exercices de synthèse

 

 
 

1.
Vous trouverez ci-après quinze extraits d'un courrier de lecteurs destiné à un hebdomadaire de télévision.
Constituer cinq groupements comprenant chacun trois articles dont vous aurez identifié et nommé le point commun.
Peut-on poursuivre le travail de synthèse plus avant en réduisant à deux ou trois ces cinq groupements ? Comment ?

 

1  Je vous remercie de faire connaître les difficultés rencontrées par les sourds et les malentendants. Nous souhaitons des feuilletons et des films que nous pourrions mieux comprendre grâce au télétexte. Nous constatons qu'aucun progrès n'a été enregistré dans ce domaine. Les rediffusions de téléfilms qui ont été jadis sous-titrés ne le sont plus ! Par exemple « Derrick » ou « Le Rebelle ».
2   Une grande bouffée d'oxygène m'a été offerte par le document de France 2 « Chantal, madame tout le monde ou presque ». L'héroïne de ce reportage, soignée pour une affection génétique, nous a appris de belles choses sur la vie. Il faut entourer d'amour ceux qui se battent contre la maladie. Mon mari et mon fils sont atteints d'une myopathie. Je ne les ai jamais entendus se plaindre de leur handicap. Leur courage est sans limite. J'aimerais être l'amie de Chantal..
3  Étrange question de Lagaf' au cours de « L'Or à l'appel », sur TF1 : « Que signifie hara-kiri, en... chinois ? » Le meneur de jeu fantaisiste a confondu l'Empire du Milieu avec le Pays du Soleil Levant, le Japon. Le hara-kiri représente un mode de suicide nippon.
4  Il y a parfois des images navrantes à la télévision... Celles qui concernent les animaux dans certains spots publicitaires. Après ce chaton terrifié par la chute des ustensiles de cuisine, nous voyons aujourd'hui un petit chien blanc que l'on place devant le tuyau d'échappement d'une automobile! On devine le gag au démarrage de la voiture... Est-ce drôle ? Tout cela est plutôt triste.
5  Elvis Presley, chanteur et acteur mythique, a quitté ses amis, en 1977. A 42 ans, il a laissé des chansons immortelles et des films que nous aimerions revoir. L'année prochaine sera l'occasion, pour ce triste anniversaire, de voir enfin des spectacles inédits que nous attendons. Les chaînes de télévision doivent rendre des hommages exceptionnels à celui que l'on a spontanément appelé le King.
6    J'ai lu votre article consacré au grand téléfilm « Les Alsaciens ou les deux Mathilde », diffusé sur Arte. Étant née en 1907 en Moselle, également annexée par l'Allemagne en 1870, je peux témoigner du changement brutal de nationalité. Je remarque qu'on évoque rarement le drame des Mosellans. Nous avons aussi subi l'exode, les expulsions, l'incorporation de force... Deux de mes cousins sont morts sous l'uniforme allemand. Il est important que l'on parle enfin des régions frontalières, toujours en première ligne en temps de conflit.
7   J'avais prévu l'enregistrement de « Sans aucun doute », émission qui devait commencer à 22 h 40 et prendre fin à 0 h 30, sur TF1 . Par prudence, ma cassette avait été programmée pour trente minutes supplémentaires. Conséquence du désordre des horaires : mon magnétoscope ne m'a offert qu'une demi-heure des débats sur les erreurs judiciaires. Je conseille de prendre exemple sur « La Marche du siècle », de Jean-Marie Cavada, et « Savoir plus santé », de François de Closets, qui se terminent à l'heure annoncée.
