LES SUJETS DE L’ EAF 2005

 

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SÉRIE L

Objet d'étude : Le théâtre. Texte et représentation.
Textes : 
Texte A - Alfred de Musset, Lorenzaccio, acte IV, scène 9
Texte B - Jean Giraudoux, Electre, entracte : Lamento du Jardinier (1938)
Texte C - Samuel Beckett, Oh ! les beaux jours (1963)
Annexe au texte C :
Photographie de la mise en scène de Oh ! les beaux jours par Roger Blin au théâtre du Rond-Point, 1981 (Madeleine Renaud dans le rôle de Winnie)
Annexe au corpus : Antonin Artaud, Le Théâtre et son double (1938)
.

 

Texte A - Alfred de Musset, Lorenzaccio, acte IV, scène 9.

[La pièce se passe à Florence, au XVl` siècle. Lorenzo de Médicis a décidé d'assassiner son cousin Alexandre de Médicis, duc de Florence, qui gouverne en tyran. Le moindre détail de ce meurtre a été prémédité : Lorenzo a volé la cotte de mailles d'Alexandre, a arrangé un faux rendez-vous galant avec sa tante Catherine Ginori pour attirer Alexandre dans sa propre maison où attend en embuscade Scoronconcolo, un ami dévoué à Lorenzo. Lorenzo erre dans les rues, attendant l'heure du rendez-vous fatal.]

Une place; il est nuit. Entre Lorenzo.

LORENZO : Je lui dirai que c'est un motif de pudeur, et j'emporterai la lumière — cela se fait tous les jours — une nouvelle mariée, par exemple, exige cela de son mari pour entrer dans la chambre nuptiale, et Catherine1 passe pour très vertueuse. — Pauvre fille ! Qui l'est sous le ciel si elle ne l'est pas ? — Que ma mère mourût de tout cela, voilà ce qui pourrait arriver.
   Ainsi donc voilà qui est fait. Patience ! Une heure est une heure, et l'horloge vient de sonner. Si vous y tenez cependant — mais non pourquoi ? — Emporte le flambeau si tu veux; la première fois qu'une femme se donne, cela est tout simple. — Entrez donc, chauffez-vous donc un peu. — Oh ! mon Dieu, oui, pur caprice de jeune fille; et quel motif de croire à ce meurtre ? — Cela pourra les étonner, même Philippe2.
   Te voilà, toi, face livide ? (La lune paraît.)
   Si les républicains étaient des hommes, quelle révolution demain dans la ville ! Mais Pierre est un ambitieux; les Ruccellai seuls valent quelque chose. — Ah ! les mots, les mots, les éternelles paroles ! S'il y a quelqu'un là-haut, il doit bien rire de nous tous; cela est très comique, très comique, vraiment. — Ô bavardage humain ! Ô grand tueur de corps morts ! Grand défonceur de portes ouvertes ! Ô hommes sans bras !
   Non ! non ! Je n'emporterai pas la lumière. J'irai droit au cœur; il se verra tuer... Sang du Christ ! On se mettra demain aux fenêtres.
   Pourvu qu'il n'ait pas imaginé quelque cuirasse nouvelle, quelque cotte de mailles. Maudite invention ! Lutter avec Dieu et le diable, ce n'est rien; mais lutter avec des bouts de ferraille croisés les uns sur les autres par la main sale d'un armurier ! — Je passerai le second pour entrer; il posera son épée là, — ou là — oui, sur le canapé. — Quant à l'affaire du baudrier à rouler autour de la garde, cela est aisé. S'il pouvait lui prendre fantaisie de se coucher, voilà où serait le vrai moyen. Couché, assis, ou debout ? Assis plutôt. Je commencerai par sortir; Scoronconcolo est enfermé dans le cabinet. Alors nous venons, nous venons — je ne voudrais pourtant pas qu'il tournât le dos. J'irai à lui tout droit. Allons, la paix, la paix ! L'heure va venir. — Il faut que j'aille dans quelque cabaret; je ne m'aperçois pas que je prends du froid, et je viderai un flacon. — Non; je ne veux pas boire. Où diable vais-je donc ? Les cabarets sont fermés.
   Est-elle bonne fille ? — Oui vraiment. — En chemise ? — Oh ! non, non, je ne le pense pas.
 — Pauvre Catherine ! Que ma mère mourût de tout cela, ce serait triste. — Et quand je lui aurais dit mon projet, qu'aurais-je pu y faire ? Au lieu de la consoler, cela lui aurait fait dire : Crime ! Crime ! Jusqu'à son dernier soupir ! [...]

1. Catherine Ginori, tante de Lorenzo
2. Philippe Strozzi, Pierre et les Ruccellai appartiennent au clan des républicains, adversaires des Médicis

 

Texte B - Jean Giraudoux, Electre, entracte : Lamento du Jardinier (1938)

[Egisthe a épousé la reine Clytemnestre, veuve du roi Agamemnon, et a pris le pouvoir. Redoutant qu'Electre, fille d'Agamemnon et de Clytemnestre, ne se révolte si elle parvenait au pouvoir, il l'a promise au jardinier. Mais un étranger, qui n'est autre qu'Oreste, fils d'Agamemnon et de Clytemnestre et frère d'Electre, fait annuler ce mariage. Le jardiner se retrouve seul, et occupe la scène pendant l'entracte séparant les deux actes qui composent la pièce.]

Lamento du Jardinier

  Moi, je ne suis plus dans le jeu. C'est pourquoi je suis libre de venir vous dire ce que la pièce ne pourra vous dire. Dans de pareilles histoires, ils ne vont pas s'interrompre de se tuer et de se mordre pour venir vous dire que la vie n'a qu'un seul but, aimer. Ce serait même disgracieux de voir le parricide s'arrêter, le poignard levé, et vous faire l'éloge de l'amour. Cela paraîtrait artificiel. Beaucoup ne le croiraient pas. Mais moi qui suis là, dans cet abandon, cette désolation, je ne vois vraiment pas ce que j'ai d'autre à faire ! Et je parle impartialement. Jamais je ne me résoudrai à épouser une autre qu'Electre, et jamais je n'aurai Electre. Je suis créé pour vivre jour et nuit avec une femme, et toujours je vivrai seul. Pour me donner sans relâche en toute saison et occasion, et toujours je me garderai. C'est ma nuit de noces que je passe ici, tout seul merci d'être là - et jamais je n'en aurai d'autre, et le sirop d'oranges que j'avais préparé pour Electre, c'est moi qui ai dû le boire — il n'en reste plus une goutte, c'était une nuit de noces longue. Alors qui douterait de ma parole ? L'inconvénient est que je dis toujours un peu le contraire de ce que je veux dire ; mais ce serait vraiment à désespérer aujourd'hui, avec un cœur aussi serré et cette amertume dans la bouche — c'est amer, au fond, l'orange —, si je ne parvenais à oublier une minute que j'ai à vous parler de la joie. Joie et Amour, oui. Je viens vous dire que c'est préférable à Aigreur et Haine. Comme devise à graver sur un porche, sur un foulard, c'est tellement mieux, ou en bégonias nains sur un massif. Évidemment, la vie est ratée, mais c'est très très bien, la vie. Évidemment, rien ne va jamais, rien ne s'arrange jamais, mais parfois avouez que cela va admirablement, que cela s'arrange admirablement... Pas pour moi... Ou plutôt pour moi !... Si j'en juge d'après le désir d'aimer, le pouvoir d'aimer tout et tous que me donne le plus grand malheur de la vie, qu'est-ce que cela doit être pour ceux qui ont des malheurs moindres ! [...]

