SERVITUDE
ET SOUMISSION
LA DISSERTATION
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« Soyez donc résolus de ne servir plus, et
vous voilà libres », écrit La Boétie dans son
Discours de la servitude volontaire.
À la lumière des trois œuvres au programme,
vous vous demanderez en quoi
la désobéissance est une condition de la
liberté.
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Mise
en place du sujet :
les mots-clés : le sujet propose à la réflexion
une citation tirée d'une œuvre du programme et facilite ainsi
sa mise en contexte. Dans son Discours, La Boétie
commence par s'étonner que tant de peuples obéissent à une
poignée de tyrans qu'ils pourraient facilement réduire par
leurs forces conjuguées. Ce n'est pourtant pas à ce type de
rébellion qu'il convie, mais seulement à un refus d'obéir qui,
assure-t-il, suffirait à rendre les hommes libres : « Plus
les tyrans pillent, plus ils exigent ; plus ils ruinent et
détruisent, plus on leur fournit, plus on les gorge ; ils se
fortifient d’autant et sont toujours mieux disposés à
anéantir et à détruire tout ; mais si on ne leur donne rien,
si on ne leur obéit point ; sans les combattre, sans les
frapper, ils demeurent nus et défaits : semblables à cet
arbre qui ne recevant plus de suc et d’aliment à sa racine,
n’est bientôt qu’une branche sèche et morte. ».
- du refus de servir, le libellé de notre sujet glisse à la
désobéissance civile, qui implique un comportement plus actif,
une rébellion déclarée, d'autant plus que la phrase de La
Boétie s'adresse à nous comme un slogan politique dressé
contre un pouvoir despotique. Ce refus n'est pas en effet un
simple silence, une simple abstention de l'individu, mais un
principe absolu de non-collaboration à un système qu'il juge
incompatible avec la morale. Benjamin Constant manifeste
clairement cette clause de conscience : « Rien n'excuse
l’homme qui prête son assistance à la loi qu'il croit inique
; le juge qui siège dans une cour qu'il croit illégale, ou
qui prononce une sentence qu'il désapprouve ; le ministre
qui fait exécuter un décret contre sa conscience ; le
satellite qui arrête l'homme qu'il sait innocent, pour le
livrer à ses bourreaux. » (Réflexions sur les
constitutions). Cette désobéissance individuelle ouvre
d'ailleurs sur de nouveaux aspects compatibles avec notre
programme.
- En effet, outre le texte
même de La Boétie, nous viennent à l'esprit les deux figures
féminines de Montesquieu et Ibsen, décidées tout à coup à
désobéir à la tyrannie masculine : Roxane dans les Lettres
Persanes et Nora dans Une Maison de poupée.
Leur désobéissance s'inscrit dans un domaine privé, mais il
serait aisé de généraliser leur révolte et de l'inscrire dans
la société de leur temps. Bien sûr, l'insurrection de
l'individu reste problématique : de quel droit puis-je seul
désobéir à de lois quand le groupe social tout entier ne
perçoit nulle servitude dans sa soumission ? Rousseau a bien
montré cette distinction : « Un
peuple libre obéit, mais il ne sert pas ; il a des chefs
et non pas des maîtres ; il obéit aux lois, mais il
n’obéit qu’aux lois et c'est par la force des lois qu’il
n’obéit pas aux hommes. » (Lettres de la Montagne,
VIII). L'obéissance peut donc me peser comme servitude si je
peux déterminer que la légalité n'est plus légitime, que la
loi est inique, et c'est à cette seule condition que je peux
engager un combat pour ma liberté et celle des autres.
la problématique : le libellé du sujet, par sa
formulation, n'invite pas à un plan dialectique : la question
"En quoi ?" prépare un développement thématique où l'on pourra
envisager successivement les aspects du problème, sans douter
que la désobéissance soit un facteur de liberté, mais en
n'omettant pas d'en souligner les nuances. Il faut donc
prendre garde à conserver la nature de cette question qui
engage la problématique, et donc la conduite du plan.
