JUIN 1848 Doc Table générale Mode d'Emploi

 

DOCUMENTATION

DatesLieuxPersonnagesExpressionsDivers

 

 

DATES

 

15 mai 1848

Journée insurrectionnelle où une foule de manifestants força l'entrée du Palais-Bourbon. Aloysius Huber s'écria « L'Assemblée nationale est dissoute ». La foule se rendit alors à l'hôtel de ville où on établit la liste d'un gouvernement insurrectionnel (Blanqui, Ledru-Rollin, Albert, Louis Blanc, Pierre Leroux). Cependant des éléments de la Garde nationale, réunis par Lamartine et Ledru-Rollin, membres de la Commission exécutive élue le 10 mai pour succéder au gouvernement provisoire de février, assiègent l'hôtel de ville et en délogent les manifestants.

L’envahissement de la chambre est décrite dans Daniel Stern, Histoire de la Révolution , pp. 521-9.
La date fut mentionnée dans les esquisses: 17607, f os 110 , 104 , 84v , 57v , 63v , 115 , et dans le brouillon: 17607, f o 103v .

— Commentaire : Raitt, p.301.

 

21 mai 1848

La Fête de la Concorde se tient sur le Champ-de-Mars. Dans le défilé, circula un majestueux Char de l'agriculture. Voir sur Flaubert et le pouvoir des images.

 

⚈ 21 juin 1848

La fermeture des Ateliers nationaux provoque une insurrection populaire à Paris. Cette décision, jugée inefficace et coûteuse, a été prise par le gouvernement conservateur et a été suivie par des révoltes ouvrières et populaires du 23 au 26 juin, que le général Cavaignac a réprimées dans le sang.

 

26 juin 1848

Cette journée marque la fin de la révolte avec la chute de la dernière barricade, située faubourg Saint-Antoine. Les journées révolutionnaires ont fait environ 4 000 morts du côté des insurgés, et 4 000 prisonniers sont déportés en Algérie. L'Assemblée décide de poursuites à l'égard de Louis Blanc.

 

 

LIEUX

 

⚈ barrière Rochechouart

Cette barrière est mentionnée par Daniel Stern :

Dès le matin, le général Lebreton a reconnu une excellente position dans les abattoirs Montmartre, d’où l’on domine les barricades construites à la barrière Rouchechouart. Il y envoie une partie du 2 e bataillon de la 3 e légion et un peloton du 21 e de ligne; il fait placer des hommes aux fenêtres des maisons qui plongent à la fois sur la barricade et sur la barrière et commande une décharge générale qui met la plupart des insurgés hors de combat. ( Histoire de la Révolution de 1848 , p. 657)

La barrière est mentionnée dans les esquisses et les brouillons (180v, 176).

 

Bastille

Le 23 juin 1848, les ouvriers de Paris se sont insurgés sur la place de la Bastille, au pied de la colonne de Juillet, au cri de « La Liberté ou la Mort ». Cette insurrection a été réprimée avec brutalité par les gardes et soldats, entraînant la mort de nombreux ouvriers et des combats dans les rues de Paris. La place de la Bastille a été un point central de la révolte ouvrière de 1848, où des barricades ont été établies et des combats ont eu lieu entre les ouvriers et les forces de l'ordre.

Maxime Du Camp fournit les renseignements suivants sur la fin de l’émeute :

La grosse artillerie venue de Bourges par le chemin de fer d’Orléans débarque à je ne sais quelle station, traverse la Seine à Charenton, [...] fait le tour de Paris et entre par les Batignolles, ou plus exactement par la barrière [de] Clichy. Elle passe de la Madeleine le dimanche vers 2 heures de l’après-midi. [...] C’est cette artillerie qui, mise en batterie place de la Bastille, décida la réddition du faubourg Saint-Antoine et la fin de l’insurrection. (Lettre du 1 er octobre 1868, Correspondance , III.864)

Daniel Stern insiste sur l’importance de la place de la Bastille :

C’est le moment décisif. La place de la Bastille présente un spectacle effrayant. Une immense barricade crenelée en ceint tout un côté, depuis la rue Bourdon jusqu’à la rue Jean Beausire, et se relie aux barricades du grand boulevard et à celles qui ferment l’entrée des rues de la Roquette, du faubourg Saint-Antoine et de Charenton…( Histoire de la Révolution de 1848 , p. 670)

Flaubert fait mention de la place de la Bastille dans les esquisses 17607, f o 106v et 170 et les brouillons 17608, f os 36v , 118v.

 

Corbeil :

Dans une lettre datée du 2 septembre 1868 à Jules Duplan Flaubert écrit :

En 48, le chemin de Corbeil à Paris était ouvert. Reste à savoir comment aller de Fontainebleau à Corbeil? Mais ce n’est pas la route. ( Correspondance , iii. 795)

Comme le signale Jean Bruneau, la route - et plus tard le chemin de fer de Paris à Fontainebleau - passe par Melun, et non Corbeil.

Flaubert a quand même gardé la référence à Corbeil dans les brouillons 17608, f os 13v, 57v, 169v, 82v.

 

École polytechnique (poste)

Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

nuit du 24 au 25. plus triste encore. Les ambulances sont augmentées. le chiffre des morts effrayait. - des femmes erraient de porte en porte, demandant des nouvelles de leur fils, mari etc. les retrouvaient avec joie, les cherchaient avec désespoir, les retrouvaient aux ambulances morts, ou blessés etc. - (250.), f o 184. ( Fastes de la Garde Nationale )

Des femmes font queue à la porte de la Morgue, f o 179. ( Histoire de la Garde républicaine )

Ces femmes sont mentionnées dans les descriptions du poste de l’École polytechnique dans les brouillons 17608, f os 159v, 103v, 88v.

— Commentaire : Cento (p.268) cite la source de la deuxième note documentaire : « et l’on voit, pour compléter ce sombre tableau, l’on voit passer des femmes qui vont, les yeux mouillés de pleurs, interroger le dépôt des morts, l’ambulance des blessés… Elles font queue à la porte de la Morgue !»
Balleydier, Histoire de la Garde républicaine , p. 76.

 

⚈ Faubourg St. Antoine

Maxime Du Camp fournit à Flaubert les renseignements suivants sur l’artillerie qui fut mise en batterie faubourg St-Antoine :

L’artillerie était arrivée le dimanche venant de Bourges, elle était entrée à Paris, par les Batignolles; le lundi matin elle avait pris position vers le Faubourg Saint-Antoine; ton héros peut donc l’avoir rencontrée dans la nuit du dimanche à lundi. (Lettre du 22 septembre 1868, Correspondance , III. 863 )

Toutes les barrières depuis celle de Fontainebleau jusqu’à celle des Batignolles exclusivement étaient entre les mains des insurgés. La grosse artillerie venue de Bourges par le chemin de fer d’Orléans débarque à je ne sais quelle station, traverse la Seine à Charenton, [...] fait le tour de Paris et entre par les Batignolles, ou plus exactement par la barrière [de] Clichy. Elle passe de la Madeleine le dimanche vers 2 heures de l’après-midi. [...] C’est cette artillerie qui, mise en batterie place de la Bastille, décida la réddition du faubourg Saint-Antoine et la fin de l’insurrection. (Lettre du 1 er octobre 1868, Correspondance , III. 864).

Voir aussi Daniel Stern, Histoire de la Révolution de 1848, p. 673.

— Commentaire : Wetherill, note 654: « Flaubert s’adresse à ses amis : Feydeau (27 octobre 1869) pour les postes de garde et les régiments concernés; Du Camp, dont les lettres (17611 fos 171 – 176) donnent d’amples renseignements à propos des événements et des mouvements de troupes tirés en partie d’un ouvrage intitulé Sanglante insurrection des 22, 24, 25 et 26 juin 1848 (1848) et Histoire de la Garde Républicaine d’Alphonse Balleydier (1848). Voir aussi Cento, pp. 266-9.

Flaubert mentionne à plusieurs reprises le faubourg St-Antoine. Le détail fut intégré dans l'esquisse 17607, f o 170 , et dans les brouillons: 17608, f os 36v , 141v , 94v , 118v , 86v .

 

Faubourg du Temple

Flaubert fit la note documentaire suivante :

Un Parlementaire vient trouver Lamoricière au café Armand, à l’entrée du faubourg du temple demandant à ce qu’ils puissent rentrer chez eux, sans être faits prisonniers. - sa contenance ferme. (f o 184).

Daniel Stern décrit ainsi les circonstances de la fusillade du faubourg du Temple :

Au même moment, on entend le premier coup de canon du général Lamoricière qui a repris, dès la veille, toutes les barricades du boulevard extérieur et qui ouvre le feu par la faubourg du Temple. Les soldats s’élancent en avant. Un jeune homme paraît sur la barricade; il agit en l’air un mouchoir. Il fait signe qu’on veut parlementer. Mais il n’est plus temps. Les soldats sont lancés au pas de course; il n’y a plus moyen de les retenir. Le bruit des détonations étouffe la voix du parlementaire. Il disparaît dans un nuage de fumée. ( Histoire de la Révolution de 1848 , p. 682).

Le détail fut intégré dans les brouillons: 17608, f os 36v , 141v , 96v , 22v , 79v .

 

Fontainebleau (retour)

Le retour de Frédéric a donné beaucoup de mal à Flaubert qui, ayant redigé une première version, découvrit que la ligne du chemin de fer entre Fontainebleau et Paris n’était pas ouverte en 1848, comme il l’explique dans une lettre du 2 septembre 1868 à Jules Duplan:

J’avais fait un voyage de Fontainebleau avec retour par le chemin de fer, quand un doute m’a pris, et je me suis convaincu, hélas! qu’en 1848 il n’y avait pas de chemin de fer de Paris à Fontainebleau.

Cela me fait deux pages à démolir et à recommencer! [...]

Tu n’imagines pas comme ça m’embête! J’ai donc besoin de savoir: 1 o comment, en juin 1848, on allait de Paris à Fontainebleau? 2 o peut-être y avait-il quelque tronçon de ligne déjà faite qui servait? 3 o quelles voitures prenait-on 4 o où descendaient-elles à Paris?

Voici ma situation: Frédéric est à Fontainebleau avec Rosanette. Il apprend la blessure de Dussardier (c’est le 25 juin) et il part pour Paris, avec Rosanette qui n’a pas voulu le lâcher. Mais en route la peur la reprend et elle reste. Il arrive seul à Paris, où, par suite des barricades Saint-Antoine, il est obligé de faire un long détour avant de pouvoir atteindre le logis de Dussardier, qui demeure dans le haut du faubourg Poissonnière. ( Correspondance , III. 795)

Il continue à demander des renseignements dans une lettre du 19 septembre 1868:

J’attends les renseignements en question. Est-ce qu’aux Messageries tu ne pourrais pas les avoir? Quelque bourgeois du Crédit foncier doit savoir ça? On avait la diligence de Lyon? j’aime mieux une guimbarde; où descendait cette guimbarde-là à Paris?

Ma page (de voyage) est restée en blanc, et de plus celle où Frederic se promène la nuit dans la capitale. Car avant de le faire marcher, il faut savoir d’où il part. ( Correspondance , III. 804)

Comme l’a expliqué Jean Bruneau, Jules Duplan, malade, n’a pas répondu à Flaubert, qui s’est ensuite adressé à Ernest Feydeau et à Maxime Du Camp. Du Camp fournit une réponse dans une lettre datée du 22 septembre:

Quant à Fontainebleau, moi pas savoir; mais le chemin de fer de Corbeil était ouvert depuis 1843 (je crois), on allait en wagon jusqu’à Juvisy ou Corbeil , puis on prenait soit une gondole, soit la diligence [...]. Du reste, en consultant l’almanach Bottin de l’époque ( voitures publiques, Fontainebleau ) tu auras toutes sortes de renseignements à cet égard. ( Correspondance , III. 863).

Le retour de Frédéric est décrit dans les brouillons 17608, f os 13v, 57v, 169v, 82v. Frédéric fait mention des difficultés qu’il a éprouvées dans les brouillons 17608, f os 139v, 155v, 143v, 148v.

— Commentaire : Cento, p. 266 - Raitt, p. 305 - Gothot-Mersch, p. 543 - Wetherill, Note 652 : Flaubert exploite ici les détails fournis par le Bottin de 1848, recopiés par Duplan.

 

Fontainebleau (barrière)

Maxime Du Camp décrit dans une lettre l’atmosphère près de la barrière de Fontainebleau :

Rien n’est plus simple. Toutes les barrières depuis celle de Fontainebleau jusqu’à celle des Batignolles exclusivement étaient entre les mains des insurgés. La grosse artillerie venue de Bourges par le chemin de fer d’Orléans débarque à je ne sais quelle station, traverse la Seine à Charenton, […] fait le tour de Paris et entre par les Batignolles, ou plus exactement par la barrière [de] Clichy. Elle passe de la Madeleine le dimanche vers 2 heures de l’après-midi. [...] C’est cette artillerie qui, mise en batterie place de la Bastille, décida la réddition du faubourg Saint-Antoine et la fin de l’insurrection. Un mot de haut comique et que dans la nuit du dimanche au lundi ton héros a pu entendre: toutes les fois qu’un blessé passait sur sa civière, les postes des gardes nationales présentaient des armes et jamais l’officier de service ne ratait de dire: «Honneur au courage malheureux!» ou: «Nous vous vengerons!» (Lettre du 9 octobre 1868, Correspondance , III. 854)

Flaubert mentionne la barrière de Fontainebleau dans les brouillons 17607, f os 62v, 99v.