 

Texte C - Samuel Beckett, Oh ! les beaux jours (1963)

[La pièce a été publiée en anglais et jouée sous le titre de Happy days en 1961 avant d'être traduite en français par l'auteur en 1963. Elle évoque le vide des journées et des préoccupations de l'homme et développe la métaphore de l'enlisement dans la solitude : tandis que Willie, la soixantaine, demeure muet et presque invisible tout au long de la pièce, sa compagne Winnie, âgée de cinquante ans, parle et s'enlise progressivement au milieu d'une « étendue d'herbe brûlée s'enflant au centre en petit mamelon ».]

     Scène comme au premier acte.
     Willie invisible.
     Winnie enterrée jusqu'au cou, sa toque sur la tête, les yeux fermés. La tête, qu'elle ne peut plus tourner, ni lever, ni baisser, reste rigoureusement immobile et de face pendant toute la durée de l'acte. Seuls les yeux sont mobiles.

     Sac et ombrelle à la même place qu'au début du premier acte. Revolver bien en évidence à la droite de la tête.
     Un temps long.
     Sonnerie perçante. Elle ouvre les yeux aussitôt. La sonnerie s'arrête. Elle regarde devant elle. Un temps long.

WINNIE. — Salut, sainte lumière. (Un temps. Elle ferme les yeux. Sonnerie perçante. Elle ouvre les yeux aussitôt. La sonnerie s'arrête. Elle regarde devant elle. Sourire. Un temps. Fin du sourire. Un temps.) Quelqu'un me regarde encore. (Un temps.) Se soucie de moi encore. (Un temps.) Ça que je trouve si merveilleux. (Un temps.) Des yeux sur mes yeux. (Un temps.) Quel est ce vers inoubliable ? (Un temps. Yeux à droite.) Willie. (Un temps. Plus fort.) Willie. (Un temps. Yeux de face.) Peut-on parler encore de temps ? (Un temps.) Dire que ça fait un bout de temps, Willie, que je ne te vois plus. (Un temps.) Ne t'entends plus. (Un temps.) Peut-on ? (Un temps.) On le fait. (Sourire.) Le vieux style ! (Fin du sourire.) Il y a si peu dont on puisse parler. (Un temps.) On parle de tout. (Un temps.) De tout ce dont on peut. (Un temps.) Je pensais autrefois... (Un temps.) ... je dis, je pensais autrefois que j'apprendrais à parler toute seule. (Un temps.) Je veux dire à moi-même le désert. (Sourire.) Mais non. (Sourire plus large.) Non non. (Fin du sourire.) Donc tu es là. (Un temps.) Oh tu dois être mort, oui, sans doute, comme les autres, tu as dû mourir, ou partir, en m'abandonnant, comme les autres, ça ne fait rien, tu es là. (Un temps. Yeux à gauche.) Le sac aussi est là, le même que toujours, je le vois. (Yeux à droite. Plus fort.) Le sac est là, Willie, pas une ride, celui que tu me donnas ce jour-là... pour faire mon marché. (Un temps. Yeux de face.) Ce jour-là. (Un temps.) Quel jour-là ? (Un temps.) Je priais autrefois. (Un temps.) Je dis, je priais autrefois. (Un temps.) Oui, j'avoue. (Sourire.) Plus maintenant. (Sourire plus large.) Non non. (Fin du sourire. Un temps.) Autrefois... maintenant... comme c'est dur, pour l'esprit. (Un temps.) Avoir été toujours celle que je suis — et être si différente de celle que j'étais. (Un temps.) Je suis l'une, je dis l'une, puis l'autre. (Un temps.) Tantôt l'une, tantôt l'autre. (Un temps.) Il y a si peu qu'on puisse dire. (Un temps.) On dit tout. (Un temps.) Tout ce qu'on peut. (Un temps.) Et pas un mot de vrai nulle part. (Un temps.) Mes bras. (Un temps.) Mes seins. (Un temps.) Quels bras ? (Un temps.) Quels seins ? (Un temps.) Willie. (Un temps.) Quel Willie ? (Affirmative avec véhémence.) Mon Willie ! (Yeux à droite. Appelant.) Willie ! (Un temps. Plus fort.) Willie ! [...]

 

Annexe au texte C : Photographie de la mise en scène de Oh ! les beaux jours par Roger Blin au théâtre du Rond-Point, 1981 (Madeleine Renaud dans le rôle de Winnie).


                                                                             photo Thérèse Le Prat  © Ministère de la Culture

 

Annexe au corpus : Antonin Artaud, Le Théâtre et son double (1938).

[Le Théâtre et son double est un recueil qui rassemble les articles, conférences et manifestes exprimant la réflexion d'Artaud sur le théâtre. La découverte du théâtre balinais, notamment, l'a amené à effectuer un examen critique du théâtre occidental.]

  La révélation du théâtre balinais a été de nous fournir du théâtre une idée physique et non verbale, où le théâtre est contenu dans les limites de tout ce qui peut se passer sur une scène, indépendamment du texte écrit, au lieu que le théâtre tel que nous le concevons en Occident a partie liée avec le texte et se trouve limité par lui. Pour nous, au théâtre, la Parole est tout et il n'y a pas de possibilité en dehors d'elle ; le théâtre est une branche de la littérature, une sorte de variété sonore du langage, et si nous admettons une différence entre le texte parlé sur la scène et le texte lu par les yeux, si nous enfermons le théâtre dans les limites de ce qui apparaît entre les répliques, nous ne parvenons pas à séparer le théâtre de l'idée du texte réalisé.
   Cette idée de la suprématie de la parole au théâtre est si enracinée en nous et le théâtre nous apparaît tellement comme le simple reflet matériel du texte que tout ce qui au théâtre dépasse le texte n'est pas contenu dans ses limites et strictement conditionné par lui, nous paraît faire partie du domaine de la mise en scène considérée comme quelque chose d'inférieur par rapport au texte.

 

I- Après avoir lu tous les textes du corpus, vous répondrez â la question suivante (4 points) :

Après avoir identifié la forme commune des trois textes du corpus, vous direz quelles sont les spécificités de chacun de ces extraits.

II- Vous traiterez ensuite, au choix, l'un des sujets suivants (16 points) :

  • Commentaire
    Vous ferez le commentaire de l'extrait de Lorenzaccio (texte A).
  • Dissertation
    Pensez-vous que le théâtre, en Occident, soit uniquement un « théâtre de la parole », comme le déplore Antonin Artaud ? Vous répondrez en vous appuyant sur les textes qui vous sont proposés, ceux que vous avez étudiés en classe, vos lectures personnelles ou les spectacles auxquels vous avez pu assister.
  • Invention
    Imaginez un personnage désenchanté, comme le sont ceux des extraits du corpus, en raison d'une désillusion d'ordre sentimental, professionnel, ou existentiel, à votre choix, et rédigez son monologue.