8   A deux reprises, dans l'épisode « La Règle du jeu », Dana Scully parle de greffe de moelle « épinière » pour une malade atteinte de leucémie. Il s'agit, bien sûr, de moelle « osseuse » qui se trouve dans les os du bassin et du sternum notamment. L'erreur vient-elle du doublage ? Sinon, pour le médecin qu'elle représente, quelle faute impardonnable ! Des personnes ont dû frémir à l'idée que l'on puisse leur retirer de la moelle épinière...
9   La Cinquième avait annoncé, à propos de l'émission « Les Grandes Séductrices » consacrée à  Rita Hayworth; que l'on avait peint l'actrice sur la bombe atomique lancée au dessus d'Hiroshima. En réalité, c'est le premier engin nucléaire lancé en temps de paix sur l'atoll de Bikini qui avait été baptisé «Gilda» , évocation du film de Charles Vidor, interprété par l'actrice en 1946. L'image de la célèbre star avait été reproduite sur la bombe.
10   Nous avons retrouvé avec plaisir l'émission « Striptease », à une heure idéale, le dimanche en fin d'après-midi. Ces reportages, choisis par Jean Libon et Marco Lamensch, sont toujours intéressants. Et les aperçus sur la vie quotidienne, à l'état brut, sont passionnants.
11   Je m'adresse à M6, chaîne qui présente les nouvelles séries fantastiques. Les téléspectateurs apprécient cette originalité. Aussi, je demande à ses responsables pourquoi « Sliders » a changé d'horaire avant de disparaître ? Les scénarios étaient des plus surprenants avec ce thème des mondes parallèles. Vous nous avez fait découvrir « Aux frontières du réel », avec les merveilleux David Duchovny et Gillian Anderson. Faites donc plaisir aux fidèles d'un genre exceptionnel. Rediffusez « Sliders » !
12   Au nom de tous les fidèles de « Docteur Quinn, femme médecin », je vous écris pour manifester notre étonnement. Entre les épisodes « Le livre de Dorothy » et « Un cœur à prendre », nous avons retrouvé soudain l'héroïne enceinte... La programmation n'a pas suivi l'ordre logique des téléfilms !
13    Le magazine «Reportages», de TF1, intitulé « Le Clan des Camarguais », m'a intéressée par la description de la vie des manadiers. Cet échange avec la nature représentait des instants uniques, à chaque fois. Nous avons bien compris que les travaux quotidiens des habitants de la Camargue sont incessants. Ils font partie d'un art de vivre exceptionnel.
14   Pour assister enfin à la diffusion de « Sans aucun doute », le magazine de Julien Courbet, consacré aux erreurs judiciaires, nous avons dû patienter pendant une demi-heure. Le divertissement de Nagui, « Vous ne rêvez pas ! » , s'est prolongé jusqu'à 23 h 15... L'horaire annoncé par TF1 n'a pas été respecté.
15   Le documentaire « Les Complices d'Hitler », diffusé sur Arte, m'a ramené brusquement 45 ans en arrière. Au cours de l'année 1951, j'ai rencontré à Berlin, à la prison de Spandau, sept prisonniers condamnés à des peines de prison par le tribunal de Nuremberg, certains à des temps déterminés, d'autres à vie. C'était le cas de Rudolf Hess avec lequel j'ai eu de longs entretiens. A l'époque, neuropsychiatre consultant des Forces françaises en Allemagne et expert auprès des tribunaux jugeant les crimes de guerre, j'avais été commis pour procéder à son examen mental. Et dire si son état de santé nécessitait des soins en milieu spécialisé. J'ai conclu à son maintien en prison. Personnage énigmatique, difficile à saisir, il a continué à survivre en milieu carcéral jusqu'à sa mort, en 1987.