— Commentaire : Wetherill, note 654 : « Flaubert s’adresse à ses amis: Feydeau (27 octobre 1869) pour les postes de garde et les régiments concernés; Du Camp, dont les lettres donnent d’amples renseignements à propos des événements et des mouvements de troupes tirés en partie d’un ouvrage intitulé Sanglante insurrection des 22, 24, 25 et 26 juin 1848 (1848) et Histoire de la Garde Républicaine d’Alphonse Balleydier. »
Voir aussi Cento, pp. 266-9.

Le détail fut intégré dans les esquisses 17607, f os 104 , 115 , et les brouillons: 17607, f os 103v , 110v , et 17608, f os 13v , 62v , 57v , 99v , 139v , 169v , 155v , 143v , 82v , 148v .

 

Panthéon (centre de l’insurrection)

Prise du Panthéon, 24 juin 1848.
Contexte historique : Après la fermeture des ateliers nationaux qui fournissaient du travail aux chômeurs, les ouvriers se révoltèrent le 23 juin 1848 contre la jeune République. Les combats les plus violents eurent lieu le lendemain notamment autour du Panthéon, mais dès la soirée le gouvernement amorçait la reprise en main de la ville.

Flaubert recueillit des renseignements divers sur la place du Panthéon, un des centres de l’insurrection. Il fit la note documentaire suivante :

La 11 e et la 12 e légion de la garde nationale étaient en inimitié. Les défections y furent nombreuses. - Dans la 11e, il ne vint pas plus de 20 hommes par compagnie de 300.

La 11 e légion était sous les ordres de Damesme au Panthéon. La Caserne de la rue de l’Oursine avait failli être prise par de faux Gardes nationaux, f o 141. ( Fastes de la Garde Nationale )

Flaubert fait mention de la place du Panthéon en tant que centre de l’insurrection dans les brouillons 17608, f os 62v, 91v. Poste du Panthéon (devient Poste de l’École Polytechnique) : 17608, f o 105v.

En ce qui concerne les femmes qui sont envoyées au Panthéon, devenu dépôt de cadavres, Flaubert fit la note suivante:

nuit du 24 au 25. plus triste encore. Les ambulances sont augmentées. le chiffre des morts effrayait. - des femmes erraient de porte en porte, demandant des nouvelles de leur fils, mari etc. les retrouvaient avec joie, les cherchaient avec désespoir, les retrouvaient aux ambulances morts, ou blessés etc. - (250.), f o 184. ( Fastes de la Garde Nationale )

Flaubert fait référence à ces femmes dans les brouillons 17608, f os 152v, 103v, 88v.

 

Panthéon (atmosphère)

Flaubert décrit l’atmosphère de la place du Panthéon dans 17608, f os 36v, 79v, 96v Le détail fut intégré dans les brouillons: 17608, f os 62v , 79v , 96v , 91v , 105v , 159v , 103v , 88v , 156v .

— Commentaire : Pour la description de l’atmosphère de la place du Panthéon, Flaubert s’est peut-être inspiré, selon Guisan (art.cit., p.199) des gravures données dans L’Illustration (8 juillet 1848, p. 277), reprises dans les Journées illustrées (p. 191). Guisan a aussi relevé des ressemblances entre la description des traces de l’insurrection dans ce quartier et celle qui se trouve dans Les Débats du 28 juin 1848. ( Voir Sources, Les Débats)
Alberto Cento (p. 268) a signalé comme source possible Le Constitutionnel du 29 juin 1848.

 

Hôtel de Ville

Flaubert fit la note documentaire suivante :

Dans le caveau de l’Hôtel de Ville, plusieurs restèrent 60 heures sans manger. Quelques-uns furent pendus dans le corridor à des barreaux de fer. Les cadavres étaient entassés en montagne dans la cour et dans la salle Saint-Jean. (f o 143v).

Voir aussi D.Stern, Histoire de la Révolution de 1848, p. 627.

Le détail fut intégré dans les brouillons: 17607, f os 175v , 179 , 179v .

 

⚈ Jardin des Plantes

Maxime Du Camp fournit à Flaubert les renseignements suivants :

Derrière la grande et massive obscurité du Jardin des Plantes, la Pitié éclairée à toute fenêtre ; on y apportait depuis trois jours les blessés et la besogne ne manquait pas. […] Nul poste proprement dit, mais des masses de petits postes composés des gens du quartier , ayant osé des sentinelles à l’entrée des rue et se tenant chez les marchands de vin et les gargotes dont ce coin de Paris est rempli. Les sentinelles gueulent: « Alerte, qui vive? Passez au large. Garde à vous » à tout passant qui se présentait. Zèle passif des bourgeois, interrogatoires minutieux de tout individu arrêté; causeries imbéciles, : « c’est Henri V ; on a trouvé de l’or russe et anglais sur les insurgés morts, le duc d’Aumale a débarqué à Calais; Barbès s’est sauvé de Vincennes», etc., etc. En somme, toujours l’effet que je t’avais signalé et qui m’avait vivement frappé: silence de terreur ou plutôt d’appréhension, troublé par des rumeurs anormales qui augmentaient les craintes.
(Lettre du 22 septembre 1868, Correspondance , III, 864-5).

Flaubert fait référence au Jardin des Plantes dans les brouillons: 17608, f os 62v , 99v , 139v , 155v , 143v , 148v .

 

⚈ place Lafayette

Daniel Stern mentionne le combat qui eut lieu sur la place Lafayette :

Sur la place Lafayette, et dans les rues voisines, un combat acharné durait depuis plusieurs heures. Les insurgés y ont construit, avec des tonneaux d’arrosage, des planches et des pavés, une barricade très haute, que défendent les ouvriers mécaniciens de la Chapelle Saint-Denis, commandés par le capitaine de la Garde Nationale Legénissel, dont la compagnie tout entière a passé à l’insurrection. ( Histoire de le Révolution de 1848 , p. 622.

Flaubert fait référence à la place Lafayette dans la mise au net 17607, fo 176.

 

La Pitié

Maxime Du Camp fournit à Flaubert les renseignements suivants :

Derrière la grande et massive obscurité du Jardin des Plantes, la Pitié éclairée à toute fenêtre ; on y apportait depuis trois jours les blessés et la besogne ne manquait pas. […] Nul poste proprement dit, mais des masses de petits postes composés des gens du quartier , ayant osé des sentinelles à l’entrée des rue et se tenant chez les marchands de vin et les gargotes dont ce coin de Paris est rempli. Les sentinelles gueulent: « Alerte, qui vive? Passez au large. Garde à vous » à tout passant qui se présentait. Zèle passif des bourgeois, interrogatoires minutieux de tout individu arrêté; causeries imbéciles: « c’est Henri V ; on a trouvé de l’or russe et anglais sur les insurgés morts, le duc d’Aumale a débarqué à Calais; Barbès s’est sauvé de Vincennes», etc., etc.
En somme, toujours l’effet que je t’avais signalé et qui m’avait vivement frappé: silence de terreur ou plutôt d’appréhension, troublé par des rumeurs anormales qui augmentaient les craintes. (Lettre du 22 septembre 1868, Correspondance , III. 864).

Le détail fut intégré dans les brouillons: 17608, f os 62v , 99v , 139v , 155v , 143v , 148v .

 

Porte St. Denis

Flaubert fit les notes documentaires suivantes:

juin [....] 12. ordre du pouvoir exécutif d’arrêter Louis Bonaparte
Clubs du désespoir = attroupements, le soir et entre les portes St Denys et St Martin C’est bon genre d’y aller. (f o 136).
Clubs du désespoir = attroupements le soir entre les portes St Denys et St Martin Mesures réactionnaires après juin: [....] (f o 195v).

Le détail fut intégré dans les brouillons: 17608, f os 113 , 106 , 116 , 96v .

 — Commentaire : Voir Du Camp, p. 243 — DanielStern, p. 610.

 

Porte St. Martin

Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

juin [....] 12. ordre du pouvoir exécutif d’arrêter Louis Bonaparte
Clubs du désespoir = attroupements, le soir et entre les portes St Denys et St Martin C’est bon genre d’y aller. (f o 136).
le 18 juin. il fut question dans les groupes de s’emparer de l’hôtel de ville des gamins vont du Châtelet à la porte St Martin en criant «vive Napoléon» (f o 165v).
barricade de la Porte St [Mar] {Martin}. On prend un drapeau: «ateliers nationaux» 2e brigade – ce drapeau déjà tenu par une femme morte à ses côtés sur une barricade» – (f o 183v).
Clubs du désespoir = attroupements le soir entre les portes St Denys et St Martin Mesures réactionnaires après juin: [....] (f o 195v).

Le détail fut intégré dans les esquisses 17607, f os 89 , 104 , et dans les brouillons: 17608, f os 102 , 91v , 116 , 96v .

 

⚈ Le poste des Tuileries

Maxime Du Camp écrit à Flaubert :

Les gardes commençaient à 10 heures du matin et finissaient le lendemain à la même heure. Dans le courant du soir ou de la nuit on avait une faction de deux heures à faire. Les postes étaient fort tristes. Murailles peintes en jaune pâle, lits de camp, planche pour mettre les sacs, râteliers (c’est le mot pour les fusils.) Un poêle en fonte, une table, deux bancs, deux ou trois chaises de paille dépenaillées. À côté du poste et s’y ouvrant, la chambre des officiers: grand fauteuil de maroquin, à oreillettes, pour dormir, un lit de camp avec un matelas, table, tout ce qu’il faut pour écrire. Tu peux admettre que ton jeune homme a été monter la garde d’un ami dans une légion qui n’est pas la sienne. À moins d’un hasard, ou d’une circonstance spéciale, cette réunion au même poste est assez difficile. [...]

A cette époque (48) on changeait l’uniforme et l’on substituait le ceinturon aux buffleteries. Cela peut te donner occasion d’une bonne conversation d’imbéciles, à ce sujet. (Lettre du 20 juin 1868, Correspondance , III. 863)

L'episode fut élaboré dans les esquisses 17607, f o 104 , 69v , et dans les brouillons 17607 97 , 99 , 98 , 95v , 100 .

 

Quartier St. Jacques

Flaubert fit la note documentaire suivante :

Dans le quartier St Jacques près de St Severin, des légitimistes avaient établi une sorte d’état-major d’où partaient leurs opérations. Ils distribuaient des médailles à l’effigie d’Henri V. et on en a depuis retrouvé plusieurs milliers dans une maison de la rue St Jean Beauvari 179. (f o 198).

Le détail fut intégré dans les brouillons: 17608, f os 14v , 79v , 62v , 96v , 91v , 105v , 156v , 103v , 88v , 86v .

 

Rue Saint-Victor

La description de l’atmosphère est basée sur les renseignements fournis dans une lettre du 22 septembre 1868 de la part de Maxime Du Camp :

Quant à mes souvenirs sur Paris la nuit, les voici: aspect sinistre ; rues vides, parcourues par des patrouilles de garde nationale de 100 à 150 hommes au moins; des tambours escortés par deux ou trois compagnies, allaient de rues en rues battant la générale pour appeler tout le monde aux armes; les maisons absolument éteintes et obscures . Dans toute lumière on voyait un signal d’insurrection et l’on tirait sur les fenêtres éclairées; Aimée a été visée et tirée sur notre escalier, par une vedette. Les sentinelles criaient de dix en dix minutes: « Sentinelles, prenez garde à vous! » Les dragons de Goyon étaient de service, partout en vedettes; personne ne circulait sauf quelques hommes en BLOUSE BLANCHE qui disaient un mot d’ordre et passaient; c’étaient des agents de police déguisés. - L’artillerie était arrivée le dimanche venant de Bourges, elle était entrée à Paris, par les Batignolles; le lundi matin elle avait pris position vers le Faubourg Saint-Antoine; ton héros peut donc l’avoir rencontrée dans la nuit du dimanche à lundi. Insiste sur ce double effet sûr. Silence anormal troublé de temps en temps par un bruit absolument particulier qui n’avait rien de commun avec les bruits ordinaires de Paris; c’était là le caractère spécial du Paris nocturne et qui, en dehors des événements, causait une sorte de stupeur à tout le monde. Le changement brusque et radical des apparences du milieu suffisait à épouvanter les Bourgeois: donc obscurité des façades de maison, silence profond, noir ; tout à coup des cris se répètent: « Sentinelles, prenez garde à vous!» silence; bruissement de 150 hommes marchant en cadence; - silence; fracas de la générale! - silence, roulement des canons très sourd et très puissant; toute poitrine est oppressée. Cette oppression , cet étouffement est resté très net dans mon souvenir. Parfois des gardes nationaux se faisaient ouvrir les maisons, les visitaient appartement par appartement et faisaient marcher les camarades poltrons. Dans la nuit de lundi au dimanche [sic], comme les troupes arrivaient, que les gardes nationales affluaient, il devait y avoir bien des feux de bivouac aux places, carrefours et boulevards. - Voilà. ( Correspondance, III. 863)

Flaubert évoque l’atmosphère rue Saint-Victor dans les brouillons 17608, f os 35v, 22v et 62v (ancre: ‘un silence profond’), 159v, 148v (voir supra).

