n’est pas lui que je plains, » - - -
                                                                        admirait
car le citoyen qui n’était pas un époux fidèle, estimait
beaucoup Me les femmes vertueuses & faisait gd cas
de Me Arnoux — « elle a dû joliment souffrir ! »

 
[SAWASAKI Hisaki]