 

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SÉRIE ES /S

 

Objet d'étude : La poésie.
Textes : 
Texte A - Nicolas Boileau
, Art poétique, chant I  (1674)
Texte B - Victor Hugo, Les Contemplations, Livre premier, VII (1856) « Réponse à un acte d'accusation »
Texte C - Arthur Rimbaud, Lettre à Paul Demeny, dite « du voyant » (Charleville, 15 mai 1871).

 

Texte A - Nicolas Boileau, Art poétique, chant I  (1674)

  Surtout qu'en vos écrits la langue révérée
Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée.
En vain vous me frappez d'un son mélodieux,
Si le terme est impropre, ou le tour vicieux;
Mon esprit n'admet point un pompeux barbarisme,
Ni d'un vers ampoulé l'orgueilleux solécisme1.
Sans la langue, en un mot, l'auteur le plus divin
Est toujours, quoi qu'il fasse, un méchant écrivain.
Travaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse,
Et ne vous piquez point d'une folle vitesse;
Un style si rapide, et qui court en rimant,
Marque moins trop d'esprit, que peu de jugement.
J'aime mieux un ruisseau qui sur la molle arène
Dans un pré plein de fleurs lentement se promène,
Qu'un torrent débordé qui, d'un cours orageux,
Roule, plein de gravier, sur un terrain fangeux.
Hâtez-vous lentement; et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :
Polissez-le sans cesse et le repolissez;
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.
C'est peu qu'en un ouvrage où les fautes fourmillent,
Des traits d'esprit semés de temps en temps pétillent.
Il faut que chaque chose y soit mise en son lieu;
Que le début, la fin répondent au milieu;
Que d'un art délicat les pièces assorties
N'y forment qu'un seul tout de diverses parties :
Que jamais du sujet le discours s'écartant
N'aille chercher trop loin quelque mot éclatant.
Craignez-vous pour vos vers la censure publique?
Soyez-vous à vous-même un sévère critique.

1. "barbarisme", "solécisme" : incorrections.

 

Texte B - Victor Hugo, Les Contemplations, Livre premier, VII (1856) « Réponse à un acte d'accusation »

Les mots, bien ou mal nés, vivaient parqués en castes;
Les uns, nobles, hantant les Phèdres, les Jocastes,
Les Méropes1, ayant le décorum pour loi,
Et montant à Versaille2 aux carrosses du roi;
Les autres, tas de gueux, drôles patibulaires3,
Habitant les patois ; quelques-uns aux galères
Dans l'argot ; dévoués à tous les genres bas,
Déchirés en haillons dans les halles ; sans bas,
Sans perruque ; créés pour la prose et la farce;
Populace du style au fond de l'ombre éparse;
Vilains, rustres, croquants, que Vaugelas4 leur chef
Dans le bagne Lexique avait marqués d'une F;
N'exprimant que la vie abjecte et familière,
Vils, dégradés, flétris, bourgeois, bons pour Molière.
Racine regardait ces marauds de travers;
Si Corneille en trouvait un blotti dans son vers,
Il le gardait, trop grand pour dire : Qu'il s'en aille;
Et Voltaire criait : Corneille s'encanaille !
Le bonhomme Corneille, humble, se tenait coi.
Alors, brigand, je vins; je m'écriai : Pourquoi
Ceux-ci toujours devant, ceux-là toujours derrière ?
Et sur l'Académie, aïeule et douairière5,
Cachant sous ses jupons les tropes8 effarés,
Et sur les bataillons d'alexandrins carrés,
Je fis souffler un vent révolutionnaire.
Je mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire.
Plus de mot sénateur ! plus de mot roturier !
Je fis une tempête au fond de l'encrier,
Et je mêlai, parmi les ombres débordées,
Au peuple noir des mots l'essaim blanc des idées;
Et je dis : Pas de mot où l'idée au vol pur
Ne puisse se poser, tout humide d'azur !
Discours affreux ! – Syllepse, hypallage, litote6,
Frémirent ; je montai sur la borne Aristote7,
Et déclarai les mots égaux, libres, majeurs.
Tous les envahisseurs et tous les ravageurs,
Tous ces tigres, les Huns, les Scythes et les Daces8,
N'étaient que des toutous auprès de mes audaces;
Je bondis hors du cercle et brisai le compas.
Je nommai le cochon par son nom; pourquoi pas ?

1. Personnages de tragédies.
2. L'absence de la lettre "s" est volontaire.
3. Inquiétants.
4. Vaugelas : auteur des Remarques sur la langue française (1647). Il y codifie la langue selon l'usage de l'élite.
5. L'Académie Française, garante des règles; "Douairière" : vieille femme..
6. Figures de style.
7. Aristote, philosophe grec,  avait codifié les genres et les styles.
8. Peuples considérés ici comme barbares.

 

Texte C - Arthur Rimbaud, Lettre à Paul Demeny, dite « du voyant » (Charleville, 15 mai 1871).

  Trouver une langue;
     —  Du reste, toute parole étant idée, le temps d'un langage universel viendra ! Il faut être académicien, —  plus mort qu'un fossile, —  pour parfaire un dictionnaire, de quelque langue que ce soit. Des faibles se mettraient à penser sur la première lettre de l'alphabet, qui pourraient vite ruer dans la folie ! —
     Cette langue sera de l'âme pour l'âme, résumant tout, parfums, sons, couleurs, de la pensée accrochant la pensée et tirant. Le poète définirait la quantité d'inconnu s"éveillant en son temps dans l'âme universelle : il donnerait plus —  que la formule de sa pensée, que la notation de sa marche au Progrès ! Énormité devenant norme, absorbée par tous, il serait vraiment un multiplicateur de progrès !
     Cet avenir sera matérialiste, vous le voyez; —  Toujours pleins du Nombre et de l'Harmonie ces poèmes seront fait pour rester. —  Au fond, ce serait encore un peu la Poésie grecque.
     L'art éternel aurait ses fonctions; comme les poètes sont des citoyens. La Poésie ne rythmera plus l'action : elle sera en avant.
    Ces poètes seront ! Quand sera brisé l'infini servage de la femme, quand elle vivra pour elle et par elle, l'homme, jusqu'ici abominable, —  lui ayant donné son renvoi, elle sera poète, elle aussi ! La femme trouvera de l'inconnu ! Ses mondes d'idées différeront-ils des nôtres ? — Elle trouvera des choses étranges, insondables, repoussantes, délicieuses; nous les prendrons, nous les comprendrons.
En attendant, demandons aux poètes du nouveau, —  idées et formes.

 

I- Après avoir pris connaissance de l'ensemble des textes, vous répondrez d'abord â la question suivante (4 points) :

Quelle est la conception de la poésie qui s'exprime dans chacun de ces textes ?