 — Commentaire : Wetherill, Note 661.

 

PERSONNAGES

Abd el Rader [Abd-el-Kader]

Abdelkader (1808-1883) fut le chef de la résistance algérienne contre la colonisation française. Après sa reddition en 1847, il fut avec sa famille et ses fidèles détenu en France, d'abord au fort Lamalgue à Toulon, puis au château de Pau. En novembre 1848, ils sont transférés au château d'Amboise.

Flaubert fit la note documentaire suivante:

au commencement de juin [....] pamphlets immondes {mot illisible} sur la place publique: le mariage de la duchesse d’Orléans avec Abd el Rader. (f o 186). ( Journées illustrées de la Révolution )

Le nom fut intégré dans les brouillons: 17607, f os 108 , 109 , 107v , 98v .

 

⚈ L'Archevêque de Paris

Février 1848 :  les insurgés portent en procession le crucifix de la chapelle des Tuileries jusqu’à l’église Saint-Roch. Mgr Affre, archevêque de Paris depuis huit ans, apporte son soutien au nouveau régime. Cet homme libre, issu du milieu aisé, est sensible aux idées du catholicisme social naissant. Il soutient le journal «L’Ère nouvelle» lancé par Lacordaire, Maret et Ozanam. Ses nombreuses lettres pastorales le montrent attentif aux détresses.
Juin 1848 : après les arrestations qui ont suivi la tentative de coup d’État par l’extrême-gauche, le soulèvement des ouvriers, le 23 juin, contre la fermeture des «Ateliers Nationaux», met Paris en ébullition. Le 25 juin, Mgr Affre, qui sillonne la capitale depuis deux jours pour prendre la mesure de la tragédie, est sollicité par ceux, dont Ozanam, à qui il apparaît comme l’ultime recours. Il se rend au Palais-Bourbon pour rencontrer le général Cavaignac, commandant des forces gouvernementales, qui lui remet des sauf-conduits et une proclamation offrant l’amnistie aux insurgés. Place de la Bastille, l’archevêque, une fois passé derrière les barricades, est abattu par un tueur isolé. Il meurt le 27 juin.

Flaubert fit les notes documentaires suivantes:

Mort de l’archevêque de Paris. Ce «sublime» martyr. {Ses mots saints en mourant.
- Mettre en opposition la mort de Mgr de Quélen. «un archevêque en manchon».} Assassinat du général Bréa. {27 médailles frappées en son honneur.} On était content. Ça faisait deux arguments au lieu d’un. (f o 138) - Déplorer la mort de l’archevêque de Paris. - (f o 139) - Déplorer la mort de l’archevêque de Paris, qui est un martyr. (17611, f o 129)
«Le Christ républicain», journal du citoyen Delclergues. Ennemi des prêtres, plaint peu la mort de l’archevêque de Paris. Delclergues annonce un roman, de lui intitulé Le Règne du diable, roman rouge, ou Révélation des crimes de la société et satire cléricale pour l’édification et l’intsruction du peuple, 100 numéros ou livraisons à 5 c. chaque. (Carnet 14, f o 12).

Voir Daniel Stern, p. 672.

Le détail fut intégré dans les brouillons: 17608, f os 14v , 62v , 141v , 86v .

 — Commentaire : Raitt, p.306 : Mgr Affre, archevêque de Paris, fut tué le 25 juin, à la Bastille, de même que Charbonnel.

 

Lieutenant-colonel Thomas

Jacques Léonard Clément-Thomas (1809-1871) entre dans l'armée, comme volontaire, à l'âge de vingt ans. De tendance républicaine, il est compromis dans plusieurs complots (dont celui de Lunéville en avril 1834) pendant la monarchie de Juillet. Exilé en Angleterre, il rentre en France après l'amnistie de 1837. Il collabore alors au journal Le National. Favorable à la Deuxième République, il est élu député de la Gironde à l'Assemblée constituante (1848). Il commande la Garde nationale de la Seine qui réprime durement les ouvriers révoltés des Ateliers nationaux lors du soulèvement de juin 1848.

« Pendant que le lieutenant-colonel Thomas, à la tête de deux bataillons du 14e et du 24e léger et d’un détachement de la garde républicaine, fait des efforts extraordinaires pour dégager les rues, la garde mobile essaye de s’emparer des bâtiments en construction qui entourent la place. Après une longue lutte, où plus de cent des leurs périssent, les gardes mobiles sont forcés de renoncer à leur entreprise. » (Daniel Stern, Histoire de la Révolution de 1848.

 

Le duc d'Aumale

Henri d'Orléans, couramment désigné sous son titre de duc d'Aumale, (1822-1897) est un prince du sang de la maison d’Orléans, militaire et homme politique français. Il est l'un des fils du roi Louis-Philippe. Il est notamment gouverneur général de l'Algérie, et participe à ce titre à la reddition d'Abd el-Kader en décembre 1847.

Maxime Du Camp écrit à Flaubert (oct 1868):

Zèle passif des bourgeois, interrogatoires minutieux de tout individu arrêté; causeries imbéciles, : «c’est Henri V; on a trouvé de l’or russe et anglais sur les insurgés morts, le duc d’Aumale a débarqué à Calais; Barbès s’est sauvé de Vincennes», etc., etc. En somme, toujours l’effet que je t’avais signalé et qui m’avait vivement frappé: silence de terreur ou plutôt d’appréhension, troublé par des rumeurs anormales qui augmentaient les craintes. ( Correspondance, III, BN n.a.fr., 17611, f o 176).

Le Duc d’Aumale est mentionné dans les brouillons 17608, f os 141v , 94v , 96v , 86v .

 

Barbès

Armand Barbès (1809 -1870) est un militant républicain français, opposant à la monarchie de Juillet. À la suite des événements du 12 mai 1839, journée d'insurrection durant laquelle les républicains de la Société des saisons tentent de renverser Louis-Philippe, il est condamné à la détention perpétuelle, puis libéré par la révolution de 1848. Le 15 mai 1848, lorsque des militants des clubs tentent d’imposer leur loi au gouvernement provisoire, il est incarcéré, avant d'être amnistié en 1854. Il choisit par la suite de s'exiler aux Pays-Bas.

Maxime Du Camp écrit à Flaubert (oct 1868):

Zèle passif des bourgeois, interrogatoires minutieux de tout individu arrêté; causeries imbéciles, : «c’est Henri V; on a trouvé de l’or russe et anglais sur les insurgés morts, le duc d’Aumale a débarqué à Calais; Barbès s’est sauvé de Vincennes», etc., etc. En somme, toujours l’effet que je t’avais signalé et qui m’avait vivement frappé: silence de terreur ou plutôt d’appréhension, troublé par des rumeurs anormales qui augmentaient les craintes. (BN n.a.fr., 17611, f o 176).

Flaubert fit la note documentaire suivante :

Barbès et Louis Blanc tirent tous leurs efforts pour empêcher la manifestation du 15 mai. (86) (f o 198).

Le nom de Barbès paraît dans les brouillons 17608, f os 141v , 94v , 96v , 86v .

 

Bouhier de l’Écluse

Robert Constant Bouhier de L'Écluse (1799-1870) est un avocat et homme politique français. Bouhier de l'Ecluse fut l'auteur, à la Constituante, d'un travail sur les banques hypothécaires, d'un projet de décret sur les ateliers nationaux, et d'un discours contre le droit au travail.

Daniel Stern fait mention de ce personnage :

L’Assemblée, en diverses occasions, même après l’Émeute du 15 mai, avait encore témoigné de ses sympathies pour les classes laborieuses. Le 21 mai, elle écoutait et renvoyait aux trois comités des finances, de l’agriculture et la législation une proposition tendant à créer une banque hypothécaire, qui rappelait les plans d’institutions économiques de l’école phalanstarienne. Dans la séance du 25, l’Assemblée examinait un plan de M. Bouhier de l’Écluse pour l’organisation d’une Banque Nationale foncière, Histoire de la Révolution de 1848, p.585

Le nom se trouve dans les esquisses17607, f os 114 , 111 .

 

⚈ Le général Bréa

Jean Baptiste Fidèle Bréa (1790-1848) est un officier général français. Chargé lors des Journées de juin 1848 d'opérer contre les insurgés de la rive gauche de la Seine, il réussit à les rejeter hors des murs : dans l'espoir de les ramener par des moyens pacifiques, il s'avance pour parlementer en dehors de la barrière de Fontainebleau, mais il est saisi et fusillé le 25 juin.

Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

Mort de l’archevêque de Paris. Ce «sublime» martyr. {Ses mots saints en mourant.
Mettre en opposition la mort de Mgr de Quelen. «un archevêque en manchon».} Assassinat du général Bréa. {27 médailles frappées en son honneur.} On était content. Ça faisait deux arguments au lieu d’un. (f o 138)

Le détail fut intégré dans les brouillons 17608, f os 14v , 62v , 99v , 139v , 155v , 143v , 86v .

— Commentaire : Raitt, p.306 : ‘Le général J.-B. Bréa, qui avait tenté de parlementer avec les insurgés le 25, fut fait prisonnier, puis tué par ses gardes deux heures plus tard.’ Voir aussi Wetherill, Note 665. 

 

Carnot

Hippolyte Carnot (1801-1888) est le fils de Lazare Carnot. Acceptant la proclamation de la République en février 1848, Carnot devient ministre de l'Instruction publique dans le gouvernement provisoire.

Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

On n’a {pas} protégé assez la religion. {Haine des réactionnaires contre Carnot.(f o 138)
Religion: Sénard-Carnot. - Carnot, odieux [comme républicain] {aux Jésuites} pour ses manuels, son école d’administration. On lui refuse de l’argent pour les instituteurs primaires. donne sa démission le 8 juillet. (f o 139)
Carnot. Haine contre Carnot comme républicain, ses manuels, son école d’administration. { ? ? aux Jésuites} . {On lui refuse de l’argent pour les instituteurs primaires. Offre de donner sa démission le 5 juillet} (17611 f o 129).

Le nom fut intégré dans l'esquisse 17607, 63v .

 

Caussidière

Marc Caussidière (1807-1861) est un ouvrier dans la soierie, courtier en marchandises, journaliste, préfet de police, député de l'Assemblée nationale constituante et révolutionnaire républicain français, membre également de la franc-maçonnerie et de la Société des saisons. Pendant la révolution de février 1848, il se tient sur les barricades jusqu’au moment de la victoire de son parti ; il s'installe à la préfecture de police, dont il s’est s’emparé et dont le gouvernement provisoire (dont Ledru-Rollin est ministre de l'Intérieur) lui attribue bientôt officiellement la direction, par le biais de Louis-Antoine Garnier-Pagès, membre du gouvernement et maire de Paris. Il se fait alors gloire de « faire de l’ordre avec du désordre »: supprimant la Garde municipale de Paris, remplaçant les sergents de ville par les gardiens de Paris, il crée également le corps de la « Garde du Peuple », composé de tous les révolutionnaires récemment libérés. De son poste, il notifie aux commissaires de police de veiller à ce qu'aucun mouvement ne tente de détourner les ouvriers de leurs travaux, notamment pour nourrir le désordre encore ambiant. Il résiste ouvertement à la démonstration du 17 mars où, à la demande d’une délégation de plus de 200 000 hommes conduite par le révolutionnaire Auguste Blanqui, le gouvernement provisoire accepte de reporter les élections ; il renouvelle sa résistance le 16 avril lors d'une autre journée révolutionnaire pour un nouveau report des élections. Le département de la Seine l’envoie à la Constituante. À partir de mai 1848, la Commission exécutive, nouveau gouvernement, tente de l’éliminer de la préfecture de police. Après l’échec de la manifestation républicaine du 15 mai 1848, son inaction apparemment complice le fait accuser devant l’Assemblée. Il est démis de ses fonctions de préfet de police par la Commission exécutive, et la garde qu'il a créée est licenciée. Il se défend à la tribune et fait distribuer un mémoire justificatif à ses collègues. Ayant démissionné de son mandat de député à l’Assemblée constituante, son mandat lui est rendu par les électeurs aux élections complémentaires de début juin. Mais, après l’échec sanglant de la révolte ouvrière des journées de Juin, une double demande d’autorisation de poursuites est portée contre lui ; dans la nuit du 25 au 26 août, l’Assemblée, par un double vote, accorde sa mise en accusation pour le 15 mai, tout en le refusant pour les journées de juin.

Mentionné dans les esquisses 17607, f os 63v , 115 et dans le brouillon 17607, f o 111v .