 

 

2.
Ces quatorze extraits portent sur le folklore. 
- Ils constituent des arguments au service d'une problématique que vous identifierez.
- Regroupez-les en trois parties qui pourraient être celles d'une synthèse à la progression cohérente.

 

1  Nos ancêtres les Français n'habitaient pas cette Arcadie mouillée de ruisseaux candides et de larmes innocentes dont on a voulu nous faire croire que la poésie populaire décrivit les us et les coutumes. Ils nous lèguent des poèmes qui sont aussi des témoignages, et leur message n'est pas si anachronique et rassurant que le souhaiteraient les bonnes âmes. 2   Les hommes politiques n'ont pas cessé de déconsidérer les manifestations culturelles du peuple. Ils ne procèdent point par oukases ni interdictions, la vieille peur des jacqueries les habite toujours. Leur souci est d'enlever à ces manifestations tout caractère et toute signification autre que de divertissement aimable et sympathiquement nostalgique. Et leur triomphe a été de s'emparer du mot folklore et des ses dérivés pour les vider de tout potentiel révolutionnaire. Ils l'ont d'ailleurs fait, il faut l'avouer, avec la complicité du peuple lui-même.
3   Si la production littéraire et artistique supérieure s'adresse à un public restreint, supérieur aussi à la moyenne de la nation en un lieu et en un temps donnés, au contraire la production folklorique est destinée à la masse de cette nation dans le même temps et le même lieu. 4  Si beaucoup regrettaient la disparition des vieilles coutumes et cherchaient à préserver et à enregistrer leur mémoire, beaucoup d'autres se réjouissaient de cette disparition et faisaient tout ce qu'ils pouvaient pour s'en débarrasser. Parlant à Cahors en 1894, le sénateur Jean Macé, esprit actif de la prestigieuse Ligue de l'enseignement, exprimait avec vigueur un point de vue fort répandu : "Laissons chaque jour qui passe emporter avec lui les vestiges, les débris des défuntes croyances."
5  On constate dans les motifs décoratifs ces éléments qui sont communs et se répètent, surtout dans les costumes et dans l'expression et le type des personnages : ce sont des traits empruntés à la vie ambiante, qui répondent non pas à des conceptions individuelles ou à des sentiments particuliers, mais à des sentiments collectifs et à des croyances communes. Il en va de même en littérature et en musique : le vocabulaire, la forme littéraire, le thème, le rythme, la mélodie populaires sont sans individualité propre, mais courent d'un lieu à un autre, d'un village à l'autre, parce qu'ils sont formés d'éléments constitutifs généraux, communs, collectifs. 6  Il serait évidemment absurde de définir le folklore comme une longue plainte ou comme une interminable rébellion. Il y a dans nos chansons et nos contes, nos proverbes et nos comptines une immense ressource de joie et de plaisir. La chanson populaire française n'est pas seulement ce que croyait Jean-Jacques Rousseau, elle n'a pas été conçue "pour écarter quelques instants l'ennui, si l'on est riche, et pour supporter plus doucement la misère et le travail, si l'on est pauvre". Oui, la poésie populaire est aussi une évasion, une consolation et un apaisement.
7  A lire les folkloristes d'autrefois, on croirait que la poésie populaire est caractérisée par l'heureuse et facile acceptation de son sort par le peuple. Les premières collections systématiques de chansons et de textes populaires français ont été entreprises au milieu du XIXème siècle sur l'initiative des ministres du Second Empire. Ceci explique peut-être le soin, conscient ou inconscient, apporté à l'étude de tout ce qui permet de croire à un "bon vieux temps", à un âge d'or rural archaïque, à un paradis perdu du brave paysan, heureux sur sa glèbe comme un poisson dans l'eau, et la négligence persistante (au contraire) de tout ce qui est, dans le folklore,  l'expression du malheur, de la révolte et de la revendication. 8  Il nous suffira de rappeler les grandes lignes de la définition sur laquelle tous les spécialistes dignes de ce nom sont tombés d'accord : le folklore, c'est tout ce qui forme la civilisation propre à une population donnée, historiquement et socialement assemblée sur un territoire défini et se manifestant sous des aspects spirituels et matériels. Tous faits qui, bien qu'en continuelle mouvance, sont marqués par la conscience collective traditionnelle propre à cette population.
9  Même dans l'oppression et le dénuement, il reste à l'homme du peuple les joies de l'amour et les recours de l'ironie, et la certitude profonde de la force inarrachable de ceux qui sont les racines de l'histoire : les hommes du peuple. L'expression de ces sentiments est d'une grande richesse dans notre fonds national. 10  Ce qui importe, c'est que le folklore s'occupe en premier lieu d'un élément spécial de la vie sociale, dont ne s'occupe en premier lieu aucune autre science. Cet élément spécial est celui que désigne le terme de populaire. Si la littérature, la musique, l'histoire de l'art traitent des productions individuelles, par contre le folklore traite des productions collectives.
11  Il y a aussi la longue tradition des chansons et des poèmes où le serf proteste contre sa servitude, où le soldat s'insurge contre son esclavage, où le paroissien se gausse de son clergé, où l'ouvrier se bat contre ses maîtres. 12  L'image d'un folklore harmonieux, ronronnant et paradisiaque est une invention de la bourgeoisie romantique.
13  Qu'on n'aille pas s'y tromper. La politique n'est pas seulement affaire de partis, de syndicats, de campagnes électorales, de manifestes, de défilés à pancartes. Avant d'en arriver là, et après en être arrivée là, elle se noue dans les profondeurs de chacun, dans ses tripes comme disent les uns, dans son âme selon les autres, dans quelque chose, en tout cas, qui vient de plus loin que toutes les philosophies. 14  On étudia les paysans comme une espèce en voie de disparition, leur culture fut disséquée et sa valeur sentimentale s'accrut. De George Sand à Maurice Barrès, les écrivains s'emparèrent du paysan comme un siècle avant on s'était emparé du bon sauvage. Des séries de cartes postales représentaient des scènes qui, il y a peu de temps encore, n'étaient pas dignes d'être représentées : chaumières, fermiers engrangeant du foin, fêtes des moissons, paysans en costume régional.