II. Vous traiterez ensuite, au choix, l'un des sujets suivants (16 points) :

  • Commentaire
    Commentez le texte de Hugo
    (texte B).
  • Dissertation
    La rébellion contre l'héritage des poètes précédents est-elle indispensable à la création poétique ?
    Vous répondrez en vous appuyant sur les textes qui vous sont proposés, ceux que vous avez étudiés en classe et vos lectures personnelles.
  • Invention
    À sa parution, le texte de Hugo suscite un vif débat dans la presse. Vous écrivez alors un article polémique, dans lequel vous défendez ou, au contraire, attaquez sa conception selon laquelle la poésie doit employer tous les moyens expressifs qu'elle désire, sans se plier aux règles.

 

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SÉRIES TECHNOLOGIQUES

 

Objet d'étude : Convaincre, persuader et délibérer.
Corpus :
Texte A -
Pierre-Augustin de Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, 1784.

Texte B - 
Victor Hugo, Les Misérables, 1862.
Texte C -
Pierre Perret, Lily, 1977.

 

Texte A -  Pierre-Augustin de Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, acte III, scène 16, 1784.

[Dans cette comédie, Figaro, le valet du comte Almaviva, est amoureux de Suzanne, une femme de chambre. Il a contracté des dettes auprès de Marceline, une femme de charge s’occupant de la vaisselle et du linge. Au terme d’un procès, il est contraint de l’épouser. Mais Figaro découvre l’identité de ses vrais parents : Marceline est, en fait, sa mère séduite puis abandonnée par Bartholo, un médecin de la ville. Elle se fait, ici, le porte-parole des femmes trahies par les hommes.]

BARTHOLO, montrant Marceline. — Voilà ta mère.
FIGARO. — ... nourrice ?
BARTHOLO. —  Ta propre mère.
LE COMTE. —  Sa mère !
FIGARO. — Expliquez-vous.
MARCELINE, montrant Bartholo. - Voilà ton père.
FIGARO, désolé —  Oooh ! aïe de moi !
MARCELINE. —  Est-ce que la nature ne te l’a pas dit mille fois ?
FIGARO. —  Jamais.
LE COMTE, à part.— Sa mère !
BRID’OISON1. —  C’est clair, i-il ne l’épousera pas.
BARTHOLO. —  Ni moi non plus.
MARCELINE. — Ni vous ! Et votre fils ? Vous m’aviez juré...
BARTHOLO. —  J’étais fou. Si pareils souvenirs engageaient, on serait tenu d’épouser tout le monde.
BRID’OISON. —  E-et si l’on y regardait de plus près, personne n’épouserait personne.
BARTHOLO. — Des fautes si connues ! une jeunesse déplorable.
MARCELINE, s’échauffant par degrés. —  Oui, déplorable, et plus qu’on ne croit ! Je n’entends pas nier mes fautes ; ce jour les a trop bien prouvées ! mais qu’il est dur de les expier2 après trente ans d’une vie modeste ! J’étais née, moi, pour être sage et je la suis devenue sitôt qu’on m’a permis d’user de ma raison. Mais dans l’âge des illusions, de l’inexpérience et des besoins, où les séducteurs nous assiègent pendant que la misère nous poignarde, que peut opposer une enfant à tant d’ennemis rassemblés ? Tel nous juge ici sévèrement, qui, peut-être, en sa vie a perdu dix infortunées3 !
FIGARO. —  Les plus coupables sont les moins généreux; c’est la règle.
MARCELINE, vivement. — Hommes plus qu’ingrats, qui flétrissez4 par le mépris les jouets de vos passions, vos victimes ! c’est vous qu’il faut punir des erreurs de notre jeunesse; vous et vos magistrats, si vains5 du droit de nous juger, et qui nous laissent enlever, par leur coupable négligence, tout honnête moyen de subsister. Est-il un seul état6 pour les malheureuses filles ? Elles avaient un droit naturel à toute la parure des femmes : on y laisse former mille ouvriers de l’autre sexe7.
FIGARO, en colère. —  Ils font broder jusqu’aux soldats !
MARCELINE, exaltée. —  Dans les rangs même plus élevés, les femmes n’obtiennent de vous qu’une considération dérisoire8 ; leurrées9 de respects apparents, dans une servitude réelle; traitées en mineures pour nos biens, punies en majeures pour nos fautes ! Ah ! sous tous les aspects, votre conduite avec nous fait horreur ou pitié !
FIGARO. —  Elle a raison !

1. Brid’Oison : président du tribunal local (il bégaie).
2. expier : être puni d’une faute.
3. infortunées : jeunes filles séduites et abandonnées, comme Marceline.
4. flétrir : déshonorer.
5. vains : qui tirent vanité de, fiers.
6. état : métier.
7. Marceline déplore que la broderie ne soit plus un métier uniquement réservé aux femmes.
8. dérisoire : insignifiante
9. leurrées : trompées

 

Texte B - Victor Hugo, Les Misérables, 1862.

[Dans ce roman, Fantine, modeste couturière à domicile, rencontre de plus en plus de difficultés financières pour nourrir sa fille Cosette, qu’elle a été obligée de confier à un couple de gens malhonnêtes et rusés, les Thénardier. Pour payer les frais d’une maladie inventée par ces derniers, Fantine doit vendre ses cheveux, puis deux dents. C’est ainsi que Marguerite, une collègue de travail, la découvre un matin.]

 Fantine depuis la veille avait vieilli de dix ans.
—  Jésus ! fit Marguerite, qu’est-ce que vous avez Fantine ?
— Je n’ai rien, répondit Fantine. Au contraire. Mon enfant ne mourra pas de cette affreuse maladie, faute de secours. Je suis contente.
En parlant ainsi, elle montrait à la vieille fille deux napoléons1 qui brillaient sur la table.
—  Ah, Jésus Dieu ! dit Marguerite. Mais c’est une fortune ! Où avez-vous eu ces louis d’or ?
—  Je les ai eus, répondit Fantine.
 En même temps elle sourit. La chandelle éclairait son visage. C’était un sourire sanglant. Une salive rougeâtre lui souillait le coin des lèvres, et elle avait un trou noir dans la bouche.
 Les deux dents étaient arrachées.
 Elle envoya les quarante francs à Montfermeil2.
 Du reste c’était une ruse des Thénardier pour avoir de l’argent. Cosette n’était pas malade.
 Fantine jeta son miroir par la fenêtre. Depuis longtemps elle avait quitté sa cellule3 du second pour une mansarde fermée d’un loquet sous le toit ; un de ces galetas4 dont le plafond fait angle avec le plancher et vous heurte à chaque instant la tête. Le pauvre ne peut aller au fond de sa chambre comme au fond de sa destinée qu’en se courbant de plus en plus. Elle n’avait plus de lit, il lui restait une loque qu’elle appelait sa couverture, un matelas à terre et une chaise dépaillée. Un petit rosier qu’elle avait s’était desséché dans un coin, oublié. Dans l’autre coin, il y avait un pot à beurre à mettre l’eau, qui gelait l’hiver, et où les différents niveaux de l’eau restaient longtemps marqués par des cercles de glace. Elle avait perdu la honte, elle perdit la coquetterie. Dernier signe. Elle sortait avec des bonnets sales. Soit faute de temps, soit indifférence, elle ne raccommodait plus son linge. A mesure que les talons s’usaient, elle tirait ses bas dans ses souliers. Cela se voyait à de certains plis perpendiculaires. Elle rapiéçait son corset5, vieux et usé, avec des morceaux de calicot6 qui se déchiraient au moindre mouvement. Les gens auxquels elle devait7, lui faisaient « des scènes », et ne lui laissaient aucun repos. Elle les trouvait dans la rue, elle les retrouvait dans son escalier. Elle passait des nuits à pleurer et à songer. Elle avait les yeux très brillants et elle sentait une douleur fixe dans l’épaule, vers le haut de l’omoplate gauche. Elle toussait beaucoup. Elle haïssait profondément le père Madeleine8, et ne se plaignait pas. Elle cousait dix-sept heures par jour; mais un entrepreneur du travail des prisons, qui faisait travailler les prisonnières au rabais, fit tout à coup baisser les prix, ce qui réduisit la journée des ouvrières libres à neuf sous. Dix-sept heures de travail, et neuf sous par jour ! Ses créanciers étaient plus impitoyables que jamais. Le fripier, qui avait repris presque tous les meubles, lui disait sans cesse : Quand me payeras-tu coquine ? Que voulait-on d’elle, bon Dieu ! Elle se sentait traquée et il se développait en elle quelque chose de la bête farouche. Vers le même temps, le Thénardier lui écrivit que décidément il avait attendu avec beaucoup trop de bonté, et qu’il lui fallait cent francs, tout de suite; sinon qu’il mettrait à la porte la petite Cosette, toute convalescente de sa grande maladie, par le froid, par les chemins, et qu’elle deviendrait ce qu’elle pourrait, et qu’elle crèverait, si elle voulait.
— Cent francs, songea Fantine ! Mais où y a-t-il un état9 à gagner cent sous par jour ?
—  Allons ! dit-elle, vendons le reste. L’infortunée se fit fille publique10.