 — Commentaire : Gothot-Mersch, Note 243 : ‘Il s’agit des hommes de Caussidière’ et Note 281: ‘Caussidière avait joué un rôle dans l’insurrection des canuts de Lyon en 1834. Condamné, il bénéficia de l’amnistie en 1837, et fut ensuite de tous les complots. Nommé préfet de police par le Gouvernement provisoire, homme dangereux, sectaire, force de la nature, il organisa un corps de police qui lui était entièrement dévoué.’

 

Cavaignac

Louis Eugène Cavaignac, connu aussi sous le nom de général Cavaignac (1802-1857) est un général et homme d'État français. Commandant des zouaves (1840-1845), gouverneur de l'Algérie (1848), il est président du Conseil des ministres chargé du pouvoir exécutif durant l'année 1848. À ce titre, il parvint à prendre le contrôle de l'insurrection après plusieurs jours (24, 25 et 26 juin) d'une lutte acharnée qui fit 1 600 tués du côté gouvernemental et entre 3 000 et 5 000 morts parmi les insurgés. Il devient alors très impopulaire auprès des ouvriers qu'il a durement réprimés, au point que certains lui donnent le surnom de "prince du sang". Il est candidat à l'élection présidentielle des 10 et 11 décembre 1848 mais battu par Louis-Napoléon Bonaparte.

Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

Soulagement: comme après une invasion de Barbares.
«Cavaignac nous a sauvés.» - «les mobiles aussi! - [La B] {Bons mots pendant la bataille - Lamoricière, Muzzer.}
[....] (Dès que Cavaignac fut chef du pouvoir exécutif, une députation de représentants alla le prier de suspendre plusieurs journaux et d’arrêter provisoirement leurs rédacteurs.) {Pas un de ceux qui en disent du mal ne pourrait vivre un jour sans journaux.} (f o 138).
- Dès que Cavaignac fut chef du pouvoir exécutif, une députation de représentants alla le prier de suspendre plusieurs journaux et d’arrêter provisoirement leurs rédacteurs.
[....] Mécontentement de la rue de Poitiers à la nomination du ministère Cavaignac. (f o 139).
Le Constitutionnel des Insurgés demandait 30 millions à partager entre les combattants démocrates, la tête de Cavaignac, etc. Se font honneur de se faire appeler forçats: «Appelle-moi-forçat.» (f o 142v).
Le Peuple
12 Xbre 48
Le 11, à 7 heures du soir, deux mannequins, l’un figurant Cavaignac, l’autre Louis Blanc, ont été promenés, vilipendiés et brûlés, l’un dans le faubourg Saint-Denis, l’autre dans le faubourg Saint-Antoine.
Une bande de 300 à 400 gamins a chanté place Vendôme et faubourg Saint-Germain:
«Cavaignac s’en ira
Cavaignac, on le pendra»
Après le 15 mai, on signa dans plusieurs légions de la Garde nationale (f o 144v).
Une députation de représentants alla prier Cavaignac dès qu’il fut chef du pouvoir exécutif de suspendre «une quinzaine de journaux et d’arrêter provisoirement leurs rédacteurs» (f o 186).
{Martin,} mobile, blessé reçoit de Cavaignac, la croix «Ah! que mon pauvre père va être heureux» mort depuis. ? par [la] l’effet d’une cigarre {sic} empoisonnée! (152)(f o 199).
Le 12 Juillet. on dit que Paris est en partie miné - que les rouges veulent le faire sauter. «Des femmes hier on parcouru la ville en craint «du pain ou des barricades» (177.) jalousie entre Lamoricière et Changarnier. Cavaignac sachant qu’il ne sont nullement républicains se méfie d’eux. (f o 199v).
Dès que Cavaignac fut chef du pouvoir exécutif, une députation de représentants alla le prier de suspendre une quinzaine de journaux et d’arrêter provisoirement leurs rédacteurs.
[....] Mécontentement de la rue de Poitiers à la nomination du ministère Cavaignac-Sénard.
[....] On dit qu’il y avait 12 mille forçats [dans l’insurrection.] {Dans les hôpitaux, les insurgés se relèvent de leur lit pour aller assassiner les mobiles.} {Demandaient à partager 30 millions et la tête de Cavaignac. Leur cri de ralliement était «Mort aux riches, nous les brûlerons!»} (17611, f o 129).

Le nom de Cavaignac est mentionné dans les brouillons 17608, f os 36v , 118v , 113v , 86v .

 — Commentaire : Gothot-Mersch, Note 544.

 

Le tambour Chatel

Flaubert fit la note documentaire suivante :

un tambour blessé aux jambes continue à battre assis. - Chatel, {presqu’un enfant} tambour ayant la main droite brisée, l’enveloppe de son mouchoir et continue. - a la main coupée d’un coup de sabre. frappe la caisse de son moignon ensanglanté 119.

Alphonse Balleydier, Histoire de la Garde Républicaine (Paris, Martinon-Ledoyen et Giret, 1848, pp. 119-120) offre la description suivante de l'incident:

Un autre tambour, un enfant nommé Chatel, engagé dans la garde républicaine, battait également la charge au pied d'une barricade qui vomissait une pluie de feu. Une balle lui brise la main droite, il l'entoure de son mouchoir et continue tranquillement de la main gauche. La barricade est enlevée, les gardes républicains la franchissent, Chatel les suit tambour battant; un combat à l'arme blanche s'engage. Chatel, qui se trouve engagé dans la mêlée, a la main coupée d'un coup de sabre; il chancelle, mais se redressant aussitôt sans proférer un cri, il frappe la caisse de son moignon ensanglanté jusqu'au moment où ses forces trahissant son courage il est porté sans connaissance à l'hôpital.
L'histoire authentique n'a rien de plus beau. Cet enfant, ce héros veux-je dire, méritait la croix d'honneur... Une croix de bois seule abrite sa tombe.

L'incident a été élaboré dans les folios 17607-174 , 17607-175 et 17607-180v.

Flaubert ne fit pas de note documentaire sur ce garçon mais la description rappelle le Gavroche des Misérables (le roman de Hugo paraît en 1862) et celle de Du Camp :

« un gamin de treize à quinze ans, nu-bras, sans souliers, juché sur un cheval harnaché d’une housse d’officier supérieur; en main il tenait un fusil de munition armé d’un baïonnette, et sa tête disparaissait sous un énorme chapeau de piqueur de la maison du roi; il donnait des coups de pied dans le ventre de son cheval en disant: «Hue donc!», Souvenirs, p. 90

MSS: esquisses, 170v, 165v — Château d'eau, 169v2.

 

Damesne

Édouard Adolphe Déodat Marie Damesme est un militaire français (1807-1848). Le 9 juin 1848, il est nommé général commandant la garde mobile : considéré comme en mission hors cadre, il continue à compter parmi les colonels de son arme. Deux semaines après sa nomination, il est blessé au cours des Journées de Juin. Le 24 juin, participant aux combats autour du Panthéon, il reçoit - rue de l'Estrapade - un coup de feu qui lui brise la cuisse. Le lendemain, à titre de récompense nationale, le colonel Damesme est nommé général de brigade. Amputé de la jambe à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, son état fait d'abord l'objet de bruits contradictoires mais s'avère finalement satisfaisant comme le président de l'Assemblée nationale s'en fait lui-même l'écho dans les séances des 1er et 4 juillet. Alors que sa convalescence s'annonce positivement, son état se dégrade brutalement et le général Damesme décède le 29 juillet 1848.

Flaubert fit la note documentaire suivante:

La 11 e et la 12 e légion de la garde nationale étaient en inimitié. Les défections y furent nombreuses. - Dans la 11 e , il ne vint pas plus de 20 hommes par compagnie de 300. La 11 e légion était sous les ordres de Damesme au Panthéon. La Caserne de la rue de l’Oursine avait failli être prise par de faux Gardes nationaux. (f o 141).

Le nom fut intégré dans les brouillons 17608, f os 62v , 96v , 91v .

Source : voir Daniel Stern, p.653.

 

M. de Falloux

Le comte Frédéric Alfred Pierre de Falloux du Coudray, (1811-1886) est un journaliste, historien et homme politique français du courant légitimiste. Il accueille avec bienveillance la révolution de février 1848. Élu député à l'Assemblée nationale en février 1848, comme « républicain du lendemain », il y est l'adversaire acharné des Ateliers nationaux dont il obtient la dissolution en juin 1848, provoquant indirectement les répressions des journées de Juin.

Flaubert fit les notes documentaires suivantes:

12. ordre du pouvoir exécutif d’arrêter Louis Bonaparte
Clubs du désespoir = attroupements, le soir et entre les portes St Denys et St Martin C’est bon genre d’y aller.
illuminations forcées «des lampions»
Falloux. ateliers nationaux - dissolution (f o 136).
le 19 et 20. arrestations en masse. 200 environ par soirée.
Falloux propose la dissolution (f o 165v).

Le nom fut intégré dans les brouillons 17607, f os 113 , 112 , 107v .

  Source : voir Daniel Stern, pp. 599-602.

 

M. de la Ferté

Flaubert fit la note documentaire suivante :

Héroïsme de Monsieur de la Ferté, qui porte un garde mobile sur son dos, pour lui faire prendre un drapeau rouge sur une barricade. (t 2. p 145).

Source :

[...] Ainsi se sont trouvés rapprochés le marquis de la Ferté et un garde mobile en face d’une de ces barricades les plus formidables des boulevards. [...]. Les gardes mobiles, pour la plupart enfants de quinze à dix-sept ans, appartiennent tous à la famille du «gamin de Paris,» [...]. La résistance derrière cette barricade monstre avait un peu faibli, quoiqu’une fusillade irrégulière, partie du sommet et du flanc, se fit toujours entendre; [...]. M. de la Ferté se trouvait un peu en avant, à côté d’un petit garde mobile qui s’était déjà bravement battu. Un drapeau rouge flottait, par défi, au sommet de la barricade, lorsque son compagnon, garçon de quinze ans, s’adressant à lui: «Grand garde national,» dit-il, «veux-tu prendre ce drapeau à nous deux? — Soit, petit garde mobile, avançons.» Ils avaient fait les deux tiers du chemin, lorsque le petit bonhomme tomba, atteint à la jambe, et regardant d’un air piteux son gigantesque compagnon, lui dit: «Hélas! grand garde national, je n’aurai donc pas, moi, ce drapeau? — Si fait, petit garde mobile, tu l’auras.» Il prend alors l’enfant doucement dans les bras, le place sur ses épaules, s’élance vers le sommet de la barricade, et, sous le feu général de ceux qui la défendaient, encourage le blessé à étendre sa main avide de saisir le drapeau rouge, et à l’agiter au-dessus de sa tête avec un sentiment d’orgueil qui, dans le moment, lui faisait oublier sa douleur et sa faiblesse. Ils redescendirent ensuite sans autre accident; M. de la Ferté, chargé toujours de son intéressant fardeau, le transporta à l’arrière du détachement pour lui faire donner les secours nécessaires, et le héros enfant conserva le trophée qu’ils avaient conquis ensemble et qu’il tenait serré dans ses mains.
Le Marquis de Normanby, Une Année de Révolution , (Paris, Plon, 1858, 2 vols, vol. 2, p.145)

L'incident a été élaboré dans le folio 17607, f o 177 .

 

‘vendeurs de journaux’

La presse en 1848 a été marquée par une explosion de créations de journaux, avec plus de 300 titres émergeant à Paris et presque autant en province. La liberté acquise après l'abrogation des lois de 1835 permet à tous ceux qui en ont les moyens d'imprimer leur feuille : les numéros un, parfois deux et trois, qui paraissent en février, et jusqu'en juin 1848, offrent de ce point de vue un avant-goût remarquable de la manière dont la presse participe de l'intensification des échanges et de la circulation culturelle pour s'inscrire dans la culture de masse. Voir infra "presse"

— Commentaire : néant.

 

‘garde national’

Flaubert fit la note documentaire suivante :

Après juin.

Caveau des Tuileries. Les premiers prisonniers furent amenés le vendredi 23 vers midi. On les entassait. Ils furent 900. On les appelait: [et on] et des décharges de mousqueterie retentissait. Ils croyaient tous qu’on allait les fusiller et se serraient les uns contre les autres.

Un officier tirait par un soupirail de cave à l’École militaire sur les malheureux qui demandaient {réclamaient} du pain et demandaient en ricanant après en avoir tué un «Qui a encore faim? Je vais le servir.» ( Carnet 14 , fos 14 - 14v).

- Voir Sources.

L’incident est développé dans les esquisses 17607, f os 177 , 174 et les brouillons 17607, f os 172 , 180v , 176.