? En quoi la
désobéissance est-elle une condition de la liberté ?
Organisation
du plan :
PREMIÈRE PARTIE : dénonçant le caractère sacré du droit,
la désobéissance fait œuvre de liberté.
Dans la tradition judéo-chrétienne, la première désobéissance
est celle d'Adam et Ève, transgression de l'autorité divine :
« Car, comme par la désobéissance d'un seul homme
beaucoup ont été rendus pécheurs, de même par l'obéissance
d'un seul beaucoup seront rendus justes » (Paul,
Romains, V, 19). Ce sont ces mêmes préceptes qui
sous-tendent la théorie monarchique du droit divin, autant que
tout espèce de pouvoir civil, y compris l'autorité du père sur
son fils, du mari sur sa femme. « La justice, écrit
Pascal, est ce qui est établi ; et ainsi toutes nos lois
établies seront nécessairement tenues pour justes sans être
examinées, puisqu'elles sont établies » (Pensées,
312). Dans ce contexte de loi naturelle, l'obéissance apparaît
comme une vertu puisque l'autorité émane d'une instance
sanctifiée par Dieu.
Au détour de la
Renaissance, la loi théologique est peu à peu supplantée par
la foi en l'homme et ses capacités rationnelles. L'obéissance
s'inscrit désormais dans le cadre de valeurs morales épanouies
dans la Cité. Mais le caractère sacré du droit demeure avec
les philosophes des Lumières qui confirment la nécessité d'un
État fondé sur les nouveaux préceptes du droit naturel :
l'Homme, la Raison.
En
vérité, quand un sujet, fût-ce sous le poids des
plus fortes et des plus injustes souffrances, lève
la main contre le pouvoir suprême, c’est là une
infraction à la loi de nature. Mais lorsque les
personnes investies du pouvoir suprême usent de ce
pouvoir pour ruiner et détruire le peuple placé
sous leur protection, c’est là une violation de la
loi de nature encore plus odieuse et plus
inexcusable.
George BERKELEY, De l'obéissance passive.
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Avec John Locke, s'esquisse pourtant une sorte de théorie du
droit à la désobéissance collective dans le cas avéré d'une
législation arbitraire qui créerait les conditions du
despotisme.
Quand
un homme ou plusieurs entreprennent de faire des
lois, quoiqu'ils n'aient reçu du peuple aucune
commission pour cela, ils font des lois sans
autorité, des lois par conséquent auxquelles le
peuple n'est point tenu d'obéir ; au contraire,
une semblable entreprise rompt tous les liens de
la sujétion et de la dépendance, s'il y en avait
auparavant, et fait qu'on est en droit d'établir
une nouvelle puissance législative, comme on
trouve à propos ; et qu'on peut, avec une liberté
entière, résister à ceux qui, sans autorité,
veulent imposer un joug fâcheux, et assujettir à
des choses contraires aux lois et à l'avantage de
l'État.
John LOCKE, Second traité du gouvernement
civil, chap. XIX.
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Ces avancées restent toutefois encore fragiles. Berkeley, par
exemple, reconnaît « qu'un homme ne fait nulle injure à
un autre homme lorsqu'il résiste à celui qui empiète sur un
terrain où il n'a aucun droit », mais n'en fait pas une
condition suffisante pour « que l'on puisse conformément à
la raison, résister au pouvoir suprême ; car même si une
telle résistance ne fait pas injure au prince ou au pouvoir
suprême quel qu'en soit le dépositaire, il reste qu'elle
constitue un outrage à l'Auteur de la Nature et une
violation à Sa loi.» (De l'obéissance passive).
