PRÉPAS SCIENTIFIQUES
LA DISSERTATION
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A l'écrit des concours, figure toujours
une dissertation. En prépa scientifique,
celle-ci consiste à traiter un sujet lié
au programme annuel en s'appuyant
obligatoirement sur les trois œuvres au
programme. Il s'agit donc d'une
dissertation comparatiste, et c'est dans
cet aspect qu'elle trouve sa spécificité —
et sa difficulté. Dans les quatre heures
qui lui sont imparties, le candidat devra
mobiliser ses connaissances sur les trois
œuvres de manière à utiliser les exemples
qui lui permettront d'illustrer
pertinemment sa réflexion. Le correcteur
saura distinguer le traitement personnel
du sujet d'un simple exposé où le candidat
tente de placer des développements tout
préparés. C'est dire que se justifie ici
le travail de l'année, dans la perspective
d'une épreuve affectée d'un lourd
coefficient (notamment au concours
d'entrée à Centrale).
Quant à l'organisation, la
dissertation comparatiste n'échappe pas
aux plans traditionnels, qu'on peut
ramener à quatre :
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le
plan dialectique
vous demande d'examiner un jugement, d'en montrer les
limites voire de le réfuter ( voir
ce mot) avant d'énoncer une position
personnelle. C'est le fameux plan
"thèse/antithèse/synthèse". On sait devoir s'orienter
vers ce type de plan grâce à la tonalité assertive
voire polémique de la citation proposée, d'autant plus
que les questions posées dans le libellé ("Pensez-vous
que...", "Dans quelle mesure peut-on dire
que...", "Partagez-vous ce point de vue" etc.)
sont sans ambiguïté. Il vous faudra confronter les
thèses avant d'exprimer dans une troisième partie un
avis personnel formulé objectivement à la première
personne du pluriel. Ce plan répond bien à l'esprit de
l'épreuve des Prépas scientifiques qui vise à éprouver
le jugement personnel et à l'étayer par une
connaissance précise des œuvres du programme.
Si le plan dialectique canonique est un plan en trois
parties, les jurys préfèrent deux parties solidement
charpentées à des troisièmes parties répétitives ou
privées de justification. On aura intérêt pour cela à
réfléchir à ce qu'est une véritable synthèse
ou à envisager parfois un plan
concessif, aux ambitions plus
réduites, mais qui présente l'avantage, en deux
parties, de développer un raisonnement cohérent.
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le plan thématique
s'apparente au contraire à l'exposé. Il ne vous
demande pas de discuter une thèse mais plutôt de
l'étayer ( voir
ce mot), c'est-à-dire de fournir un certain
nombre d'arguments organisés capables de valider, au
moins partiellement, l'opinion qu'on vous a soumise ou
de répondre à la question qu'on vous a posée. On
reconnaît ce type de plan au libellé du sujet : ce
peut être une question ( "Qu'est-ce qu'un grand
roman ?"; "Qu'est-ce qu'une œuvre engagée
?") ou une invitation à vérifier une
affirmation ( "En quoi a-t-on raison d'affirmer
que...", "Montrez, commentez ou justifiez
ceci...").
Attention, ce plan doit néanmoins inclure une pesée
critique des termes et des notions convoqués par la
citation-sujet, à l'intérieur des parties du
développement.
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le
plan analytique ,
voisin du précédent, se propose d'examiner une notion
en en envisageant les causes, les manifestations qui
en découlent avant de proposer d'éventuelles
solutions. Pour ces raisons, il est moins familier de
la dissertation littéraire, dans laquelle néanmoins on
peut rencontrer des libellés qui y invitent.
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le
plan comparatif
vous amène à établir un parallèle constant entre
deux notions. Ce plan pourra les examiner
successivement dans les deux premières parties avant
d'élaborer une synthèse personnelle qui essaiera
d'établir leurs points majeurs de ressemblance ou de
discordance et de proposer un dépassement. Ce type
de plan reste très marginal dans le cadre de notre
épreuve, voire même dangereux si l'on s'avise
malencontreusement de comparer les œuvres au
programme en consacrant une partie à chacune d'elles
!
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Du
bon usage des citations :
Un dictionnaire de citations peut rappeler
ce que Paul
Valéry disait de la culture «
adultérée » à quoi conduisent les examens :
un choix expédient de formules à appliquer
quels que soient les contextes, et dans le
but servile de complaire à un correcteur,
n'a rien à voir en effet avec la vraie
culture, ni même avec les conditions
capables d'amener à une dissertation
satisfaisante. Aussi n'est-ce pas dans cet
esprit que doivent s'insérer des citations
dans votre devoir, qu'elles proviennent de
votre lecture des œuvres au programme ou de
votre cours. Il ne s'agit en aucun cas de se
livrer au psittacisme, mais plutôt
d'assortir votre réflexion de passages
judicieusement choisis, qui témoignent d'une
lecture sérieuse et personnelle des œuvres,
sans pour autant manifester une connaissance
littérale acquise par cœur. A ce titre, ces
extraits cités pourraient aussi bien n'être
restés dans votre mémoire que par leur esprit.
C'est ce qu'Émile Faguet, en
s'inspirant de l'expérience de Montaigne, a
appelé l'innutrition.
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