 

Condé

Au matin du 27 août 1830, peu après l'avènement de la monarchie de Juillet, le prince de Condé fut retrouvé « pendu » par le cou par un double mouchoir noué par un nœud de tisserand, les pieds touchant le sol, à l'espagnolette de la fenêtre de sa chambre du château de Saint-Leu, qu'il avait acquis en 1816. Rien, dans la vie du prince, qui s'était couché normalement la veille, ne pouvait laisser penser à une tentative suicidaire. Aussitôt, les légitimistes firent circuler la rumeur de l'assassinat, et accusèrent Louis-Philippe et la reine Marie-Amélie d'en être les commanditaires pour permettre à leur dernier fils de capter l'immense héritage du prince. La thèse de l'assassinat affirmait sans preuve que le prince, bouleversé par les Trois Glorieuses et demeuré fidèle à la monarchie légitime, aurait décidé de révoquer son testament en faveur du jeune duc d'Aumale, de partir en exil et de léguer sa fortune au duc de Bordeaux. Averti de ces intentions, Louis-Philippe l'aurait fait étrangler par la baronne de Feuchères et le frère de celle-ci, qui auraient maquillé le crime en suicide.

 

Henri V

Henri Charles Ferdinand Marie Dieudonné d'Artois (1820-1883) est le petit-fils du roi Charles X et le chef et dernier représentant de la branche aînée et française de la maison de Bourbon. Il est prétendant à la Couronne de France de 1844 à sa mort sous le nom d'Henri V.

Maxime Du Camp écrit à Flaubert (oct 1868):

Les sentinelles gueulent: «Alerte, qui vive? Passez au large. Garde à vous» à tout passant qui se présentait. Zèle passif des bourgeois, interrogatoires minutieux de tout individu arrêté; causeries imbéciles, : «c’est Henri V; on a trouvé de l’or russe et anglais sur les insurgés morts, le duc d’Aumale a débarqué à Calais; Barbès s’est sauvé de Vincennes», etc., etc. En somme, toujours l’effet que je t’avais signalé et qui m’avait vivement frappé: silence de terreur ou plutôt d’appréhension, troublé par des rumeurs anormales qui augmentaient les craintes. ( Correspondance III, BN n.a.fr., 17611, f o 176).

Flaubert fit la note documentaire suivante :

Dans le quartier St Jacques près de St Severin, des légitimistes avaient établi une sorte d’état-amjor d’où partaient leurs opérations. Ils distribuaient des médailles à l’effigie d’Henri V. et on ena depuis retrouvé plusieurs milliers dans une maison de la rue St JeanBeauvari 179. Mr de Fouchecourt, condamné comme légitimiste, à 21 ans de travaux forcés. (f o 198).

Le nom fut intégré dans les brouillons 17608, f os 96v , 141v , 94v , 113v , 86v .

 — Commentaire : Raitt, p.306: ‘Est-il besoin de préciser qu’il s’agit du comte de Chambord, prétendant légitimiste?’

 

Les frères de Jeanson

Flaubert fit la note documentaire suivante :

X Eugène et Alfred de Jeanson (2e légion). gardes nationaux héroïques. tous deux blessés (ou tués) 187. .

Alboise et Charles Elie, Fastes des Gardes Nationales de France , (Paris, A. Goubaud, 2 vols, vol 2, p.186-7), offrent la description suivante de l'incident:

Ralliés à une fraction du 3 e bataillon, sans y rencontrer la compagnie qu’ils cherchent, les deux frères se trouvèrent bientôt engagés avec quelques camarades et des gardes mobiles dans la rue du Faubourg-Saint-Denis. Les insurgés, dont quelques-uns étaient logés dans des maisons et derrière des palissades, faisaient un feu continuel. Un moment, Alfred et Eugène furent séparés dans la partie la plus large de la rue. Dans ce moment même, une balle fracassa le bras d’Alfred, que l’on emporta loin du champ de la bataille sans que son frère pût le voir ou l’apprendre.
Eugène, ignorant l’accident qui venait d’arriver à son frère, continuait d’avancer avec les gardes mobiles. Un des insurgés, qui se rendait redoutable à ses adversaires par la justesse de son tir, se portait toujours en avant de sa bande pour décharger son arme. C’est lui qu’Eugène prend pour point de mire; mais au moment où il allait tirer, un garde mobile lui arrête le bras: «Camarade, dit-il, votre chien n’a pas de pierre.» Le jeune homme abaisse aussitôt son fusil: en effet, la pierre y manque. «Eh bien! s’écrie-t-il avec résolution, à la baïonnette! » Et il s’élance sur le tireur; nais celui-ci l’ajuste et fait feu. Eugène chancelle; la balle l’a frappé dans le haut de la cuisse. «Alfred! s’écrie-t-il d’une voix douloureuse. A moi, frère! » Hélas! Alfred ne pouvait plus l’entendre; mais des gardes mobiles accourent à sa voix, l’enlèvent et le transportent au no 200 de la rue du Faubourg.

Ce détail a été élaboré dans les folios 17607-174 , 17607-175 et 17607-180v .

 

Lamartine

À la proclamation de la République, en février 1848, Lamartine devient membre du gouvernement provisoire et ministre des affaires étrangères. Dans le gouvernement, il a dû intégrer les partisans d'une réforme politique et sociale (Louis Blanc, Albert, etc.) Mais lui-même est plus proche des libéraux, et de concert avec François Arago et Alexandre Ledru-Rollin, il mène une politique modérée. Après le résultat des élections, le 10 mai 1848, le gouvernement provisoire est remplacé par une commission exécutive, dont ont été exclus les plus à gauche (Louis Blanc, etc.). Lamartine siège alors avec François Arago et continue de vouloir une politique sociale (annonçant même un projet d'impôt sur le revenu) ce qui lui vaut désormais l'hostilité politique de l'assemblée. Après la fermeture des ateliers nationaux, les journées de Juin sont réprimées dans le sang par le général Cavaignac. Lamartine paraît à cheval devant les barricades, mais, coupé de la droite, il est à présent aussi définitivement coupé du peuple et la Commission démissionne. Isolé politiquement, au second semestre 1848, Lamartine n'obtient que 0,26 % lors de l'élection présidentielle qui porte au pouvoir Louis-Napoléon Bonaparte.

Flaubert fit les notes documentaires suivantes:

(Dès que Cavaignac fut chef du pouvoir exécutif, une députation de représentants alla le prier de suspendre plusieurs journaux et d’arrêter provisoirement leurs rédacteurs.) {Pas un de ceux qui en disent du mal ne pourrait vivre un jour sans journaux.}
On rétablit bientôt le cautionnement. «Il faut nous en débarrasser» (de la Presse). Et des clubs aussi: «ces antres malsains. On déplore franchement la Révolution de Février 4o. La faute en est au Gouvernement provisoire. Crimes de ses membres Louis Blanc Ledru-Rollin ...Lamartine. (f o 138).
Sobrier. Fusils donnés par Lamartine. Les voisins ont peur que la poudre ne fasse sauter le quartier. on les lui retire - au 15 mai se trouve à l’assemblée. (f o 195v).

Le nom fut intégré dans les esquisses 17607, f os 114 , et les brouillons 17607, f os 112 , 107v . .

 

M. Leclerc

Flaubert fit la note documentaire suivante :

barricade de la Porte St Denys. Deux femmes s’y succèdent - en haut - tenant un drapeau toutes deux. - tués.{sic}
C’est là, qu’eut lieu l’histoire Leclerc - ses deux fils

Adrien Pascal, Histoire de l'Armée et de tous les régiments , (Paris, Barbier, 1853-58, 5 vols, vol. 4, p. 370) offre la description suivante de l'incident:

[....] Le cri En avant! retentit, et les barricades qui barraient ces rues sont emportées à la baïonnette: ce qui restait d'hommes à les défendre fuit par toutes les rues de retraite.
C'est sur ce point qu'eut lieu le trait qui a valu, en avril 1850, de grandes chances électoriales à M. Leclerc, commerçant, et gardes dans la 3e légion. M. Leclerc combattait bravement, ayant à ses côtés un de ses fils; celui-ci est frappé mortellement; le père emporte le cadavre de son enfant, et amène au combat son second fils. Admirons ce stoïcisme qui est d'un grand citoyen, mais, disons-le aussi, d'un père sans entrailles...

Ce détail a été élaboré dans les folios 17607-174 , 17607-175 et 17607-180v .

 

⚈ Leroux

Pierre Leroux (1797-1871) est un éditeur, philosophe et homme politique français, théoricien du socialisme. Il prétendra avoir été le premier à employer le mot socialisme. Mais lui combat pour un socialisme mutualiste et associationniste. Il prend la défense des insurgés de juin 48, même s'il n'a jamais cru à l'efficacité du progrès social par les armes.

 

⚈ Ledru-Rollin

Alexandre Auguste Ledru-Rollin (1807-1874) est un avocat et homme politique français. Républicain progressiste, il est l'un des chefs de file de la campagne des Banquets qui aboutit à la révolution de 1848 et à la Deuxième République. Comme ministre de l'Intérieur du gouvernement provisoire alors institué, il fait adopter par décret le suffrage universel masculin.
Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

(Dès que Cavaignac fut chef du pouvoir exécutif, une députation de représentants alla le prier de suspendre plusieurs journaux et d’arrêter provisoirement leurs rédacteurs.) {Pas un de ceux qui en disent du mal ne pourrait vivre un jour sans journaux.}
On rétablit bientôt le cautionnement. «Il faut nous en débarrasser» (de la Presse). Et des clubs aussi: «ces antres malsains. On déplore franchement la Révolution de Février 4o. La faute en est au Gouvernement provisoire. Crimes de ses membres Louis Blanc Ledru-Rollin ...Lamartine. (f o 138).
Calomnies réactionnaires: Le Constitutionnel accusa Ledru-Rollin de faire des chasses à courre à Chantilly - de devoir 20 mill francs à Croie-Spinelli, bijoutier. (f o 198).
Gouvernement provisoire.
Orgies du Luxembourg. ? purée d’ananas. L{ouis} Blanc a un hôtel dans le faubourg Saint-Germain et défend à son concierge de louer aux ouvriers. Ledru-Rollin a fait des chasses à courre à Chantilly et doit 20 mille francs à Spinelli, orfèvre. (17611 fo 129).

Le nom fut intégré dans les esquisses 17607, f os 63v , 115 et les brouillons 17607, f os 113 , 112 , 107v .

 

Louis-Philippe

Après avoir abdiqué le 24 février, Louis-Philippe s'est embarqué pour l'Angleterre avec sa famille le 2 mars et réside depuis au château de Claremont dans le Surrey. Il mourra dans cet exil en 1850.

Flaubert fit la note documentaire suivante :

au commencement de juin les orateurs des Clubs péroraient en plein air et excitaient à la révolte. les cris de «vive Barbès» se mêlaient a ceux de «vive Napoléon»
pamphlets immondes {mot illisible} sur la place publique: le mariage de la duchesse d’orléans avec Abd el Rader
Amours secrètes de Louis-Philippe Révélations sur la mort du duc d’Orléans (f o 186).

Le nom fut intégré dans les brouillons 17607, f os 108 , 109 , 98v .

 

Marie

Pierre Alexandre Thomas Amable Marie de Saint-Georges dit Marie (1797-1870) est un avocat et homme politique français, membre du gouvernement provisoire de 1848. Les 26 et 27 février, en tant que ministre des Travaux publics, il ouvre les ateliers nationaux, destinés à employer les ouvriers et artisans des grandes villes en chômage forcé. L'État entend ainsi fournir, organiser et financer le travail, et payer, voire soigner les ouvriers. Elu le 23 avril 1848 représentant de la Seine à l'Assemblée nationale, Marie prend place dans la majorité. Il est désigné par suffrages pour faire partie de la Commission exécutive. En tant que ministre du Travail, il reçoit au Luxembourg, au début des terribles événements de Juin, une délégation des ouvriers, conduite par Pujol, mécontents de la décision du gouvernement d’envoyer une partie des ouvriers des Ateliers nationaux en Sologne y creuser le canal de la Sauldre. Marie exagère la fermeté, s'emporte en paroles véhémentes et intransigeantes et menace ses interlocuteurs que s’ils n’obéissent pas au gouvernement, on saurait les y contraindre. Ces paroles contribuèrent sans doute à pousser les travailleurs au désespoir et à la révolte.

Flaubert fit la note documentaire suivante :

les ateliers nationaux. idée de Marie. - voir le livre de Clément Thomas. - (f o 196).

Le nom fut intégré dans le brouillon 17607, f o 109 .

 

Marrast

Armand Marie François Pascal Marrast (1801-1852) est un journaliste et homme politique français.
Militant dans l'opposition libérale sous la Restauration, il prend part à la révolution de 1830 et participe au mouvement républicain sous la monarchie de Juillet. En 1848, Marrast est un des organisateurs du banquet républicain du 22 février, qui est le déclencheur immédiat de la révolution de 1848.
Le 9 mars, il devient maire de Paris, et exprime alors son opposition aux mesures en faveur des ouvriers. Élu en avril député à l'Assemblée nationale constituante, il siège dans les rangs de la « gauche non socialiste ». Il s'associe à la politique de répression qui suit les journées de Juin et dans l'ensemble, va voter les mesures cautionnées par la droite (contre l'abolition de la peine de mort, contre le droit au travail, pour les poursuites à l'encontre de Louis Blanc, etc.). Elu président de l'Assemblée constituante, il se retire de la vie politique après son échec aux élections législatives en mai 1849.

Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

Sur le pont Louis-Philippe, plus de quarante prisonniers furent jetés à l’eau pieds et poings liés. Marrast, dans une proclamation, qualifia d’exagéré [???] le zèle de la Garde nationale. (f o 143v).
Histoire de la Garde Républicaine par Alphonse Balleydier. 1848.
500 hommes sous le commandement de Lagrange, pendant la nuit du 24 au 25 ont préservé du pillage les archives et la bibliothèque. Rey fut nommé à sa place Armand Marrast les organisa. il remplaça la blouse bleue et le pantalon garance par une capote à revers bleus ou rouge avec passe-poil rouge, patte blanche et macaron rouge de chaque côté du collet. Épaulettes rouges à torsades blanches, aiguillettes rouges, pantalon bleu avec une large bande rouge, un bicorne d’après le modèle de 93, et orné d’une flamme rouge. (f o 179)
Huber, agent de Marrast. au 15 mai. - Marrast avait une police particulière (84-85) (f o 198).

Le nom fut intégré dans le brouillon 17607, f o 179 .

 

Le duc d'Orléans

Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

au commencement de juin [....]
pamphlets immondes {mot illisible} sur la place publique: le mariage de la duchesse d’orléans avec Abd el Rader
Amours secrètes de Louis-Philippe Révélations sur la mort du duc d’Orléans (f o 186).
27 Juillet. discours de Thiers : « Il y a, à peine, un partisan de la branche d’Orléans, qui maintenant n’accueillit le duc de Bordeaux comme un moyen de restaurer la monarchie, tandis qu’on trouverait à peine un légitimiste qui n’aimât{?} mieux se rattacher à la République que de remplacer tout de suite la branche cadette sur le trône. » (fo 199v).

Le nom fut intégré dans les brouillons 17607, f os 109 , 112 .

 

La duchesse d'Orléans

Hélène Louise Élisabeth de Mecklembourg-Schwerin (1814-1858), est l'épouse du prince royal et duc d'Orléans, fils aîné du roi Louis-Philippe. En février 1848, le roi Louis-Philippe est poussé par la révolution à l'abdication. Il quitte le territoire français sans résister aux insurgés. Cependant, la duchesse d'Orléans n'est pas disposée à renoncer aux droits de ses deux enfants, le comte de Paris et le duc de Chartres. Elle se présente donc à l’Assemblée avec eux, accompagnée par son beau-frère, Louis d'Orléans, duc de Nemours, pour essayer de faire proclamer l’aîné roi des Français. Conscient de son impopularité, le duc de Nemours est prêt à renoncer au titre de régent au profit de sa belle-sœur. Mais cette tentative est un échec : l'assemblée proclame la république.

Flaubert fit la note documentaire suivante :

au commencement de juin [....] pamphlets immondes {mot illisible} sur la place publique: le mariage de la duchesse d’orléans avec Abd el Rader. (f o 186).

Le nom fut intégré dans les brouillons 17607, f os 108 , 109 , 107v , 98v .

 

Proudhon

Lors des Journées de Juin 1848, Proudhon est député. Il ne prend pas part à l'insurrection et se contente de déposer un pavé sur une barricade avant de remonter chez lui pour déplorer dans son journal que la révolution de 1848 était « sans idée ».

Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

5 o . Socialisme {On blague le fouriérisme. L’oeil au bout de la queue.} «La propriété, c’est le vol! - Comment! Ainsi, moi, Monsieur .. la propriété, ma propriété!...» - «Si je tenais Proudhon, je crois que je l’étranglerais.» (f o 138).
L’article de Proudhon (8 juillet) sur le terme, amène la suspension de son journal [....] «Si je tenais Proudhon, je crois que je l’étranglerais.» (f o 139).

Le nom fut intégré dans les brouillons 17607, f os 113 , 115v , 112 .

 

Considerant

Victor Prosper Considerant (1808-1893) est un philosophe et économiste français, internationaliste et franc-maçon, adepte du fouriérisme.Au moment de la restauration de la république en 1848, il est élu député de Montargis. Il siège à l'extrême-gauche et précise la notion de droit au travail qui devient une des idées fortes des Socialistes français de 1848. En juin 1848, il est le seul député à proposer le droit de vote pour les femmes.

 

Lamennais

Félicité de Lamennais (1782-1854) est un prêtre, théologien, écrivain, philosophe et homme politique français. Entre 1841 et 1846 il écrit Esquisse d'une philosophie dans lequel il développe sa conception d'un christianisme sans Église, capable de regrouper les masses pour les conduire au progrès par la charité. En 1848, il rédige un projet de constitution avec Auguste Barbet. Il se fait élire député à l'Assemblée constituante de 1848, puis à l'Assemblée législative de 1849 à 1851, mais, à la suite du coup d'État du 2 décembre 1851, il se retire de la vie publique.

 

Le père Roque

Personnage de L'Éducation sentimentale. À Paris, le 26 juin 1848 avec la garde nationale, il participe à la répression contre l’insurrection et tue de sang-froid un prisonnier qui demandait du pain.

 

 

EXPRESSIONS

 

«Honneur au courage malheureux [....] Nous vous vengerons!»

Maxime Du Camp écrit à Flaubert (1er octobre 1868) :

Rien n’est plus simple. Toutes les barrières depuis celle de Fontainebleau jusqu’à celle des Batignolles exclusivement étaient entre les mains des insurgés. La grosse artillerie venue de Bourges par le chemin de fer d’Orléans débarque à je ne sais quelle station, traverse la Seine à Charenton, [...] fait le tour de Paris et entre par les Batignolles, ou plus exactement par la barrière [de] Clichy. Elle passe de la Madeleine le dimanche vers 2 heures de l’après-midi. [...] C’est cette artillerie qui, mise en batterie place de la Bastille, décida la réddition du faubourg Saint-Antoine et la fin de l’insurrection. Un mot de haut comique et que dans la nuit du dimanche au lundi ton héros a pu entendre: toutes les fois qu’un blessé passait sur sa civière, les postes des gardes nationales présentaient des armes et jamais l’officier de service ne ratait de dire: «Honneur au courage malheureux!» ou: «Nous vous vengerons!» (BN, n.a.fr. 17611, f os 174-5)

Le détail fut intégré dans les brouillons 17608, f os 35v , 36v , 22v , 118v , 113v , 86v .

 

«Des lampions, des lampions!»

Flaubert fit la note documentaire suivante :

12. ordre du pouvoir exécutif d’arrêter Louis Bonaparte
Clubs du désespoir = attroupements, le soir et entre les portes St Denys et St Martin C’est bon genre d’y aller.
illuminations forcées «des lampions»
Falloux. ateliers nationaux - dissolution (f o 136).

Le détail fut intégré dans les esquisses 17607, f os 104 , 115 69v , et les brouillons 17607, f os 116 , 111v , 96v .

 

«Sentinelles prenez garde à vous»

Du Camp écrit à Flaubert (22 septembre 1868) :

Quant à mes souvenirs sur Paris la nuit, les voici: aspect sinistre ; rues vides, parcourues par des patrouilles de garde nationale de 100 à 150 hommes au moins; des tambours escortés par deux ou trois comapgnies, allaient de rues en rues battant la générale pour appeler tout le monde aux armes; les maisons absolument éteintes et obscures . Dans toutes lumière on voyait un signal d’insurrection et l’on tirait sur les fenêtres éclairées; Aimée a été visée et tirée sur notre escalier, par une vedette. Les sentinelles ciraient de dix en dix minutes: «Sentinelles, prenez garde à vous!» Les dragons de Goyon étaient de service, partout en vedettes; personne ne circulait sauf quelques hommes en BLOUSE BLANCHE qui disaient un mot d’ordre et passaient; c’étaient des agents de police déguisés. (BN n.a.fr., 17611, ff 172-3, Bruneau iii. 862)

Du Camp écrit à Flaubert (oct 1868) :

Derrière la grande et massive obscurité du Jardin des Plantes, la Pitié éclairée à toute fenêtre; on y apportait depuis trois jour les blessés et la besogne ne manquait pas; peut-être dans les rues ? un cortège portant une civière vers l’hôpital; Nul poste proprement dit, mais des masses de petits postes composés des gens du quartier, ayant posé des sentinelles à l’entrée des rue et se tenant chez les marchands de vin et les gargotes dont ce coin de Paris est rempli. Les sentinelles gueulent: «Alerte, qui vive? Passez au large. Garde à vous» à tout passant qui se présentait. B.N., N.A.F. 17611 f o 176

Flaubert fit la note documentaire suivante :

f o 184 Faste de la Garde Nationale
Nuit du 23 au 24, sinistre.
silence - patrouilles - à chaque cent pas «sentinelles prenez garde à vous» de temps à autres une fusillade lorsque les gardes nationaux s’approchaient de trop près des points occupés par l’insurrection ou que leurs feux de bivouac devenaient des points de mire dans l’obscurité.
meneurs en habits bourgeois disparaissent 219.

Le détail a été intégré dans les esquisses: 17607, f os 177 , 106v , 170 , et dans les brouillons: 17608, f os 35v , 22v , 62v , 91v , 105v , 159v , 103v , 148v .

 

«Vive Barbès»

Armand Barbès (voir supra)
Flaubert fit la note documentaire suivante :

au commencement de juin les orateurs des Clubs péroraient en plein air et excitaient à la révolte. les cris de «vive Barbès» se mêlaient à ceux de «vive Napoléon» (fo 186).

Le détail fut intégré dans les esquisses 17607, f os 104, 115 , 69v , et dans les brouillons 17607, f os 116 , 111v , 96v .

 

«Vive Napoléon»

Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

le 18 juin. il fut question dans les groupes de s’emparer de l’hôtel de ville des gamins vont du Châtelet à la porte St Martin en criant «vive Napoléon»
le 19 et 20. arrestations en masse. 200 environ par soirée. (f o 165v).
au commencement de juin les orateurs des Clubs péroraient en plein air et excitaient à la révolte. les cris de «vive Barbès» se mêlaient a ceux de «vive Napoléon» (f o 186).
le 12 juin. Louis Bonaparte ne parut point à l’Assemblée. «Monsieur Carlier parcourait la foule avec des agents dont quelques-uns criaient Vive Napoléon» (209) (f o 195v).

Le détail fut intégré dans les esquisses 17607, f os 104, 115 , 69v , et dans les brouillons 17607, f os 116 , 111v , 96v .

 

DIVERS

 

Ambulances

Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

nuit du 24 au 25.
plus triste encore. Les ambulances sont augmentées. le chiffre des morts effrayait. - des femmes erraient de porte en porte, demandant des nouvelles de leur fils, mari etc. les retrouvaient avec joie, les cherchaient avec désespoir, les retrouvaient aux ambulances morts, ou blessés etc. - (250.) (f o 184).
Le Dr Néreau, médecin de service de l’ambulance de l’Assomption, (lettre au maire de Paris), a examiné les substances qu’on vend dans les rues. L’eau-de-vie contient peu d’alcool, elle est mélangée avec « un liquide âcre et incolore et colorée par une décoction de tan ou de tabac». (Carnet 14, f o 12v).

Maxime du Camp écrit à Flaubert (22 sept. 1868) :

Je n’ai aucun souvenir des ambulances de juin 1848 et je crois bien qu’il n’y en avait pas. 1 o parce les gardes nationaux blessés étaient postés chez eux; 2 o parce les soldats blessés, jusque les insurgés blessés étaient transférés aux hôpitaux; 3 o parce que, derrière les barricades, les insurgés ? leurs blessés dans les maisons vosines. - aprés la bataille, dans les rues, devant les portes cochères, les Femme faisaient de la charpie, en plein air, ce qu’un ???? (BN n.a.fr., 17611, f o 172-3)

Le détail fut intégré dans l'esquisse 17607, f o 166v

 

cannes à dard

La loi du 19 pluviôse an XIII (8 février 1805) distingue les « cannes ordinaires » « servant aux usages ordinaires de la vie » et non « réputé[e]s armes », des cannes avec « dards » ou « ferrement » qui sont « réputé[e]s armes » au même titre que « tout instrument tranchant, perçant ou contondant ». L’article 101 du Code pénal de 1810 ajoute que même les « cannes simples » peuvent être « réputé[e] armes » s’« il en aura été fait usage pour tuer, blesser ou frapper » [5]. Ces précautions sont le reflet de la présence massive, dans la société des XVIIIe et XIXe siècles, d’objets en bois aux formes variées (du bâton en bois brut, simple casse-tête, à la canne au pommeau d’or ou d’ivoire) qui peuvent devenir si besoin de redoutables armes contondantes.

 

banque nationale

La Révolution de 1848 provoque un effondrement financier et une tension importante sur le secteur bancaire. Le gouvernement doit mettre en place un cours forcé pour que les billets de la Banque de France soient acceptés universellement comme moyen de paiement, y compris de règlement de dettes fiscales, dans le pays. Le décret du 15 mars 1848 stabilise ainsi la situation en indiquant que les billets de la Banque seront reçus comme monnaie légale par les caisses publiques. La Banque de France est ainsi mobilisée pour financer la dette publique. Mais la Révolution facilite l'atteinte par la Banque de ses objectifs de prise de contrôle des banques départementales : elle négocie avec le gouvernement pour que, en échange de ses prêts, les parlementaires décident d'étendre le monopole de la Banque de France au pays entier et supprime les banques départementales. Le décret du 27 avril 1848 et du 2 mai 1848 acte l'incorporation de ces banques à la Banque de France.