Pour s'affirmer, le droit à la désobéissance a encore
besoin de dépasser le stade métaphysique et d'établir un
arbitraire flagrant de l'autorité, que la pensée de Rousseau
posera au seuil de son contrat social :
Tant
qu’un Peuple est contraint d’obéir et qu’il obéit,
il fait bien ; sitôt qu’il peut secouer le joug et
qu’il le secoue, il fait encore mieux ; car,
recouvrant sa liberté par le même droit qui la lui
a ravie, ou il est fondé à la reprendre, ou l’on
ne l’était point à la lui ôter.
Jean-Jacques ROUSSEAU, Du Contrat social.
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DEUXIÈME PARTIE : La désobéissance mobilise les ressources
du libre arbitre.
Cet arbitraire une fois dénoncé (la propriété, par exemple,
dans la pensée de Rousseau), l'obéissance perd son caractère
sacré et peut apparaître comme un manquement à la morale. La
Boétie brocarde par exemple la lâcheté ou l'indifférence d'un
peuple avachi dans la servitude, le citoyen étant désormais en
droit d'examiner les conditions de son consentement et, le cas
échéant, de le refuser.
Encore s'agit-il bien sûr d'être capable de penser
juste, c'est-à-dire selon la raison. A cette condition,
l'individu dépasse les limites de sa subjectivité et rencontre
forcément ses semblables. C'est ce que Kant appelle faire « un
usage public de la raison », où il voit l'exercice même de la
liberté de penser. À ceci près toutefois qu'au XVIIIème
siècle, il convient de restreindre cet exercice au cercle
encore étroit des personnes éclairées, comme Voltaire le dit
dans l'article "Blé" du Dictionnaire philosophique
(« Distingue toujours les honnêtes gens qui pensent de la
populace qui n'est point faite pour penser »), et comme
La Boétie le rappelle dans son Discours :
Toujours s’en trouvent-ils quelques uns, mieux nés
que les autres, qui sentent le poids du joug et ne
peuvent se retenir de le secouer, qui ne
s’apprivoisent jamais de la sujétion et qui, comme
Ulysse, par terre et par mer, cherchait toujours
de voir la fumée de sa maison, ne peuvent jamais
se retenir de penser à leurs naturels privilèges,
et de se souvenir de leurs prédécesseurs et de
leur premier être. Ce sont volontiers ceux-là qui
, ayant l’entendement net et l’esprit clairvoyant,
ne se contentent pas, comme la grosse populace, de
regarder ce qui est devant leurs pieds, s’ils ne
considèrent et derrière et devant, et ne se
remémorent encore les choses passées pour juger du
temps à venir, et pour mesurer les présentes. Ce
sont ceux qui, ayant la tête d’eux-mêmes bien
faite, l’ont encore polie par l’étude et le
savoir. Ceux-là, quand la liberté serait
entièrement perdue et toute hors du monde,
l’imaginent et la sentent en leur esprit, et
encore la savourent. Et la servitude n’est pas de
leur goût, pour tant bien qu’on l’accoutre.
LA BOÉTIE, Discours de la servitude
volontaire.
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Montrant dans le Discours de la servitude volontaire
qu'un refus de coopération de la population suffit à menacer
un pouvoir despotique, La Boétie apparaît comme l'initiateur
de la désobéissance civile, terme créé par Henry David Thoreau
dans son essai La Désobéissance civile, publié en
1849. John Rawls l'a définie ultérieurement comme « un
acte public, non violent, décidé en conscience, mais
politique, contraire à la loi et accompli le plus souvent
pour amener à un changement dans la loi ou dans la politique
du gouvernement. En agissant ainsi, on s’adresse au sens de
la justice de la majorité de la communauté. »
Il s'agit bien en effet d'un acte civique, d'une
désobéissance collective. Hannah Arendt a bien montré que ce
type d'action ne peut entrer dans le champ politique qu'après
concertation entre différents acteurs. L'exemple le plus
marquant de ce type de désobéissance reste le Droit à
l'insoumission dans la guerre d'Algérie, autrement dit
Manifeste des 121 (1960). La conviction partagée par
un certain nombre de personnes assure ici la légitimité de la
désobéissance et son efficacité.