1.deux napoléons : pièces d’or.
2. Montfermeil : village où habitent les Thénardier avec Cosette.
3. cellule ; petite chambre.
4. galetas : logement misérable et sordide sous les toits.
5. corset : gaine lacée en tissu résistant, qui serre la taille et le ventre des femmes.
6. calicot : toile de coton assez grossière.
7. devait : devait de l’argent
8. père Madeleine : monsieur Madeleine, riche industriel, ancien employeur de Fantine qu’elle rend, à tort, responsable de la perte de son emploi précédent.
9. état : métier.
10. fille publique : prostituée.

 

Texte C - Pierre Perret, Lily, 1977.

[Pour cette chanson, Pierre Perret, chanteur et compositeur français, né en 1934, a obtenu le prix de la L.I.C.R.A. (Ligue contre le racisme et l’antisémitisme)].

On la trouvait plutôt jolie Lily
Elle arrivait des Somalies1 Lily
Dans un bateau plein d’émigrés
Qui venaient tous de leur plein gré
Vider les poubelles à Paris
Elle croyait qu’on était égaux Lily
Au pays de Voltaire et d’Hugo Lily
Mais pour Debussy2 en revanche
II faut deux noires pour une blanche
Ça fait un sacré distinguo
Elle aimait tant la liberté Lily
Elle rêvait de fraternité Lily
Un hôtelier rue Secrétan
Lui a précisé en arrivant
Qu’on ne recevait que des Blancs

Elle a déchargé des cageots Lily
Elle s’est tapé les sales boulots Lily
Elle crie pour vendre des choux-fleurs
Dans la rue ses frères de couleur
L’accompagnent au marteau-piqueur
Et quand on l’appelait Blanche-Neige Lily
Elle se laissait plus prendre au piège Lily
Elle trouvait ça très amusant
Même s’il fallait serrer les dents
Ils auraient été trop contents
Elle aima un beau blond frisé Lily
Qui était tout prêt à l’épouser Lily
Mais la belle-famille lui dit nous
Ne sommes pas racistes pour deux sous
Mais on veut pas de ça chez nous.

Elle a essayé l’Amérique Lily
Ce grand pays démocratique Lily
Elle aurait pas cru sans le voir
Que la couleur du désespoir
Là-bas aussi ce fût le noir
Mais dans un meeting à Memphis Lily
Elle a vu Angela Davis3 Lily
Qui lui dit viens ma petite sœur
En s’unissant on a moins peur
Des loups qui guettent le trappeur
Et c’est pour conjurer sa peur Lily
Qu’elle lève aussi un poing rageur Lily
Au milieu de tous ces gugus
Qui foutent le feu aux autobus
Interdits aux gens de couleur

Mais dans ton combat quotidien Lily
Tu connaîtras un type bien Lily
Et l’enfant qui naîtra un jour
Aura la couleur de l’amour
Contre laquelle on ne peut rien
On la trouvait plutôt jolie Lily
Elle arrivait des Somalies Lily
Dans un bateau plein d’émigrés
Qui venaient tous de leur plein gré
Vider les poubelles à Paris.

1. pays d’Afrique de l’Est.
2. Claude Debussy (1862-1918) : musicien et compositeur français.
3. Angela Davis : symbole de la lutte des Noirs et des femmes, pour leur émancipation, dans les années 70.

 

I. Vous répondrez d'abord aux questions suivantes (6 points)

  1. Dans les textes A, B, C, que dénonce chaque auteur à travers les trois personnages féminins? Justifiez votre réponse. (3 points)
    La réponse à cette question doit être rédigée mais brève, de l'ordre d'une demi-page ou d'une page, au maximum.
  2. Dans ces mêmes textes, montrez les différences de réaction de ces trois femmes face à l'adversité. Justifiez votre réponse. (3 points)
    La réponse à cette question doit être rédigée mais brève, de l'ordre d'une demi-page ou d'une page, au maximum.

II. Vous traiterez un de ces sujets au choix (14 points):

  • Commentaire
    Vous commenterez le texte de Victor Hugo (texte B) de "Fantine jeta son miroir par la fenêtre"
    () à la fin du texte, à partir du parcours de lecture suivant :
    - Comment Hugo montre-t-il que la société pousse inévitablement Fantine à la prostitution ?
    - Quel effet produit sur le lecteur la description des différentes étapes de la déchéance matérielle, physique et morale de Fantine ?
  • Dissertation
    Pensez-vous qu'il est plus efficace de défendre une cause ou de dénoncer une injustice à travers un personnage inventé, comme le font Victor Hugo et les autres auteurs du corpus ?
    Vous répondrez dans un développement argumenté, en vous appuyant sur les textes du corpus, les œuvres étudiées en classe ou lues personnellement, ainsi que, éventuellement, sur des exemples empruntés à d'autres formes d'art, y compris le cinéma.
  • Invention
    Lily, un an après son installation à Paris, écrit à sa famille restée en Somalie. Elle dénonce l'intolérance et le racisme dont elle est la victime.
    Vous rédigerez cette lettre en tenant compte des situations évoquées dans le texte de Pierre Perret et en développant l'argumentation de Lily.

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CENTRES ÉTRANGERS
SÉRIE L

 

Objet d'étude : Théâtre, texte et représentation.
Textes : 
Texte A - Marivaux : Les Fausses confidences (1737), acte II, scène 13
Texte B - Victor Hugo : Ruy Blas (1838), acte II, scène 2
Texte C - Edmond Rostand : Cyrano de Bergerac (1897), acte V, scène 5.