 

Ateliers nationaux

Les ateliers nationaux sont une organisation destinée à fournir du travail aux chômeurs parisiens après la révolution de février 1848. Ils sont sous le contrôle de l'État qui intervient directement en fournissant, organisant et payant le travail. Cette pratique dure 3 mois de février à mai 1848. Leur fermeture déclencha les dramatiques journées de juin.

Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

Clubs du désespoir = attroupements, le soir et entre les portes St Denys et St Martin C’est bon genre d’y aller.
illuminations forcées «des lampions»
Falloux. ateliers nationaux - dissolution (f o 136).
{Ils sont capables de recommencer » Imaginations de la -Peur Catacombes. Signaux, etc. «Mais on trouvera pour ces Messieurs des circonstances atténuantes!» On blague les circonstances {atténuantes. ? {En bas}: ? «Et croirait-on que, pendant l’émeute, on {[payait les] continuait la paie des} ateliers nationaux!» C’était pour retenir un grand nombre d’ouvriers et les empêcher de se battre.} (f o 138).
Journées de Juin
[....] barricade de la Porte St [Mar] {Martin}. On prend un drapeau: «ateliers nationaux» 2e brigade – ce drapeau déjà tenu par une femme morte à ses côtés sur une barricade» (f o 183v).
les ateliers nationaux. idée de Marie. - voir le livre de Clément Thomas. - (f o 196).
L’insurrection de juin naquit uniquement de l’idée de dissoudre les ateliers nationaux sans secourir au socialisme. - Puisqu’on avait eu l’imprudence de créer les ateliers nationaux il ne fallait pas les dissoudre. (133).
on invitait les ouvriers à s’engager comme soldats. et à retourner chez leurs patrons. (f o 198).

Le détail fut mentionné dans les esquisses: 17607, f os 104 , 63v , 115 , et dans les brouillons: 17607, f os 113 , 112 , 96v , 111v .

 

Atrocités des insurgés (prétendues)

Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

2 o Atrocités des insurgés: {22 mille forçats dans l’insurrection} vitriol dans les pompes à incendie. balles mâchées vivres empoisonnés. mobiles sciés en deux - inscriptions de leurs drapeaux pillage incendies et viol
[....] {Ils sont capables de recommencer » Imaginations de la -Peur Catacombes. Signaux, etc. «Mais on trouvera pour ces Messieurs des circonstances atténuantes!» On blague les circonstances {atténuantes. ? {En bas}: ? «Et croirait-on que, pendant l’émeute, on {[payait les] continuait la paie des} ateliers nationaux!» C’était pour retenir un grand nombre d’ouvriers et les empêcher de se battre.}

[....] 7 o . Mort de l’archevêque de Paris. Ce «sublime» martyr. {Ses mots saints en mourant.
Mettre en opposition la mort de Mgr de Quelen. «un archevêque en manchon».} Assassinat du général Bréa. {27 médailles frappées en son honneur.} On était content. Ça faisait deux arguments au lieu d’un. (f o 138).
«Nouveaux Barbares sous les coups desquels la famille, la religion, la liberté, la patrie, la civilisation tout entière était menacée de périr.»
- Pas de bravoure à combattre derrière des barricades. Tous des lâches.»
- 12 mille forçats dans l’insurrection
Dans les hôpitaux, les insurgés se relèvent de leur lit pour aller étrangler les mobiles.
[....] Imagination de la peur.
Des ouvriers sont dans les catacombes, car on y entend du bruit, et {ils} s’apprêtent à faire sauter tout le faubourg Saint-Germain.
ils vont couper les conduits à gaz pour se livrer, dans les ténèbres, à un massacre général.
- les signaux qui se répondent d’un toit à l’autre - bruits dans les caves.
Des orgues de Barbarie jouent des airs qui sont des avertissements secrets. - Des signes rouges apposés sur les maisons pour indiquer les futurs numéros indiquent que ces maisons sont bonnes à piller. (Dans l’organisation du travail, journal de De lacollonge, on avait publié une liste des plus riches particuliers de Paris.) (f o 139).
Sur un drapeau enlevé rue Royer-Collard: «Honneur aux propriétaires qui ne font pas payer leur terme! Mort à ceux qui en font payer!»
Les blessés se relèvent de leur lit pour aller poignarder des mobiles. (f o 142).
Des cartouches étaient portées dans des pains, des boîtes à lettre, dans des corbillards
un mannequin = faux blessé. Une femme fut arrêtée quai Voltaire portant en papillottes des lettres adressées aux chefs des insurgés.
[....] les jours suivants quelques tentatives isolées d’assassinat contre les garde {sic} mobiles se promenant dans les rues de Paris. (f o 182v).
Faste de la Garde Nationale
Nuit du 23 au 24, sinistre.
[....] La caserne de Reuilly, dans le faubourg St Antoine, défendue héroïquement par 200 soldats du 48 e de ligne. on y met le feu. les factieux lançaient dessus au moyen d’une pompe à incendie de l’essence de térébenthine. un grenadier, Banmler ? se déguise en maçon, pour aller demander des secours à la barrière du trône au général Pyat.
[....]
nuit du 24 au 25.
[....] clos St Lazare - substances inflammables, lancées par une pompe aspirante. il suffisait d’un coup de fusil pour y mettre le feu. alors l’air semblait embrasé et un cordon de flammes enveloppait le point sur lequel la pompe était dirigée - les gardes nationaux ne s’expliquaient pas ce phénomène. (255). - commandés par le capitaine Dubachot. (f o 184).
4 juillet: assassinats isolés sur des sentinelles. 17 homme trouvés dans une cave du faubourg St Antoine occupés à fondre des balles. - Des lanternes de différentes couleurs placées comme des signanux au sommet des maisons s’observent la nuit dans différents quarties et on a découvert une autre fabrique de balles (t. 2. p 160.)
Constantin, membre du Conseilde guerre - traître - a participé lui-même à la construction d’une barricade. 172. (f o 199).
Le 12 Juillet. on dit que Paris est en partie miné - que les rouges veulent le faire sauter. «Des femmes hier on parcouru la ville en craint «du pain ou des barricades» (177.) jalousie entre Lamoricière et Changarnier. Cavaignac sachant qu’il ne sont nullement républicains se méfie d’eux. (f o 199v).
La caisse de l’Ecole de Droit a été pillée par les insurgés.
[....] Tentatives d’assassinat sur les gardes mobiles isolés. Il est décidé qu’on leur donnera un uniforme identique à celui de la Ligne, sauf les boutons.
Le Dr Néreau, médecin de service de l’ambulance de l’Assomption, (lettre au maire de Paris), a examiné les substances qu’on vend dans les rues. L’eau-de-vie contient peu d’alcool, elle est mélangée avec « un liquide âcre et incolore et colorée par une décoction de tan ou de tabac». (Carnet 14, f o 12v).

De tels incidents furent mentionnés dans les brouillons: 17607, f os 175v , 152v , 179 , 179v .

 

La Carmagnole

La Carmagnole est une chanson révolutionnaire créée en 1792 au moment de la chute de la monarchie (journée du 10 août 1792). Originaire du Piémont, ce chant gagne d’abord la région de Marseille, avant d’atteindre Paris. Elle se popularise ensuite dans toute la France après la chute du trône pour devenir un hymne des sans-culottes. Lors des épisodes révolutionnaires qui secouent le XIXe siècle français, elle réapparaît en s'ornant de nouveaux couplets : "Ouvriers, associez-vous"). Victor Hugo s'en fait l'écho dans Les Misérables (IV, ch.5).

Flaubert fit la note documentaire suivante :

La Carmagnole (républicain modéré)
[....] G. Français: La Commission du Pouvoir Exécutif décrète: «Les forçats libérés ne seront plus admis aux emplois publics» 10 juin 1848. {....} (Carnet 14, f o 6).

Le détail fut intégré dans les brouillons: 17607, f os 109 , 107v , 98v .

 

Caveau (Terrasse au bord de l'eau)

Le journal « Le Représentant du peuple » témoigne : "Ainsi, dans le caveau qui se trouve sous la terrasse du bord de l’eau, aux Tuileries, plusieurs coups de feu ont été tirés par les lucarnes sur les prisonniers : on voit encore des traces de balles. Ces malheureux se trouvaient pourtant dans une affreuse position : entassés en grand nombre dans ce souterrain, ils manquaient d’air, le sol était recouvert d’une épaisse couche d’excrémens et de boue délayée par l’urine. De pauvres blessés se sont vus obligés de se panser avec de ce hideux cataplasme. Les miasmes répandus dans cet horrible cachot étaient si délétères que le jeune médecin de l’ambulance des Tuileries, chargé de la désinfection, prit un violent mal de tête pour y être resté un quart d’heure."

Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

Plaintes continuelles contre le cumul. La Commune de Paris poursuit les académiciens, les savants.
Après juin.
Caveau des Tuileries. Les premiers prisonniers furent amenés le vendredi 23 vers midi. On les entassait. Ils furent 900. On les appelait [et on] et des décharges de mousqueterie retentissaient. Ils croyaient tous qu’on allait les fusiller et se serraient les uns contre les autres.
Un officier tirait par un soupirail de cave à l’École militaire sur les malheureux qui demandaient {réclamaient} du pain et demandaient en ricanant après en avoir tué un «Qui a encore faim? Je vais le servir.»
Les gardes nationaux de Compiègne, Noisy, Noyon, Joinville, en les voyant arriver crient «Vivent les Rouennais». Les prisonniers croyent qu’on crie «Vive le roi» et que la République est détruite. Ils crient «Vive le roi». Des balles sillonnent de nouveau l’intérieur de l’antre.
- Ordures. Lampe qui a l’air d’une tache de sang. De temps à autre, des petites flammes bleues, vertes ou colorées de jaune voltigent, produits des émanations gazeuses. Un propriétaire de province innocent, tué par un garde national à travers les grilles. Sa cervelle resta collée sur le baquet et le corps étendu pendant plus de 12 heures. Le garde national, {porteur d’un permis de chasse} dit: «Bon, je vais écrire à ma femme que j’ai tué un joli pierrot» (mars 1849). (Carnet 14, f os 14 - 14v).

L'episode fut élaboré dans les esquisses 17607 f os 108v , 140v , 178 , 180 , et dans les brouillons: 17607, f os 170v , 178v , 181v , 152v , 175 , 171v .

 

octroi sur la viande :

Pour faire face à leurs dépenses, les communes étaient autorisées à percevoir certains impôts et taxes. L’octroi est la taxe qu’elles pouvaient percevoir sur certains produits destinés à la consommation locale qui entraient dans la commune (les produits qui ne faisaient que transiter par la commune n’étaient pas taxés). Très vite la monarchie cherche à réglementer ces taxes locales, et elles doivent faire l’objet d’une lettre patente par laquelle le roi octroie l’autorisation de lever cette taxe : d’où son nom. Au XVIIème siècle la moitié de l’octroi collecté par les villes doit être reversé au Trésor Royal. Cette taxe était naturellement impopulaire – et jugée inégalitaire puisqu’elle n’était perçue que dans les limites de la commune, ce qui poussait à des installations concurrentes, en dehors de ses limites – et on se souvient qu’à Paris, c’est par l’incendie des barrières d’octroi, le 13 juillet 1789, que commence l’insurrection, quelques heures avant le siège de la Bastille. En 1848, les communistes réclamaient la suppression de l'octroi sur la viande.

 

Clubs

Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

3 o Le Mal vient de la Presse.
(Dès que Cavaignac fut chef du pouvoir exécutif, une députation de représentants alla le prier de suspendre plusieurs journaux et d’arrêter provisoirement leurs rédacteurs.) {Pas un de ceux qui en disent du mal ne pourrait vivre un jour sans journaux.}
On rétablit bientôt le cautionnement. « Il faut nous en débarrasser » (de la Presse). Et des clubs aussi : « ces antres malsains ». On déplore franchement la Révolution de Février (f o 138).
« Qu’on nous débarrasse des clubs, ces antres malsains de la démagogie !» (f o 139).
violence des clubs. on y discute l’insurrection.
le 18 juin. il fut question dans les groupes de s’emparer de l’hôtel de ville des gamins vont du Châtelet à la porte St Martin en criant «vive Napoléon» (f o 165v).
Journées illustrées
au commencement de juin les orateurs des Clubs péroraient en plein air et excitaient à la révolte. les cris de «vive Barbès» se mêlaient a ceux de «vive Napoléon» (f o 186).
26 juillet. Discussion sur les Clubs.on en interdit l’entrée aux femmes. Flocon soutient que leur présence est garantie d’ordre. on ne doit pas traiter les femmes comme des mineurs. Une voix «elles sont beaucoup plus contrariées quand on les traite come des majeurs» (f o 199v).
La Commune de Paris, moniteur des clubs.
[....] {X} Les élèves de l’Ecole Polytechnique ont formé un club. Leur réunion pour le constituer a eu lieu le 15 mars dans le foyer de l’Opéra. (Carnet 14, f o 13).