Des actes de désobéissance civile interviennent
lorsqu'un certain nombre de citoyens ont acquis la
conviction que les mécanismes normaux de
l'évolution ne fonctionnent plus ou que leurs
réclamations ne seront pas entendues ou ne seront
suivies d'aucun effet - ou encore, tout au
contraire, lorsqu'ils croient possible de faire
changer d'attitude un gouvernement qui s'est
engagé dans une action dont la légalité et la
constitutionnalité sont gravement mises en doute.
[…] Il existe une différence essentielle entre le
criminel qui prend soin de dissimuler à tous les
regards ses actes répréhensibles et celui qui fait
acte de désobéissance civile en défiant les
autorités et s'institue lui-même porteur d'un
autre droit. […] Le délinquant de droit commun,
même s'il appartient à une organisation
criminelle, agit uniquement dans son propre
intérêt ; il refuse de s'incliner devant la
volonté du groupe, et ne cédera qu'à la violence
des services chargés d'imposer le respect de la
loi. Celui qui fait acte de désobéissance civile,
tout en étant généralement en désaccord avec une
majorité, agit au nom et en faveur d'un groupe
particulier. Il lance un défi aux lois et à
l'autorité établie à partir d'un désaccord
fondamental, et non parce qu'il entend
personnellement bénéficier d'un passe-droit.
Hannah ARENDT, Du mensonge à la violence,
1972.
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Un autre danger de servitude couve pourtant sous cet
alignement collectif des conduites. La vie sociale peut perdre
de sa vitalité à se réglementer par le consensus général,
d'autant que les masses, comme l'a montré Freud, glissent tôt
ou tard vers une mentalité primitive : « la disparition
de la personnalité consciente, l'orientation des idées et
des sentiments de tous dans une seule et même direction, la
prédominance de l'affectivité et de la vie psychique
inconsciente, la tendance à la réalisation immédiate des
intentions qui peuvent surgir, cette psychologie,
disons-nous, correspond à une régression vers une activité
psychique primitive » (Psychologie collective et
analyse du moi). C'était aussi pour Tocqueville le
danger principal des démocraties que de favoriser une certaine
"moyennisation" où l'individu ne peut qu'être étouffé :
Des hommes égaux en droits, en éducation, en
fortune, et, pour tout dire en un mot, de
condition pareille, ont nécessairement des
besoins, des habitudes et des goûts peu
dissemblables. Comme ils aperçoivent les objets
sous le même aspect, leur esprit incline
naturellement vers des idées analogues, et quoique
chacun d'eux puisse s'écarter de ses contemporains
et se faire des croyances à lui, ils finissent par
se retrouver tous, sans le savoir et sans le
vouloir, dans un certain nombre d'opinions
communes. […]
Toutes les fois que les conditions sont égales,
l'opinion générale pèse d'un poids immense sur
l'esprit de chaque individu; elle l'enveloppe, le
dirige et l'opprime : cela tient à la constitution
même de la société bien plus qu'à ses lois
politiques. À mesure que tous les hommes se
ressemblent davantage, chacun se sent de plus en
plus faible en face de tous. Ne découvrant rien
qui l'élève fort au-dessus d'eux et qui l'en
distingue, il se défie de lui-même dès qu'ils le
combattent ; non seulement il doute de ses forces,
mais il en vient à douter de son droit, et il est
bien près de reconnaître qu'il a tort, quand le
plus grand nombre l'affirme. La majorité n'a pas
besoin de le contraindre ; elle le convainc.
De quelque manière qu'on organise les pouvoirs
d'une société démocratique et qu'on les pondère,
il sera donc toujours très difficile d'y croire ce
que rejette la masse et d'y professer ce qu'elle
condamne.
Alexis de TOCQUEVILLE, De la démocratie en
Amérique.
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TROISIÈME PARTIE : l'individu désobéissant amène la
communauté à s'affranchir d'une morale close.
