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Gustave Flaubert — L'Éducation sentimentale [1869]
Troisième partie – Chapitre 5 – folio
610-52v
Douleur de Rosanette et de Frédéric
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songeait
Frédéric, immobile dans l’autre fauteuil, pensait à Me Arnoux.
Elle était en
où se trouvait-elle, maintenant* ? sur les rails d’un chemin de fer
du/d’un
sans doute, la face collée à la vitre d’un vagon & regardant la campagne
der
s’enfuir, par derrière du côté de Paris. – ou bien sur le pont d’un bateau
[illis.] vue
rencontrée rencontrée
à vapeur, comme la première fois qu’il l’avait vue – mais celui-là |
tout enveloppé
d’un brouillard
s’épaississant autour*
d’où elle ne
sortirait plus. |
dans la brume
dans la brume un brouillard [illis.] vers des pays inconnus
sans s’en allait indéfiniment, dans la brouillard & il lui semblait
dont elle ne reviendrait pas ! cependant aussi
qu’elle n’en descendrait* plus Il la voyait aussi, au milieu
où il y avait dessus*
d’une chambre d’auberge, avec des malles par terre, sur les pavés
**/la ** au vent
un papier de tenture en lambeaux ; & la porte qui tremblait sous
les coups de vent. & après ? quoi*. que deviendrait-elle ? institutrice
dame de compagnie 1 Il lui faudrait subir
femme de chambre, peut-être Avec les hasards de la misère |
car elle était livrée
à tous les hasards de la
misère. |
& cette ignorance & de son avenir & de son avenir
l’environnaient & cette incertitude de son sort le torturait
la pr lui
Frédéric. ce qu’il avait de certain c’est qu’elle était perdue
irrévocablement perdue
pr lui, irrévocablement. – Il aurait dû la veiller de loin
empêcher sa fuite, ou partir derrière elle, la suivre malgré
malgré to comment
tout, à n’importe quel prix ! n’était-il pas son défenseur
** & & retrouverait
son véritable époux ? Alors en disant qu’il ne la reverrait*
cependant
que c’était bien fini, & qu’elle vivait encore il semblait
jamais qu’elle était morte & cependant vivante*. c’était comme
déchiremt intérieur*
un arrachement de tout son être. ses larmes longtemps
accumulées dans
accumulées dans était gonflée
contenues, & *qui s’était* sa poitrine était gonflée se*
& dans*
lâchèrent. débordèrent.
émue*
Rosanette qui s’en aperçut, s’approcha de lui, tout attendrie
comme moi !
— « Ah ! tu pleures aussi, toi. tu as du chagrin »
— « Oh oui ! j’en ai j’en ai »
Il la serra contre son cœur – & tous deux
sanglottaient debout, en se tenant embrassés – |
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[SAWASAKI Hisaki] |
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