 

Texte A - Marivaux : Les Fausses confidences (1737), acte II, scène 13.

[Araminte met à l'épreuve son jeune intendant, Dorante, dont elle sait qu'il est amoureux d'elle et qui, suivant les conseils de son valet Dubois, ne lui a pas avoué son amour.]

ARAMINTE. — [...] toute réflexion faite, je suis déterminée à épouser le Comte.
DORANTE, d'un ton ému. Déterminée, Madame !
ARAMINTE. Oui, tout à fait résolue. Le Comte croira que vous y avez contribué je le lui dirai même, et je vous garantis que vous resterez ici; je vous le promets. (A part.) Il change de couleur.
DORANTE. Quelle différence pour moi, Madame !
ARAMINTE, d'un air délibéré. Il n'y en aura aucune, ne vous embarrassez pas, et écrivez le billet que je vais vous dicter; il y a tout ce qu'il faut sur cette table.
DORANTE. Eh ! pour qui, Madame ?
ARAMINTE. Pour le Comte, qui est sorti d'ici extrêmement inquiet, et que je vais surprendre bien agréablement, par le petit mot que vous allez lui écrire en mon nom. (Dorante reste rêveur, et par distraction ne va point à la table.) Eh bien, vous n'allez pas à la table ? à quoi rêvez-vous ?
DORANTE, toujours distrait. Oui, Madame.
ARAMINTE, à part, pendant qu'il se place. Il ne sait ce qu'il fait. Voyons si cela continuera.
DORANTE à part, cherchant du papier. Ah ! Dubois m'a trompé !
ARAMINTE poursuit. — Êtes-vous prêt à écrire ?
DORANTE. Madame, je ne trouve point de papier.
ARAMINTE allant elle-même. Vous n'en trouvez point ! En voilà devant vous.
DORANTE. Il est vrai.
ARAMINTE. — Écrivez. « Hâtez-vous de venir, Monsieur; votre mariage est sûr...» Avez-vous écrit ? ...
DORANTE. Comment, Madame ?
ARAMINTE. Vous ne m'écoutez donc pas ? « Votre mariage est sûr; Madame veut que je vous l'écrive, et vous attend pour vous le dire.» (A part.) Il souffre, mais il ne dit mot. Est-ce qu'il ne parlera pas ? « N'attribuez point cette résolution à la crainte que Madame pourrait avoir des suites d'un procès douteux.»
DORANTE. Je vous ai assuré que vous le gagneriez, Madame. Douteux ! il ne l'est point.
ARAMINTE. N'importe, achevez. « Non, Monsieur, je suis chargé de sa part de vous assurer que la seule justice qu'elle rend à votre mérite la détermine.»
DORANTE, à part.  Ciel ! je suis perdu. (Haut.) Mais, Madame, vous n'aviez aucune inclination pour lui.
ARAMINTE. Achevez, vous dis-je... « Qu'elle rend à votre mérite la détermine...» Je crois que la main vous tremble ! Vous paraissez changé. Qu'est-ce que cela signifie ? Vous trouvez-vous mal ?
DORANTE. Je ne me trouve pas bien, Madame.
ARAMINTE. Quoi ! Si subitement ! Cela est singulier. Pliez la lettre, et mettez: « À Monsieur le comte de Dorimont.» Vous direz à Dubois qu'il la lui porte. (A part.) Le cœur me bat ! (A Dorante.) Voilà qui est écrit tout de travers ! Cette adresse-là n'est presque pas lisible. (A part.) Il n'y a pas encore là de quoi le convaincre.
DORANTE, à part. Ne serait-ce point aussi pour m'éprouver ? Dubois ne m'a averti de rien.

 

Texte B - Victor Hugo : Ruy Blas (1838), acte II, scène 2.

[La reine d'Espagne, dont le mari passe de longues journées à la chasse, est seule, inquiète de la haine que lui porte Don Salluste, un noble qu'elle a écarté de la Cour, et émue par les billets que lui dépose chaque soir un inconnu, Ruy Blas.]

LA REINE :
[...] Qui que tu sois, ô jeune homme inconnu
Toi qui, me voyant seule et loin de ce qui m'aime,
Sans rien me demander, sans rien espérer même,
Viens à moi, sans compter les périls où tu cours;
Toi qui verses ton sang, toi qui risques tes jours
Pour donner une fleur à la reine d'Espagne;
Qui que tu sois, ami dont l'ombre m'accompagne,
Puisque mon cœur subit une inflexible loi,
Sois aimé par ta mère et sois béni par moi !
(Vivement et portant la main à son cœur.)
—  Oh ! Sa lettre me brûle !
Retombant dans sa rêverie.
                                   Et l'autre ! L'implacable
Don Salluste ! Le sort me protège et m'accable.
En même temps qu'un ange, un spectre affreux me suit;
—  Et, sans les voir, je sens s'agiter dans ma nuit,
Pour m'amener peut-être à quelque instant suprême,
Un homme qui me hait près d'un homme qui m'aime.
L'un me sauvera-t-il de l'autre ? Je ne sais.
Hélas ! Mon destin flotte à deux vents opposés.
Que c'est faible, une reine, et que c'est peu de chose !
Prions.
(Elle s'agenouille devant la madone.)
             – Secourez-moi, madame ! Car je n'ose
Élever mon regard jusqu'à vous !
(Elle s'interrompt.)
                                              
– Ô mon Dieu !
La dentelle, la fleur, la lettre, c'est du feu !
(Elle met la main dans sa poitrine et en arrache une lettre froissée, un bouquet desséché de petites fleurs bleues et un morceau de dentelle taché de sang qu'elle jette sur la table; puis elle retombe à genoux.)
Vierge, astre de la mer ! Vierge, espoir du martyre !
—  Aidez-moi ! –
(S'interrompant.)
                  
Cette lettre !
(Se tournant à demi vers la table.)
                                      
Elle est là qui m'attire.
(S'agenouillant de nouveau.)
Je ne veux plus la lire ! – ô reine de douceur !
Vous qu'à tout affligé Jésus donne pour sœur !
Venez, je vous appelle ! –
(Elle se lève, fait quelques pas vers la table, puis s'arrête, puis enfin se précipite sur la lettre, comme cédant à une attraction irrésistible.)
                                    
Oui, je vais la relire
Une dernière fois ! Après, je la déchire !
(Avec un sourire triste.)
Hélas ! Depuis un mois je dis toujours cela.
(Elle déplie la lettre résolument et lit).
« Madame, sous vos pieds, dans l'ombre, un homme est là
« Qui vous aime, perdu dans la nuit qui le voile;
« Qui souffre, ver de terre amoureux d'une étoile;
« Qui pour vous donnera son âme, s'il le faut;
 — « Et qui se meurt en bas quand vous brillez en haut.»
(Elle pose la lettre sur la table.)
Quand l'âme a soif, il faut qu'elle se désaltère,
Fût-ce dans du poison !
(Elle remet la lettre et la dentelle dans sa poitrine.)
                              