Au niveau individuel,
la recommandation de La Boétie garde ainsi tout son pouvoir :
le refus de servir sera toujours le garde-fou, l'avertissement
adressé au groupe tenté par le grégarisme et abusé par les
mots d'ordre du pouvoir. C'est la place que donnait Bergson au
Saint, au Héros ou au Juste, capables par l'éveil de leur
conscience de fouetter les foules avachies et de permettre
l'éclosion de morales plus authentiques.
Fondateurs
et réformateurs de religions, mystiques et saints,
héros obscurs de la vie morale que nous avons pu
rencontrer sur notre chemin et qui égalent à nos
yeux les plus grands, tous sont là : entraînés par
leur exemple, nous nous joignons à eux comme à une
armée de conquérants. Ce sont des conquérants, en
effet ; ils ont brisé la résistance de la nature
et haussé l'humanité à des destinées nouvelles.
Henri BERGSON, Les deux sources de la morale
et de la religion.
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L'exemple qui nous
vient immanquablement est celui d’Antigone. Saisie par
l'iniquité de la décision prise par Créon de ne pas enterrer
son frère, elle choisit de désobéir. Dressée contre la Cité,
elle affirme sa fidélité à la loi naturelle, non écrite, qui
est celle des dieux. Quelle est la portée de ce refus, où
Antigone perd sa liberté et sa vie ? L'éternité de ce mythe,
tant de fois, réactivé, suffit peut-être à indiquer la valeur
d'exemple et de ferment que peut avoir la révolte d'un seul
individu :
Je
suis convaincu que si un millier, si une centaine,
si une dizaine d’hommes que je pourrais nommer -
si seulement dix honnêtes gens - que dis-je ? Si
un seul HONNÊTE homme cessait, dans notre État du
Massachusetts de garder des esclaves, venait
vraiment à se retirer de cette confrérie, quitte à
se faire jeter dans la prison du Comté, cela
signifierait l’abolition de l’esclavage en
Amérique.
Henry David THOREAU, La désobéissance civile.
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C'est de cette liberté
que témoigne le sacrifice de Roxane dans les Lettres
persanes, lorsque, dans sa terrible dernière lettre,
elle se réclame de la nature pour assumer fièrement sa
désobéissance à l'égard des caprices d'Usbek :
Comment
as-tu pensé que je fusse assez crédule pour
m’imaginer que je ne fusse dans le monde que pour
adorer tes caprices ? que, pendant que tu te
permets tout, tu eusses le droit d’affliger tous
mes désirs ? Non : j’ai pu vivre dans la
servitude, mais j’ai toujours été libre : j’ai
réformé tes lois sur celles de la nature, et mon
esprit s’est toujours tenu dans l’indépendance.
Tu devrais me rendre grâces encore du
sacrifice que je t’ai fait ; de ce que je me suis
abaissée jusqu’à te paraître fidèle ; de ce que
j’ai lâchement gardé dans mon cœur ce que j’aurais
dû faire paraître à toute la terre ; enfin, de ce
que j’ai profané la vertu, en souffrant qu’on
appelât de ce nom ma soumission à tes fantaisies.
MONTESQUIEU, Lettres persanes, lettre
CXLI.
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Le principe de
résistance est finalement l'usage toujours révolutionnaire de
l'esprit d'examen. Lorsqu'il demande ce que sont les Lumières,
Kant ne peut que conclure sur cet appel qui enjoint à chaque
homme de faire usage de sa raison : « Sapere aude ! Aie
le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la
devise des Lumières ».
Michel Onfray conclut de même un de ses essais :
« Devant tout pouvoir qui exige soumission et
sacrifices de toute nature, la tâche du philosophe est
l'irrespect, l'effronterie, l'impertinence, l'indiscipline
et l'insoumission. Rebelle et désobéissant, et bien que
convaincu du caractère désespéré de sa tâche, il se doit
d'incarner la résistance devant le Léviathan et ses porteurs
d'eau » (Cynismes).
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