Le détail fut intégré dans les brouillons: 17607, f os 152v , 179v .

 

Clubs du Désespoir

Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

12. ordre du pouvoir exécutif d’arrêter Louis Bonaparte
Clubs du désespoir = attroupements, le soir et entre les portes St Denys et St Martin C’est bon genre d’y aller.
illuminations forcées «des lampions»
Falloux. ateliers nationaux - dissolution (f o 136).
le 12 juin. Louis Bonaparte ne parut point à l’Assemblée. «Monsieur Carlier parcourait la foule avec des agents dont quelques-uns criaient Vive Napoléon» (209)
Clubs du désespoir = attroupements le soir entre les portes St Denys et St Martin (f o 195v).

Le détail fut intégré dans l'esquisse 17607, f o 104 , et les brouillons 17607, f os 102 , 105v , 106 , 98v .

 

Garde nationale de Troyes

Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

dans le faubourg St Antoine, toutes les fenêtres matelassées. Les soldats voyaient tomber leurs camarades sans apercevoir qui tirait. quand ils enlevaient une barricade, lorsqu’ils fouillaient les maisons ils parvenaient rarement à saisir les insurgés qui s’étaient ménagés {sic} des moyens de retraite en ouvrant des communications entre les maisons et les cours. - exaspérés ils voulaient se venger sur les prisonniers [le capitaine] l’officier Guinlorrf, capitaine en second 2 e bataillon 7 e légion, en sauve plusieurs (269.)
garde nationale de Troyes. (f o 184v).
La caisse de l’Ecole de Droit a été pillée par les insurgés.
Troyes non content d’envoyer sa garde nationale, fait le don de 60 000 livres de pain, 6 000 livres de jambon, 10 pièces de vin. (Carnet 14, f o 12v).

Le détail fut mentionné dans les brouillons: 17607, f os 170v , 181 , 152v .

 

Gouvernement provisoire

Le gouvernement provisoire de la République française (24 février - 9 mai 1848) est un gouvernement autoproclamé de tendance républicaine mis en place arbitrairement après la révolution de février 1848, destiné à gérer provisoirement l'État français jusqu'à l'élection d'une assemblée nationale nouvelle, avec pouvoir constituant, qui établira un nouveau régime républicain pour la France.

Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

4 o . La faute en est au Gouvernement provisoire. Crimes de ses membres Louis Blanc Ledru-Rollin ... Lamartine. (f o 138).
Gouvernement provisoire.
- Orgies du Luxembourg. - purée d’ananas. Louis Blanc a un hôtel dans le faubourg Saint-Germain et défend à son concierge de louer aux ouvriers. Ledru-Rollin chasse à courre à Chantilly et doit 20 mille francs à Spinelli, orfèvre. (f o 139).
Une des causes de[s]{ces} journées fut la promesse imprudente du gouvernement provisoire. «la République prend l’engagement de donner le pain et le travail à tous ses enfants». puis ne pouvant la tenir, elle éconduit le peuple et l’exaspéra. (f o 182v).
Gouvernement provisoire.
Orgies du Luxembourg. ? purée d’ananas. L{ouis} Blanc a un hôtel dans le faubourg Saint-Germain et défend à son concierge de louer aux ouvriers. Ledru-Rollin a fait des chasses à courre à Chantilly et doit 20 mille francs à Spinelli, orfèvre. (17611, f o 129).

Le détail fut intégré dans les esquisses 17607, f os 63v , 57v , et dans le brouillon 17607, f o 170v .

 

Le père Duchesne

Le Père Duchêne est le titre d’un journal français qui a paru durant les périodes révolutionnaires du XIXème siècle. Il empruntait son titre au Père Duchesne publié sous la Révolution française, par Jacques Hébert. Après la mort d’Hébert, le titre a reparu avec toutes sortes de variantes, au moins une centaine de fois depuis 1790, notamment pendant la révolution de 1848 où il réapparaît dans une demi-douzaine de titres de presse.

Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

[...]
le 29 mai, on prétend que les ateliers nationaux soutenus de la 11e et 12e légion veulent former un nouveau gouvernement.
violences de l’assemblée nationale et du Constitutionnel - tout {le monde} pense qu’ «il faut en finir»
idée du banquet à 25 centimes conçue par le père Duchesne . 165 mille souscripteurs {(Stern, 2. 343)} (f o 165v).
Les journées de juin furent provoquées par les royalistes. La Commune de Paris a signalé un hôtel du Faubourg-Saint-Germain où des sergents de ville et des ex-municipaux recevaient 6 francs par jour. Chez un boucher du Gros-Caillou, on faisait des distributions d’argent. A la Porte Saint-Denis, des individus en blouse avec souliers vernis.
Laroche, rédacteur du Père Duchesne, fut haché à coups de balles et de baïonnettes. Sa tête était méconnaissable. (Cassaigne). (Carner 14, f o 15).

le détail fut mentionné dans les brouillons: f os 108 , 109 , 98v .

 

La Canaille

ou « L'Aimable faubourien. Journal de la canaille » (Paris, Auguste Poulet-Malassis, juin 1848). Il s'agit d'un journal insurrectionnel socialiste qui connut seulement cinq numéros, parus entre le 4 et le 18 juin 1848. Cette brève parution, sapée par la répression des journées de juin, vaudra néanmoins à l'éditeur sept mois de prison.

 

Le Poste des gardes nationaux

Maxime Du Camp écrit à Flaubert (20 juin 1868) :

Les gardes commençaient à 10 heures du matin et finissaient le lendemain à la même heure. Dans le courant du soir ou de la nuit on avait une faction de deux heures à faire. Les postes étaient fort tristes.
Murailles peintes en jaune pâle, lits de camp, planche pour mettre les sacs, râteliers (c’est le mot pour les fusils.) Un poêle en fonte, une table, deux bancs, deux ou trois chaises de paille dépenaillées. À côté du poste et s’y ouvrant, la chambre des officiers: grand fauteuil de maroquin, à oreillettes, pour dormir, un lit de camp avec un matelas, table, tout ce qu’il faut pour écrire. Tu peux admettre que ton jeune homme a été monter la garde d’un ami dans une légion qui n’est pas la sienne. À moins d’un hasard, ou d’une circonstance spéciale, cette réunion au même poste est assez difficile. [...]
A cette époque (48) on changeait l’uniforme et l’on substituait le ceinturon aux buffleteries. Cela peut te donner occasion d’une bonne conversation d’imbéciles, à ce sujet.

L'episode fut élaboré dans les esquisses 17607, f o 104 , 69v , et dans les brouillons 17607 97 , 99 , 98 , 95v , 100 .

 

La Presse

La presse en 1848 a été marquée par une explosion de créations de journaux, avec plus de 300 titres émergeant à Paris et presque autant en province. Cette période a été cruciale pour la liberté d'expression, qui a été rétablie et les contraintes de la presse abolies. La liberté acquise le 4 mars permet à tous ceux qui en ont les moyens d'imprimer leur feuille : les numéros un, parfois deux et trois, qui paraissent en février, et jusqu'en juin 1848, offrent de ce point de vue un avant-goût remarquable de la manière dont la presse participe de l'intensification des échanges et de la circulation culturelle pour s'inscrire dans la culture de masse.
Dans le même temps, l’intense lutte politique et sociale qui traverse la période 1848-1851 rend cette liberté conquise extrêmement fragile car elle est un enjeu majeur de la rivalité entre les partis. Aussi est-elle remise en cause, dès avant le coup d’État, lors du retour au pouvoir d’une majorité conservatrice (décrets des 9 et 21 août 1848 21 aout 48, lois du 27 juillet 1849 et du 8 juin 1850).

Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

3 o Le Mal vient de la Presse.
(Dès que Cavaignac fut chef du pouvoir exécutif, une députation de représentants alla le prier de suspendre plusieurs journaux et d’arrêter provisoirement leurs rédacteurs.) {Pas un de ceux qui en disent du mal ne pourrait vivre un jour sans journaux.}
On rétablit bientôt le cautionnement. «Il faut nous en débarrasser» (de la Presse). Et des clubs aussi: «ces antres malsains. On déplore franchement la Révolution de Février (f o 138).
- Dès que Cavaignac fut chef du pouvoir exécutif, une députation de représentants alla le prier de suspendre plusieurs journaux et d’arrêter provisoirement leurs rédacteurs. (f o 139).
Dès que Cavaignac fut chef du pouvoir exécutif, une députation de représentants alla le prier de suspendre une quinzaine de journaux et d’arrêter provisoirement leurs rédacteurs. (17611, f o 129v).

La Presse fut mentionnée dans l'esquisse 17607, f o 69v , et dans les brouillons 17607, f os 175v , 179v , 152v .

 

Socialisme

Plus encore qu’en 1830, la crise économique aidant, les ouvriers parisiens ont joué un rôle décisif pendant les journées de février 1848. Les revendications des ouvriers sont, certes, politiques : le 25 février ils imposent la proclamation de la République à un gouvernement provisoire hésitant et obtiennent le suffrage universel. Toutefois, leurs exigences sont avant tout sociales. Dans la loi du 25 février 1848, on peut lire les mots suivants : « Le gouvernement provisoire de la République française s’engage à garantir l’existence de l’ouvrier par le travail. Il s’engage à garantir du travail à tous les citoyens. Il reconnaît que les ouvriers doivent s’associer entre eux pour jouir du bénéfice de leur travail. Le gouvernement provisoire rend aux ouvriers, auxquels il appartient, le million qui va échoir à la liste civile. ».

Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

5 o Socialisme {On blague le fouriérisme. L’oeil au bout de la queue.} «La propriété, c’est le vol! - Comment! Ainsi, moi, Monsieur .. la propriété, ma propriété!...» - «Si je tenais Proudhon, je crois que je l’étranglerais.»
Le mot socialisme vient de ceux qui s’en prennent à l’ordre social. (f o 138).
Socialisme.
Les socialistes tous assassins. étymologie du mot: ceux qui s’en prennent à l’ordre social. (f o 139).
L’insurrection de juin naquit uniquement de l’idée de dissoudre les ateliers nationaux sans secourir au socialisme. - Puisqu’on avait eu l’imprudence de créer les ateliers nationaux il ne fallait pas les dissoudre. (133).
on invitait les ouvriers à s’engager comme soldats. et à retourner chez leurs patrons.
«tomber dans le socialisme», locution usuelle alors aux bourgeois. (f o 198).
Socialisme.
« – Si je tenais Proudhon, je crois que je l’étranglerais.» {«qu’on nous débarrasse des clubs ces antres malsains de la démagogie» }
[Socialisme ] Les socialistes tous assassins. Étymologie du mot: ceux qui s’en prennent à l’ordre social. (17611, f o 129v).

Le détail fut intégré dans les brouillons 17607, f os 113 , 107v , 115v , 179 .

 

Soulagement : comme après une invasion de Barbares.

Flaubert fit les notes documentaires suivantes :

1 o Soulagement: comme après une invasion de Barbares.
«Cavaignac nous a sauvés.» - «les mobiles aussi! - [La B] {Bons mots pendant la bataille - Lamoricière, Muzzer.} (f o 138).
Violences.
La Bourgeoisie soulagée comme après une invasion de Barbares. Ivresse de reconnaissance pour les mobiles.
Les gardes nationaux [font] {se livrent à} des réquisitions partout, fouillent les maisons, font des arrestations au hasard. - Passé 9 heures du soir, il était imprudent de sortir, car la Garde nationale et l’armée s’emparaient des rues. On forçait les citoyens d’illuminer leurs fenêtres. (C’était la contrepartie des lampions). (f o 139).
[...]
le 29 mai on prétend que les ateliers nationaux soutenus de la 8e et 12e légion veulent former un nouveau gouvernement.
violences de l’assemblée nationale et du Constitutionnel - tout {le monde} pense qu’ «il faut en finir»
idée du banquet à 25 centimes conçue par le père Duchesne. 165 mile souscripteurs {(Stern, 2. 343)}
violence des clubs. on y discute l’insurrection.
le 18 juin. il fut question dans les groupes de s’emparer de l’hôtel de ville des gamins vont du Châtelet à la porte St Martin en criant «vive Napoléon»
le 19 et 20. arrestations en masse. 200 environ par soirée.
Falloux propose la dissolution
journées de juin
ivresse de reconnaissance pour les mobiles. (Cast 3.291). (f o 165v).
La Bourgeoisie soulagée comme si on l’eût débarrassée d’une invasion {de Barbares.} Ivresse de reconnaissance pour les mobiles.
Les gardes nationaux {font des réquisitions partout}, fouillent les maisons, arrestations au hasard. A 9 heures du soir, la Gard{e} nat{ionale} les mobiles et l’armée s’emparaient des rues et il ne ? pas ? sortir. On forçait les citoyens d’illuminer leurs fenêtres. (17611, f o 129v).

Le détail fut intégré dans les brouillons 17607, f os 36v , 118v , 175v , 179v .

 

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