Je n'ai rien sur la terre.
Mais enfin il faut bien que j'aime quelqu'un, moi !
Oh ! s'il avait voulu, j'aurais aimé le roi.
Mais il me laisse ainsi – seule – d'amour privée.
(La grande porte s'ouvre à deux battants. Entre un huissier de chambre, en grand costume.)
L'HUISSIER, à haute voix
—  Une lettre du roi !
LA REINE, comme réveillée en sursaut, avec un cri de joie.
                              Du roi ! je suis sauvée !

[L'huissier apporte un bref billet que le roi a dicté pour son épouse à Ruy Blas, dans lequel il dit qu'il a tué six loups : déception cruelle de la reine, qui espérait un mot de tendresse.]

 

Texte C - Edmond Rostand : Cyrano de Bergerac (1897), acte V, scène 5.

[Cyrano, près de mourir et depuis toujours amoureux, vient rendre visite à Roxane, dont le jeune époux Christian est mort il y a des années à la guerre après lui avoir écrit une lettre bouleversante.]

ROXANE, debout près de lui :
Chacun de nous a sa blessure : j'ai la mienne.
Toujours vive, elle est là, cette blessure ancienne,
(Elle met la main sur sa poitrine.)
Elle est là, sous la lettre au papier jaunissant
Où l'on peut voir encor des larmes et du sang !
(Le crépuscule commence à venir.)
CYRANO :
Sa lettre !... N'aviez-vous pas dit qu'un jour, peut-être,
Vous me la feriez lire ?
ROXANE :
                            Ah ! vous voulez ?... Sa lettre ?
CYRANO :
Oui... Je veux... Aujourd'hui...
ROXANE, lui donnant le sachet pendu à son cou :
                                      Tenez !
CYRANO, le prenant :
                                              Je peux ouvrir ?
ROXANE :
Ouvrez... lisez !...
(Elle revient à son métier, le replie, range ses laines.)
CYRANO, lisant :
                         « Roxane, adieu, je vais mourir !...»
ROXANE, s'arrêtant, étonnée :
Tout haut ?
CYRANO, lisant :
              « C'est pour ce soir, je crois, ma bien-aimée !
« J'ai l'âme lourde encor d'amour inexprimée,
« Et je meurs ! jamais plus, jamais mes yeux grisés,
« Mes regards dont c'était...»
ROXANE :
                                         Comme vous la lisez,
Sa lettre !
CYRANO, continuant :
               «...dont c'était les frémissantes fêtes,
« Ne baiseront au vol les gestes que vous faites.
« J'en revois un petit qui vous est familier
« Pour toucher votre front, et je voudrais crier...»
ROXANE, troublée :
Comme vous la lisez, — cette lettre !
(La nuit vient insensiblement.)
CYRANO :
                                                   « Et je crie
« Adieu !...»
ROXANE :
               Vous la lisez...
CYRANO :
                                       « Ma chère, ma chérie,
« Mon trésor...»
ROXANE, rêveuse :
                 D'une voix...
CYRANO :
                                 « Mon amour...»
ROXANE :
                                                        D'une voix...
(Elle tressaille.)
Mais... que je n'entends pas pour la première fois !
(Elle s'approche tout doucement, sans qu'il s'en aperçoive, passe derrière le fauteuil se penche sans bruit, regarde la lettre. — L'ombre augmente.)
CYRANO :
« Mon cœur ne vous quitta jamais une seconde,
« Et je suis et serai jusque dans l'autre monde
« Celui qui vous aima sans mesure, celui...»
ROXANE, lui posant la main sur l'épaule :
Comment pouvez-vous lire à présent ? Il fait nuit.
(Il tressaille, se retourne, la voit là tout près, fait un geste d'effroi, baisse la tête. Un long silence. Puis, dans l'ombre complètement venue, elle dit avec lenteur, joignant les mains.)
Et pendant quatorze ans, il a joué ce rôle
D'être le vieil ami qui vient pour être drôle !
CYRANO :
Roxane !
ROXANE :
             C'était vous.
CYRANO :
                             Non, non, Roxane, non !
ROXANE :
J'aurais dû deviner quand il disait mon nom !
CYRANO :
Non ! ce n'était pas moi !
ROXANE :
                                  C'était vous !
CYRANO :
                                                     Je vous jure...
ROXANE :
J'aperçois toute la généreuse imposture
Les lettres, c'était vous...

 

I. QUESTION (4 points).

Montrez que la lettre joue dans chacune de ces scènes un rôle dramatique essentiel.

II. ÉCRITURE (16 points).

  • Commentaire
    Vous ferez le commentaire du texte de Marivaux (texte A).
  • Dissertation
    En réfléchissant aux fonctions de la lettre dans ces différentes scènes, vous vous demanderez sur quels éléments scénographiques ou autres peut reposer au théâtre la progression dramatique.
  • Invention
    Imaginez le monologue dans lequel la Reine d'Espagne a la tentation de répondre à l'inconnu; cette scène de théâtre sera rédigée en prose et devra inclure des extraits de la lettre ébauchée.

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CENTRES ÉTRANGERS
SÉRIE ES /S

 

Objet d'étude : Convaincre, persuader et délibérer.
Textes : 
Texte A - PASCAL
, Pensées (1670)
Texte B - LA FONTAINE, Fables (1693), "Le Philosophe scythe"
Texte C - VOLTAIRE
, Le Mondain (1736)
Texte D - ROUSSEAU
, Rêveries du Promeneur solitaire (1776-1778), "Cinquième Promenade".

 

Texte A - PASCAL, Pensées (1670)

  Tous les hommes recherchent d'être heureux. Cela est sans exception, quelques différents moyens qu'ils y emploient. Ils tendent tous à ce but. Ce qui fait que les uns vont à la guerre et que les autres n'y vont pas est ce même désir qui est dans tous les deux, accompagné de différentes vues. La volonté [ne] fait jamais la moindre démarche que vers cet objet. C'est le motif de toutes les actions de tous les hommes. Jusqu'à ceux qui vont se pendre.
  Et cependant depuis un si grand nombre d'années jamais personne, sans la foi, n'est arrivé à ce point où tous visent continuellement. Tous se plaignent, princes, sujets, nobles, roturiers, vieux, jeunes, forts, faibles, savants, ignorants, sains, malades, de tous pays, de tous les temps, de tous âges et de toutes conditions. [...]
  Qu'est-ce donc que nous crie cette avidité et cette impuissance, sinon qu'il y a eu autrefois dans l'homme un véritable bonheur, dont il ne lui reste maintenant que la marque et la trace toute vide, et qu'il essaie inutilement de remplir de tout ce qui l'environne, recherchant des choses absentes le secours qu'il n'obtient pas des présentes, mais qui en sont toutes incapables, parce que ce gouffre infini ne peut être rempli que par un objet infini et immuable, c'est-à-dire que par Dieu même.

 

Texte B - LA FONTAINE, Fables (1693), "Le Philosophe scythe"

Un Philosophe austère, et né dans la Scythie1,
Se proposant de suivre une plus douce vie,
Voyagea chez les Grecs, et vit en certains lieux
Un sage assez semblable au vieillard de Virgile2,
Homme égalant les Rois, homme approchant des Dieux,
Et, comme ces derniers, satisfait et tranquille.
Son bonheur consistait aux beautés d'un Jardin.
Le Scythe l'y trouva qui, la serpe à la main,
De ses arbres à fruit retranchait l'inutile,
Ébranchait, émondait, ôtait ceci, cela,
      Corrigeant partout la Nature,
Excessive à payer ses soins avec usure.
      Le Scythe alors lui demanda :
« Pourquoi cette ruine : Était-il d'homme sage
De mutiler ainsi ces pauvres habitants ?
Quittez-moi votre serpe, instrument de dommage;
      Laissez agir la faux du Temps :
Ils iront assez tôt border le noir rivage3.
—  J'ôte le superflu, dit l'autre, et l'abattant,
      Le reste en profite d'autant.»
Le Scythe, retourné dans sa triste demeure,
Prend la serpe à son tour, coupe et taille à toute heure;
Conseille à ses voisins, prescrit à ses amis
      Un universel abatis4.
Il ôte de chez lui les branches les plus belles,
Il tronque son Verger contre toute raison,
      Sans observer temps ni saison,
      Lunes ni vieilles ni nouvelles .
Tout languit et tout meurt. Ce Scythe exprime bien
      Un indiscret5 Stoïcien6 :
      Celui-ci retranche de l'âme
Désirs et passions, le bon et le mauvais,
      Jusqu'aux plus innocents souhaits.
Contre de telles gens, quant à moi, je réclame.
Ils ôtent à nos cœurs le principal ressort;
Ils font cesser de vivre avant que l'on soit mort.

1. Scythie : pays réputé rude au nord de la mer Noire.
2. le vieillard de Virgile : personnage qui cultive son jardin avec bonheur dans les Géorgiques de Virgile, poète latin.
3. il iront aussitôt border le noir rivage : ils mourront bientôt.
4. abatis : abattage.
5. indiscret : qui manque de bon sens.
6. stoïcien : adepte du stoïcisme, philosophie qui préconise l'absence des passions et l'indifférence à tout ce qui affecte la sensibilité.

 

Texte C - VOLTAIRE, Le Mondain1 (1736)

Regrettera qui veut le bon vieux temps
Et l'âge d'or2, et le règne d'Astrée2,
Et les beaux jours de Saturne et de Rhée2,
Et le jardin de nos premiers parents;
Moi je rends grâce à la nature sage
Qui, pour mon bien, m'a fait naître en cet âge
Tant décrié par nos pauvres docteurs3 :
Ce temps profane est tout fait pour mes mœurs.
J'aime le luxe, et même la mollesse,
Tous les plaisirs, les arts de toute espèce,
La propreté, le goût, les ornements :
Tout honnête homme a de tels sentiments.
Il est bien doux pour mon cœur très immonde
De voir ici l'abondance à la ronde,
Mère des arts et des heureux travaux,
Nous apporter, de sa source féconde,
Et des besoins et des plaisirs nouveaux.
L'or de la terre et les trésors de l'onde,
Leurs habitants et les peuples de l'air,
Tout sert au luxe, aux plaisirs de ce monde.
Oh ! le bon temps que ce siècle de fer !
Le superflu, chose très nécessaire,
A réuni l'un et l'autre hémisphère.
Voyez-vous pas ces agiles vaisseaux
Qui du Texel4, de Londres, de Bordeaux,
S'en vont chercher, par un heureux échange,
Ces nouveaux biens, nés aux sources du Gange,
Tandis qu'au loin, vainqueurs des musulmans,
Nos vins de France enivrent les sultans !
Quand la nature était dans son enfance,
Nos bons aïeux vivaient dans l'ignorance,
Ne connaissant ni le tien ni le mien.
Qu'auraient-ils pu connaître ? ils n'avaient rien; [...]

1. "mondain" : au XVIII° siècle, désigne celui qui vit dans son siècle et non pas retiré du monde.
2. "âge d'or, Astrée, Saturne, Rhée" : dans la mythologie, divinités de l'âge d'or; ce dernier désigne l'époque heureuse des débuts de l'humanité, par opposition aux époques suivantes qui marquent une dégradation (âge d'argent, d'airain, de fer.
3. "nos pauvres docteurs" : nos savants, nos érudits.
4. "Texel" : île de Hollande.

 

Texte D - ROUSSEAU, Rêveries du Promeneur solitaire (1776-1778), "Cinquième Promenade".

  De toutes les habitations où j'ai demeuré (et j'en ai eu de charmantes), aucune ne m'a rendu si véritablement heureux et ne m'a laissé de si tendres regrets que l'île de Saint-Pierre au milieu du lac de Bienne. Cette petite île qu'on appelle à Neuchâtel l'île de La Motte est bien peu connue, même en Suisse. Aucun voyageur, que je sache, n'en fait mention. Cependant elle est très agréable et singulièrement située pour le bonheur d'un homme qui aime à se circonscrire1; [...]
  Les rives du lac de Bienne sont plus sauvages et romantiques que celles du lac de Genève, parce que les rochers et les bois y bordent l'eau de plus près, mais elles ne sont pas moins riantes. S'il y a moins de culture de champs et de vignes, moins de villes et de maisons, il y aussi plus de verdure naturelle, plus de prairies, d'asiles ombragés de bocages, des contrastes plus fréquents et des accidents2 plus rapprochés. Comme il n'y a pas sur ces heureux bords de grandes routes commodes pour les voitures, le pays est peu fréquenté par les voyageurs, mais il est intéressant pour des contemplatifs solitaires qui aiment à s'enivrer à loisir des charmes de la nature, et à se recueillir dans un silence que ne trouble aucun autre bruit que le cri des aigles, le ramage entrecoupé de quelques oiseaux, et le roulement des torrents qui tombent de la montagne ! [...]
  On ne m'a laissé passer guère que deux mois dans cette île, mais j'y aurais passé deux ans, deux siècles et toute l'éternité sans m'y ennuyer un moment, quoique je n'y eusse, avec ma compagne, d'autre société que celle du receveur, de sa femme et de ses domestiques, qui tous étaient à la vérité de très bonnes gens et rien de plus, mais c'était précisément ce qu'il me fallait. Je compte ces deux mois pour le temps le plus heureux de ma vie et tellement heureux qu'il m'eût suffi durant toute mon existence sans laisser naître un seul instant dans mon âme le désir d'un autre état.

1. se circonscrire : se limiter.
2. accidents : mouvements, déformations de terrain.

 

I. QUESTION (4 points) :

De quoi chacun des auteurs fait-il dépendre le bonheur ? Nommez et interprétez pour chaque texte un procédé différent au service de l'argumentation

II. ÉCRITURE (16 points) :

  • Commentaire
    Vous commenterez le texte de Voltaire (texte C).
  • Dissertation
    Lorsqu'on aborde des notions abstraites ou morales, quelles stratégies vous semblent les plus efficaces pour emporter l'adhésion du lecteur ?
    Vous répondrez à cette question en un développement composé, en prenant appui sur les textes du corpus, sur ceux que vous avez étudiés en classe et sur vos lectures personnelles.
  • Invention
    Vous composerez un dialogue argumentatif dans lequel deux interlocuteurs défendent leur conception du bonheur. Vous veillerez à ce que chaque interlocuteur prenne en compte tour à tour les arguments de l'autre.

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